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Rétrospective de l’œuvre de l’artiste Ahmed Al Barrak

Un an après le décès du plasticien Ahmed Al Barrak, Medina Art Gallery de Tanger lui dédie une grande exposition de ses œuvres, accompagnée du beau livre «Ahmed Al Barrak, le peintre de la mémoire», en hommage à tout ce qu’il a pu donner à l’univers des arts plastiques, en tant qu’artiste innovateur et pédagogue assidu. Le vernissage a eu lieu le 10 janvier, jour de son décès en 2020.

Rétrospective de l’œuvre de l’artiste Ahmed Al Barrak
Œuvre d’Ahmed Al Barrak.

Le public de la ville du Détroit pourra apprécier les créations du regretté Ahmed Al Barrak jusqu’au 10 février, afin de découvrir, pour certains qui ne l’ont pas connu, la rétrospective retraçant les diverses facettes de son œuvre. Sachant le défunt n’a pas eu de son vivant la reconnaissance qu’il méritait. Peut-être parce qu’il était loin de l’axe Casa-Rabat ou du fait qu’il était partagé entre sa fonction d’éducateur et d’artiste ? Toujours est-il qu’Ahmed 
Al Barrak a laissé une œuvre très recherchée dans la mémoire du passé, dont les traces furent ses sujets de prédilection. «Une œuvre hantée par la quête de la mémoire, d’empreintes, de signes, de traces… et du temps qui passe. À coup de traits, maîtrisés ou gestuels, de tons, tantôt sombres, tantôt chatoyants, Ahmed Al Barrak voile et dévoile l’archéologie d’un infini palimpseste». Lui-même disait à propos de sa démarche qu’il se laissait guider par son instinct, son goût, sa culture, son état d’âme du moment. «Les couleurs posées en appellent d’autres, je couvre, je gratte, je trace des lignes en de larges mouvements de brosses ou de couteaux, je les laisse se répandre et appeler d’autres lignes s’il le faut. J’ouvre, je ferme, j’enserre et libère, faisant jaillir par moments de la profondeur, grâce aux nombreuses superpositions de tons que j’affectionne et utilise systématiquement». Et d’ajouter que «lorsque des formes apparaissent, par jeu ou par insatisfaction au lieu de les effacer ou de les recouvrir entièrement, je les dissimule en partie ou les barre à coups de hachures tracées énergiquement en des gestes larges… Les glacis colorés que j’appose au final contribuent par un jeu de transparences à donner naissance à des effets de lumière toujours présents dans mes toiles, imprégné que je suis par la lumière du Détroit».
Le professeur, chercheur et écrivain Mohamed Métalsi indique que la toile de l’artiste Al Barrak est un réceptacle des formes conscientes ou inconscientes cumulées ou incorporées d’une esthétique plongée dans la longue durée. Elle est, aussi, un lieu où les signes de l’art ornemental arabo-musulman et berbère demeurent le modèle primordial, la matrice initiale. «Il part de l’abstraction originelle, expression normative d’un art légal et du rapport du peintre aux nécessités sociales, c’est-à-dire du licite et de l’illicite, pour aboutir à une œuvre plastique réfléchie, déduite de l’essence même de l’art», ajoute-t-il. Ainsi, outre la diversité culturelle dans laquelle baignait Al Barrak, conciliant tradition et modernité, conservatisme et ouverture sur l’ailleurs, comme le souligne le journaliste et écrivain, Mohamed Ameskane, «sa peinture à réfléchir au passé et au présent d’une culture vivante, qui perturbe le banal et le transfigure. Arabesques ou autres structures décoratives sont prétextes pour mieux altérer les codes hérités. L’artiste retient le blanc des murs comme fond pour ses peintures : page blanche exempte de tout tracé, où mieux inscrire, furtivement, la rigueur des orthogonales, la tension entre le structuré et l’informe, l’ordre et le chaos. Quand se croisent les verticales et les horizontales se créent l’effervescence et le trouble. Les inscriptions initiales fusionnent avec le magma informel. Leur lisibilité, s’estompe : toute la peinture gagne en légèreté et la transparence des lavis valorise des surfaces translucides de très haute sensibilité», explique Khalil M’Rabet, professeur émérite en Arts plastiques et sciences de l’art à Aix-Marseille université. 


 Biographie

Passionné par les arts et les lettres depuis sa jeunesse, l’artiste-peintre, professeur, photographe et blogueur Ahmed Al Barrak a pu intégrer, dans son cursus artistique, la branche des Arts appliqués à Casablanca, puis le Centre pédagogique régional de Rabat d’où il sort diplômé en 1975. Il a, ainsi, mené sa fonction d’enseignant avec beaucoup d’énergie et de passion, tout en dédiant son temps libre à la création artistique, à l’organisation et à la participation aux diverses activités culturelles. Décédé, après 45 ans de créativité, Ahmed Al Barrak a laissé derrière lui une œuvre très riche et diversifiée qui mérite plus d’attention de la part des professionnels.

 

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