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Risques climatiques, protection du consommateur, structure de défaisance... Les gros chantiers de Bank Al-Maghrib

La Banque centrale est sur plusieurs fronts. Mais l’objectif est un : consolider la performance et la résilience de l’écosystème bancaire dans un contexte national et international marqué par la montée de risques de différentes natures. Ainsi, pour faire face aux risques climatiques, BAM a finalisé son projet de directive dédiée et prépare avec la Banque mondiale une cartographie nationale de ces risques qui sera fin prête d’ici 2 ans. Quant aux créances en souffrance, l’Institut d’émission enclenchera en septembre prochain les premières réunions interministérielles autour de la mise en place d’un marché alternatif. Pour la protection du consommateur, un comparateur des tarifs des services bancaires sera mis en place avant la fin de l’année.

Risques climatiques, protection du consommateur, structure  de défaisance... Les gros chantiers de Bank Al-Maghrib
Selon BAM, les changements climatiques comportent des risques indéniables pour l’activité financière et économique nationale.

Bank Al-Maghrib (BAM) entend accélérer le chantier d’immunisation de l’écosystème financier face à la montée des risques liés au changement climatique. L’Institut d’émission a ainsi finalisé et adopté en début d’année le projet de Directive sur les risques financiers climatiques et environnementaux (www.lematin.ma). Selon les premières indiscrétions autour de ce projet, l’écosystème bancaire aura l’obligation d’intégrer dans ses stratégies, sa politique de gestion des risques et dans sa gouvernance la composante «risques climatiques». «Face à ces risques, le système bancaire aura à inclure les préoccupations liées au changement climatique dans sa gestion et sa stratégie. Ce qui devrait permettre une meilleure couverture de ces risques. La directive que nous avons préparée constitue d’ailleurs une réponse de la Banque centrale aux attentes insistantes des banques par rapport à ce sujet», indique Hiba Zahoui, directrice de la Supervision bancaire chez BAM, lors d’un point de presse dédié à la présentation du rapport 2020 sur la supervision bancaire, le 27 juillet à Casablanca. 

Parallèlement à ce projet, BAM mène actuellement une étude en partenariat avec la Banque mondiale. La consultation devrait aboutir d’ici deux ans, si tout va bien, à l’élaboration d’une cartographie des risques climatiques au Maroc. Aux yeux de Zahoui, il s’agit d’un chantier colossal eu égard à sa complexité. Son explication : «La préparation de cette cartographie est déterminante dans le processus du verdissement de l’écosystème financier national. Mais son élaboration prendra du temps puisqu’il va falloir collecter des données très précises sur les risques par secteur d’activité, par sous branche d’activité et par zone géographique». Selon BAM, les changements climatiques comportent des risques indéniables pour l’activité financière et économique nationale. L’écosystème financier se trouve ainsi confronté à 2 catégories de risques : physiques en raison des dommages causés aux biens et aux infrastructures, et de transition, attribuables aux changements de comportements des agents économiques.

Structure de défaisance : la commission interministérielle se réunira en septembre
Le projet de mise en place d’une structure de défaisance relative aux créances en souffrance des banques prendra encore du temps. Selon la directrice de la supervision bancaire, l’institution de ce marché alternatif n’est pas une mission facile puisque cela suppose des aménagements juridiques, institutionnels et fiscaux profonds. Ainsi, une commission interministérielle chargée de ce dossier a été constituée. Celle-ci regroupe la Banque centrale, les départements des Finances et de la Justice et le Secrétariat général du gouvernement. Selon Zahoui, la commission devra entamer ses premières réunions autour de ce projet en septembre prochain. L’objectif étant donc d’examiner les ajustements juridiques et fiscaux à opérer pour l’institution de la future structure de défaisance. Pour un meilleur fonctionnement de ce marché alternatif, le défi serait, selon Madame Supervision Bancaire, la qualité de l’information à fournir par les banques et la performance des structures de recouvrement.
Pour rappel, une structure de défaisance est une entité juridique chargée de recueillir et gérer des actifs de mauvaise qualité cédés par une institution qui cherche ainsi à améliorer son bilan. À noter que les  créances en souffrance ont augmenté de 13,9% en 2020, pour s’établir à 79,7 milliards de dirhams. Il en résulte un taux de sinistralité en hausse de 0,7 point à 8,2% fin 2020. Par niveau de risque, les créances pré-douteuses ont enregistré une hausse significative de 40,2% à 6 milliards de dirhams et les créances douteuses de 1,7% à 8,6 milliards. Les créances compromises ont marqué, quant à elles, une montée de 13,8% à 65,1 milliards de dirhams. Par conséquent, la part des créances pré-douteuses a augmenté d’un point à 7% et celles des créances douteuses a baissé d’un point à 11%. La quote-part des créances compromises est restée stable à 82% d’une année à l’autre. Sur base consolidée, les créances en souffrance sur la clientèle des 11 groupes bancaires totalisent 117 milliards de dirhams, soit une hausse de 15,9% par rapport à fin 2019. Le taux de risque a, de ce fait, augmenté d’un point à 9,5%.
   
Services bancaires : un comparateur des tarifs dans le pipe
C’est une initiative qui viendra enrichir l’écosystème de protection du consommateur. La Banque centrale est en effet sur un projet de comparateur des tarifs des services bancaires et des dates de valeurs. La plateforme, qui sera déclinée sous forme d’application mobile et site Internet, permettra au consommateur de comparer les différents tarifs des produits bancaires offerts par les établissements bancaires de la place et opérer ainsi son choix. «BAM a lancé l’appel d’offres pour l’installation et la gestion de ce comparateur. Nous sommes actuellement dans la phase de sélection des prestataires intéressés», annonce Zahoui. Si tout va bien, la plateforme sera mise sur les rails à partir de cette année, promet la directrice de la supervision bancaire. En plus du comparateur des tarifs bancaires, l’Institut d’émission affirme engager d’autres chantiers pour renforcer la protection du consommateur. Ceux-ci portent notamment sur l’opérationnalisation de la mobilité bancaire et de la délivrance des mainlevées des garanties après remboursement du crédit. 

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Damane Oxygène a sauvé la trésorerie des entreprises

Les crédits garantis par l’État dans le cadre du mécanisme Damane Oxygène ont sauvé la trésorerie des entreprises pendant la crise sanitaire. À fin juin dernier, quelque 49.500 entreprises en ont en bénéficié, pour un encours 17,7 milliards de dirhams. Selon BAM, 94,4% de ces financements ont été transformés en crédits à moyen terme. Pour les crédits relance, ils ont profité à pas moins de 50.100 entreprises, pour un encours de 44,3 milliards de dirhams. Quant aux crédits Intelaka, leur encours s’élève, à fin juin dernier, à 5 milliards de DH au profit de 26.500 bénéficiaires, dont 16% sont des femmes et 16% en milieu rural. Par ailleurs, l’encours des crédits aux particuliers ayant bénéficié de moratoire depuis le début de la crise ressort à 66,7 milliards de DH au profit de 472.000 personnes. Concernant les entreprises, ce sont quelque 33.000 structures qui ont profité de cette mesure, pour un encours concerné de 51,4 milliards de DH. Rappelons que la mise en place du moratoire sur les crédits pour les emprunteurs affectés par la crise sanitaire a contribué à atténuer ses effets et limiter la sinistralité du portefeuille. En effet, les moratoires avaient pour objectif d’accorder des délais pour le paiement des échéances des crédits à des contreparties solvables, mais rencontrant des difficultés temporaires de remboursement, compte tenu des effets du confinement.

 

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