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L’idée de concrétiser ce projet en sculpture avait pris naissance après un voyage sur les lieux et plus exactement lors d’une visite avec l’Association Amitié-Maroc-Sud-Alsace en 2019 dans les lieux historiques de la Deuxième Guerre mondiale.
«Quand j’ai vu ce carré de 80 sur 80 cm, daté de 1939 et où est écrit Étoile des Marocains, j’ai était vraiment touché par cette vision qui représente une dalle en béton laissée par le huitième Régiment de Tirailleurs marocains», raconte Abdelaziz Abdouss. À l’origine de cette dalle, il y avait des galets cimentés pour former l’étoile sous laquelle on peut apercevoir la signature du Régiment, faite à l’aide de leurs doigts directement sur le béton, avec en haut à droite l’année 1939 de leur passage à Winkel. «Donc, l’idée qui a germé dans ma tête est celle de réaliser une sculpture représentant un soldat marocain qui a contribué aux côtés des Français à la lutte, lors de la Deuxième Guerre mondiale contre les Allemands. Sachant que les habitants du village où il y a cette croix respectaient beaucoup les Marocains. Car ils ne leur ont jamais fait de mal», poursuit Abdelaziz Abdouss.
Ainsi, en pensant à ressusciter toute cette histoire, l’artiste-sculpteur a commencé par faire des petits prototypes du soldat marocain avec ses habits militaires emportant une petite fille qu’il avait sauvée. Celle-ci lui mettant derrière l’oreille la seule fleur qui se trouvait encore sur les champs minés. Actuellement, après les 20 petites maquettes, il est en train de réaliser la grande sculpture dans l’espace des anciens abattoirs de Casablanca, où il a créé l’Association «L’Art pour tous». La sculpture fait 4 mètres de hauteur et pèse, à peu près, 900 kg de bronze. «J’ai commencé ce projet avant l’apparition de la pandémie. Avec la Covid-19, on s’est un peu arrêté, d’abord à cause du confinement sanitaire, puis on est toujours en train de chercher des fonds pour la réalisation de la grande sculpture et la logistique pour la déplacer vers les lieux où nous avons trouvé cette dalle, c’est-à-dire au niveau des frontières entre la France et la Suisse, à Bale. «Nous avons déjà trouvé du soutien de l’étranger, mais nous voulons que ce projet soit à 100% marocain, car il raconte notre histoire. Et c’est aussi un travail humanitaire qui a une portée et une profondeur nationale. À propos de ce projet, j’ai aussi réalisé des porte-clés qui représentent la pierre où est gravée l’étoile marocaine et la date 1939», souligne Abdouss qui, selon l’artiste-peintre Souad Byad, est un sculpteur qui fait un travail exceptionnel. «La première fois que je l’ai connu, j’étais membre d’un jury et j’ai défendu son travail. Une autre fois, j’avais organisé une exposition et je l’ai invité à exposer ses œuvres. Je trouve que Abdouss est un artiste très créatif qui milite pour affirmer son art».
Parcours
Natif de Khénifra en 1979, Abdelaziz Abdouss découvre l’art pictural dès l’âge de 8 ans. Tout petit, il se remémore son père récitant des poésies avec une voix pleine d’émotions pendant que lui, enfant, la tête sur le genou de sa mère, contemplait le travail de celle-ci au tapis. Il grandit en faisant des dessins de corps, puis va s’installer pendant quelques années à Marrakech où il a surtout travaillé sur commande. Maîtrisant aussi bien le pinceau que le couteau, il se lance dans un style employant la symbolique sous forme d’un expressionnisme abstrait. Il part, ensuite, à Casablanca, où il a poursuivi sa démarche picturale tout en se découvrant en sculpture à travers le projet qu’il s’est mis en tête de réaliser.
