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Tout savoir sur les carences en vitamine D

La vitamine D est importante pour maintenir le corps en bonne santé. Elle nous aide à avoir des os solides, permet une meilleure absorption du calcium et du phosphate dans l’intestin, mais favorise aussi la réabsorption du calcium au niveau du rein.Une carence en vitamine D peut être à l’origine de plusieurs maladies comme le rachitisme chez les enfants ou l’ostéomalacie chez les adultes. Le manque de vitamine D peut également être en partie à l’origine de l’asthme, de maladies cardiovasculaires, de fibromyalgie… Quand est-ce qu’on parle de carence en vitamine D ? Qui sont les personnes à risque ? Comment combler le manque en cette vitamine ? Quelles sont ses sources naturelles ? Explications des spécialistes.

Questions à la Dr Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et en gériatrie

«Les conséquences d’un manque en vitamine D peuvent être graves quel que soit l’âge si le taux de calcium baisse dans le sang»

Le Matin : Quels sont les symptômes d’un manque en vitamine D ?

Dr Khadija Moussayer : La vitamine D est vitale pour la santé des os et des dents et joue un rôle essentiel dans la régulation du taux du calcium dans le sang. Son déficit, un problème très fréquent à travers le monde, induit des troubles de la minéralisation osseuse, l’organisme n’incorpore pas suffisamment de calcium et d’autres minéraux dans les os, ce qui provoque leur fragilité. Les symptômes de cette carence sont variables et dépendent de la sévérité de ce déficit, douleurs musculaires, fatigue et douleurs osseuses sont les plus communes.

Que peuvent être les conséquences d’une carence en vitamine D ?

Chez l’enfant, la carence en vitamine D induit un rachitisme qui engendre de multiples déformations de la cage thoracique, du crâne ou des membres inférieurs, ainsi qu’une mauvaise croissance staturo-pondérale et un retard psychomoteur.

Chez l’adulte, cette carence induit une ostéomalacie qui donne principalement des douleurs au niveau des os et une faiblesse musculaire des membres inférieurs. Une fragilisation de la dentition peut également survenir. Dans les formes avancées, des fractures peuvent se produire ainsi qu’une déformation du thorax ou une perte de taille. Les personnes âgées seront menacées par des fractures de la hanche, et ce même après une chute mineure.

Est-ce que cela est plus grave chez l’enfant, l’adulte ou la personne âgée ?

Les conséquences peuvent être graves quel que soit l’âge si le taux de calcium baisse dans le sang. Chez les enfants, le principal risque est le spasme du larynx qui peut être à l’origine d’une asphyxie. Chez l’adulte, ce sont des perturbations de l’activité cardiaque qui sont le plus à redouter.

Quels sont au contraire les risques d’un taux élevé de vitamine D ?

La gravité de l’intoxication par la vitamine D est liée à l’augmentation du taux du calcium dans le sang qui se révèle par des vomissements, une soif excessive, et par une insuffisance rénale et des dépôts de calcium en particulier dans les reins. Mais les principaux risques sont cardiaques : lorsque le taux de calcium est élevé, le cœur ne peut plus se contracter de façon satisfaisante.

Est-ce que vous avez remarqué que le confinement a augmenté le nombre des personnes souffrant de carences en vitamine D ?

Le confinement a beaucoup entravé l’exposition au soleil, élément important pour s’approvisionner en vitamine D dont 80 à 90% proviennent de sa biosynthèse par la peau. Seuls 10 à 20% proviennent d’aliments riches en vitamine D. Sous l’effet des rayons ultraviolets du soleil, la peau la synthétise à partir du cholestérol, en produisant le cholécalciférol (vitamine D3) qui après un passage au foie puis au rein prend sa forme active (calcitriol). La vitamine D est mise en réserve dans les graisses et le foie et peut être remise en circulation en fonction des besoins de l’organisme.

Comment peut-on faire remonter le taux de vitamine D ? Et que pensez-vous de l’automédication ?

Il faut prendre une supplémentation en vitamine D, car l’alimentation étant pauvre et sa production par la peau est tributaire de plusieurs facteurs. En effet, ils sont nombreux : latitude, saison, pollution atmosphérique, pigmentation de la peau, vêtements couvrants, usage de crème solaire. Cependant, il faut éviter toute auto-médication qui pourrait être délétère.


La vitamine D, essentielle pour la croissance des enfants

La vitamine D, associée au calcium, intervient dans la croissance physique des enfants en les aidant à développer leur capital osseux tout en renforçant leurs défenses immunitaires. Fabriquée à travers la peau, sous l’effet d’une exposition aux rayons solaires, cette vitamine favorise l’absorption du calcium au niveau des intestins et sa fixation sur les os.

Cette vitamine est indispensable à la croissance du nouveau-né puisqu’elle assure la minéralisation des os et des dents en période de croissance. Elle joue un rôle dans la production hormonale harmonieuse et permet une bonne différenciation des cellules du système immunitaire. La vitamine D améliore, en outre, le fonctionnement des muscles en renforçant la force musculaire, et participe à la bonne santé cardiovasculaire grâce à une action sur le contrôle de la tension artérielle.

