La décision de l’Algérie de rompre ses relations avec le Maroc est une réaction directe aux succès diplomatiques engrangés par le Royaume au cours des derniers mois, a indiqué l’analyste politique Samir Bennis dans un article publié par le think tank américain «The Washington Institute». Dans cette analyse intitulée «Relations Algérie-Maroc, pour les Marocains, c’est du déjà-vu», M. Bennis a expliqué que «pour les Marocains, cet épisode est le dernier en date d’un long passif de la part des responsables algériens attaquant le Maroc pour détourner les critiques et attiser le nationalisme».
«En tant que telles, la rupture des liens et les allégations infondées d’un “complot” marocain pour saper l’Algérie n’ont pas été une surprise», a relevé l’expert basé à Washington. Pour le politologue, les accusations infondées proférées par le régime algérien contre le Maroc au sujet des feux de forêt qui ont ravagé la région de Tizi Ouzou ne sont qu’un prétexte pour rompre les liens avec le Royaume. «La décision de l’Algérie de rompre ses liens avec le Maroc et d’accuser ce pays de fomenter un complot contre les intérêts algériens n’est que l’aboutissement d’un processus qui dure depuis neuf mois», a souligné M. Bennis.
Les jours qui ont suivi le discours de S.M. le Roi Mohammed VI à l’occasion de la Fête du Trône «ont vu un flot de reportages et d’éditoriaux qui accusaient le Maroc d’orchestrer une grande partie de ce qui a mal tourné en Algérie au cours des derniers mois – allant des incendies de forêt à la visibilité croissante des organisations algériennes qui affichent des sentiments anti-gouvernementaux», a fait remarquer l’analyste politique.
Pour M. Bennis, «ce qui est vraisemblablement en cause ici, ce sont les récentes avancées et percées diplomatiques du Maroc, combinées à la menace existentielle à laquelle le régime algérien est confronté en raison des contestations populaires permanentes de son emprise sur le pouvoir». «L’establishment algérien semble être à court de manœuvres stratégiques pour contrer l’influence diplomatique croissante du Maroc, et a plutôt recours à des tactiques de diversion centrées sur la déviation de l’attention de l’opinion publique algérienne pour la mobiliser contre un ennemi étranger commun», a-t-il fait observer. «Ce point de vue est étayé par deux récents succès diplomatiques marocains. La reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara a probablement profondément frustré l’Algérie. De plus, cette reconnaissance est intervenue un peu moins d’un mois après les événements de Guergarate, le 13 novembre 2020», a poursuivi M. Bennis.
«En moins d’un mois, l’Algérie a subi deux revers diplomatiques majeurs qui ont considérablement fait pencher l’équilibre régional des forces, notamment en ce qui concerne le différend du Sahara, en faveur du Maroc», a-t-il constaté. Pour l’expert en relations internationales, «l’Algérie a peut-être même pris la décision de rompre les liens lorsqu’il est devenu évident que l’administration Biden ne reviendrait pas sur la décision de son prédécesseur concernant le différend» autour du Sahara, en l’occurrence la reconnaissance pleine et entière par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur son Sahara.