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Saladi ou le génie d’une peinture singulière et énigmatique

En présence de la presse et d’un nombre limité d’invités, afin de respecter les restrictions sanitaires, le Musée de Bank Al-Maghrib a repris, le jeudi 18 février, ses expositions avec une rétrospective des œuvres de feu Abbès Saladi. Cette magnifique exposition, qui rassemble des collections de certaines institutions, se poursuit jusqu’au 30 juin 2021.

Saladi ou le génie d’une peinture singulière et énigmatique
Vernissage de l’exposition des œuvres de Abbès Saladi.

Cette exposition rétrospective réunit les 15 années de production picturale de l’artiste que le visiteur aura le plaisir de découvrir en parcourant l’univers plein d’imagination de ce grand peintre marrakchi très prolifique. Car dans ces quelques années de carrière, il a laissé des milliers de dessins qui figurent dans plusieurs collections publiques et privées. Ce parcours inégal laisse penser à un plasticien hors pair qui a consacré sa vie à la créativité, se construisant un univers d’expression propre à lui. À travers cet événement, on peut ainsi percevoir un travail qui donne de la visibilité à l’ensemble de son œuvre singulière.
Toutefois, malgré ce que vient de faire Bank Al-Maghrib sur l’œuvre majeure de Saladi, il y a toujours un mystère qui entoure cet artiste unique, dont la créativité fut difficile à classer par les spécialistes. Toujours est-il que le travail exceptionnel réalisé par le département du Musée de Bank Al-Maghrib est vraiment historique, comme l’a souligné Rochdi Bernoussi, directeur du Musée de Bank Al-Maghrib. «C’est déjà une exposition historique parce qu’elle inaugure nos activités, interrompues depuis une année à cause de la Covid-19. Puis elle s’intéresse à un personnage qui est aussi historique dans la peinture marocaine. Car il n’est pas évident d’évoquer Saladi et son œuvre, c’est tout un monde qui lui est propre. On a essayé d’être fidèle à l’historique de son parcours et de rassembler les travaux que nous possédons, ainsi que ceux d’autres institutions et de particuliers qui l’ont côtoyé de très près».
Mais le Musée de Bank Al-Maghrib ne s’est pas arrêté là, puisqu’il a enrichi cet accrochage avec la publication d’un beau livre dans un format muséal où on découvre une vraie synthèse du travail de Saladi, le poète et le peintre, dont le destin particulier et original a suscité l’intérêt de beaucoup de professionnels et de critiques. Plusieurs critiques d’art ont collaboré à cet ouvrage, notamment Jean-Michel Bouqueton, Abderrahman Benhamza, Benyounes Amirouche et Moulim El Aroussi.
Selon le critique Jean-Michel Bouqueton, «Saladi a travaillé, essentiellement, l’aquarelle… Il n’a peint, à de très rares exceptions près, que de petits et même très petits formats». Ce qui a donné lieu à «une œuvre isolée, donc, mais, également, un homme atypique… Saladi était avant tout un homme discret, solitaire, peu bavard, qui s’enfermait des jours entiers dans une petite pièce sombre où il dessinait comme un orfèvre des miniatures d’une extrême finesse avant de les habiller de couleurs lumineuses. Cette vie monacale le tenait éloigné du monde de l’art», Ajoute-t-il. Ce qui a conduit à différentes interprétations des sujets de l’artiste qui disait : «Mon travail est esthétique, je dessine par amour du beau».
À ce propos, Bouqueton précise que «Saladi se souciait plus de la composition, des couleurs, de la richesse des détails que d’une signification qui, de toute façon, lui échappait. Cela ne veut pas dire que ses tableaux ne disent rien. Ils parlent, bien sûr, ils nous parlent certainement de l’homme qu’il était, de ses souffrances, de ses désirs, de ses croyances comme de ses répugnances. Mais ils parlent surtout avec une grande liberté, comme si les mots que sont les motifs de ses dessins se bousculaient sans retenue, comme un flot indompté». 

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