Pour l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la carence en vitamine D est une cause directe de rachitisme. Les os du crâne peuvent devenir mous, ceux des poignets et chevilles s’élargissent et le signe le plus fragrant est un écart important constaté au niveau des genoux lorsque les pieds se touchent. Un manque en vitamine D est également associé à des infections respiratoires comme la pneumonie, la tuberculose et la bronchiolite.

Les bébés et les adolescents sont particulièrement exposés aux carences en vitamine D. Au Maroc, un enfant sur trois âgé de 6 mois à 12 ans souffre d’une carence en vitamine D, selon les derniers chiffres officiels de l’Enquête sur la carence en micronutriments du ministère de la Santé au titre de l’année 2019.

Afin de prévenir les troubles nutritionnels et les maladies liées à la nutrition, notamment le manque en vitamine D chez les enfants, le Programme national de nutrition (PNN) a adopté le Programme de prévention et de lutte contre les carences en micronutriments.

Ce programme est axé sur deux composantes essentielles déployées à l’échelle nationale pour pallier cette problématique auprès de l’ensemble de la population marocaine.

Carence en vitamine D et risque de maladie auto-immunes

Depuis quelques années, de nombreuses études scientifiques mettent en avant l’implication de la vitamine D dans le développement des maladies auto-immunes telles que le psoriasis, l’asthme, le diabète de type 1..., ou de cancers. «La carence en vitamine D pourrait favoriser ces maladies, où le système immunitaire s’attaque aux constituants sains de l’organisme. La vitamine D a, en effet, un rôle immunomodulateur et empêcherait ce dérèglement auto-immun. Par son action sur les protéines constituantes des jonctions entre les cellules intestinales, elle permet le maintien de l’intégrité de la muqueuse intestinale. Or, si cette paroi est altérée, une hyperperméabilité en découlera et laissera passer des pathogènes pouvant être à l’origine de maladies auto-immunes intestinales ou autres», explique Dr Khadija Moussayer, spécialiste en Médecine interne et en gériatrie.

D’après les spécialistes, cette vitamine joue un rôle immunomodulateur complexe associant une activation des systèmes non spécifiques de défense immunitaire et une inhibition des systèmes de défense immunitaire antigènes-spécifiques. Ces actions permettent d’expliquer les effets préventifs de la vitamine D sur le développement des maladies auto-immunes ou le rejet des hétérogreffes chez l’animal constaté dans des études.


Avis du spécialiste

Explications de Dr Valérie Alighieri, médecin généraliste, gériatre, nutritionniste

Le Matin : Quels sont les apports nutritionnels conseillés en vitamine D ?

Dr Valérie Alighieri : Les apports recommandés en vitamine D sont différents selon les tranches d’âge, selon la pigmentation de la peau (peau claire ou au contraire très pigmentée) et selon les objectifs.

Pour la santé des os, la dose quotidienne recommandée se situe entre 400 UI et 1.000 UI selon l’âge (1 UI de 25-OH D = 25 ng = 0,025 microgramme)

Par exemple, pour la santé des os on préconise une supplémentation de :

• 600 UI en moyenne par jour chez le nourrisson nourri au sein, et ce jusqu’à 18 mois.

• 800 à 1.000 UI par jour chez la personne âgée.

• Alors que pour maintenir un taux sanguin > 30 ng/ml les apports recommandés se situent entre 1.000 UI/jour et 2.000 UI/jour selon 

les tranches d’âge.

Est-il possible de chercher toute notre vitamine D uniquement dans les aliments ou bien est-ce que les suppléments sont une nécessité ?

Il faut savoir que l’alimentation ne couvre en moyenne que 20% de notre apport en vitamine D. C’est essentiellement l’exposition au soleil qui assure la production de la vitamine D par la peau sous l’influence des UVB. Une exposition d’environ 20 minutes par jour du 1/3 de la surface corporelle permet de couvrir environ 80% de nos besoins. Bien noter que la production de vitamine D par la peau dépend de l’heure d’exposition, de la saison et de la surface de corps exposée.

Si l’exposition au soleil n’est pas possible, alors on a recours aux suppléments. De préférence, on fera un dosage sanguin de la 25 (OH) D2 et D3 afin de confirmer le manque de vitamine D avant d’initier la supplémentation par un médicament.

Qui doit-on supplémenter systématiquement en vitamine D ?

On supplémente systématiquement les nourrissons puisqu’une exposition directe au soleil n’est pas indiquée et surtout s’il est nourri au lait maternel exclusivement, car celui-ci n’est pas enrichi en vitamine D contrairement aux laits infantiles.

Il est indispensable de supplémenter également les personnes âgées en raison du risque augmenté de fractures lié à la destruction physiologique de l’os passé un certain âge et notamment chez la femme après la ménopause. Les personnes âgées en raison du manque d’apport alimentaire et de l’absence d’exposition au soleil ont un plus grand risque d’insuffisance en vitamine D.

Les femmes enceintes, les femmes ménopausées, les personnes à peau mate ainsi que les personnes devant suivre des régimes restrictifs (exclusion du lait, du poisson, des œufs…) pour des raisons de santé ont plus de risque de manquer de vitamine D.

Quelle forme de supplément est la meilleure ? Peut-on choisir entre suppléments D2 et D3 ?

On propose en général une supplémentation orale soit par gouttes à prendre chaque jour soit en ampoules de solution à prendre de façon espacée.

La prise du supplément se fait selon la prescription du médecin (journalière, mensuelle ou bien 2 à 4 fois par an) selon qu’il s’agit d’un traitement préventif, d’un traitement curatif d’insuffisance ou de carence en vitamine D ou encore d’un traitement associé à certaines maladies endocriniennes telles que l’hypoparathyroïdie.

Le médecin prescrit en général soit de la vitamine D3 naturelle (Cholécalciferol) soit de la vitamine D2 (Ergocalciférol) qui est une forme synthétique d’origine végétale soit du 25 (OH) D3 (calciférol) selon l’indication.

Des études ont montré que la 25 (OH) D3 serait plus efficace pour élever le taux de vitamine D dans le sang.

Il est important de ne pas pratiquer d’automédication avec la vitamine D, car chaque indication nécessite sa posologie (quantité par jour ou par mois) et qu’il existe un risque de surdosage.

Quels sont les risques de surdosage ?

Le surdosage en vitamine D entraîne un taux trop élevé de calcium dans le sang et dans les urines et des signes tels que déshydratation, soif intense, nausées, vomissements, etc.

À votre avis, le confinement et les restrictions liées à la pandémie Covid-19 ont-ils augmenté les risques de carence de vitamine D, vu que 

les gens ne sortent plus beaucoup ?

Les épisodes de confinement total ainsi que les restrictions d’accès aux parcs, aux plages pendant plusieurs mois vont certainement avoir un impact sur notre organisme et notamment sur la production de vitamine D.

Cas exemple : quels aliments peut-on donner à un garçon de 9 ans avec un résultat d’analyses de vitamine D de 8,1 ug/l qui ne mange pas de poisson, jaune d’œuf ni lait ?

De nombreux aliments du commerce sont actuellement enrichis en vitamine D (tels que les huiles, le beurre, les céréales…), on peut procéder à une enquête alimentaire chez cet enfant pour connaître ceux qui pourraient être intégrés de façon régulière à son alimentation.

Étant donné l’importance de la production de vitamine D par la peau, il faudra par ailleurs suggérer des activités en plein air avec une exposition au soleil régulière.

Cependant lorsque le taux sanguin est très bas, la supplémentation par des médicaments est nécessaire pour obtenir une bonne augmentation 

de celui-ci. 

Quelles sont les sources naturelles de vitamine D ?

L’aliment le plus riche en vitamine D est l’huile de foie de morue, mais pas très agréable à consommer ! On la trouve sinon essentiellement dans : 

• Les poissons gras : sardines, maquereaux, thon sauvage, saumon, foie de veau ou d’agneau.

• Le jaune d’œuf, le lait (le lait de vache du commerce est enrichi en vitamine D), le beurre, les huiles enrichies en vitamine D.

Ce sont des aliments faciles à intégrer à notre alimentation et à consommer régulièrement. Il existe, par ailleurs, un champignon particulièrement riche en vitamine D, le Shiitake.


Une supplémentation médicamenteuse, oui, mais jamais sans la prescription du médecin

La supplémentation médicamenteuse consiste à administrer les doses nécessaires en vitamine D sous forme médicamenteuse à une population vulnérable. Cette supplémentation peut être prescrite par le médecin traitant ou dispensée au niveau de tous les établissements de soins de santé primaire, selon le Calendrier national de supplémentation. Elle a soit un caractère préventif et intéresse les enfants de moins de deux ans et les femmes enceintes et allaitantes, soit un caractère curatif et intéresse les personnes souffrant de carences ou de déficit en vitamine D.

Mais attention ! Il ne faut jamais avoir recours à de l’automédication pour les compléments alimentaires à base d’huile de foie de morue ou de foie de poisson qui peuvent contenir de fortes quantités de vitamine D pour un enfant, mais aussi de la vitamine A qui pourrait provoquer un surdosage toxique en vitamine A. D’autre part, la vitamine D peut s’accumuler dans les graisses et le foie qui constituent de véritables réserves, et en fonction des besoins de l’organisme celle-ci peut être remise en circulation. C’est pourquoi l’administration de vitamine D au quotidien doit uniquement être décidée par le médecin qui détermine alors la forme et le besoin ou non de supplémentation. En effet, un excès de vitamine D peut se révéler dangereux et occasionner différents troubles tels que la constipation, les vomissements, l’atteinte rénale…

 

Dossier réalisé par Nadia Ouiddar et Hajjar El Haïti

 

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