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Initialement assimilée à la base vie de chantier, la construction modulaire gagne progressivement du terrain en Afrique. Il faut dire qu’elle présente de nombreux atouts, à commencer par une réduction considérable des coûts, des délais et des nuisances comparée à la construction classique. L’entreprise Touax, dont c’est le cœur de métier depuis 48 ans, en est le leader au Maroc. «Le bâtiment modulaire a vu le jour au Maroc depuis les années 1980 sous forme de “modules unitaires” principalement pour les chantiers du BTP. Ensuite, ces blocs unitaires ont été combinés pour former des bâtiments plus complexes, des bases vie, logements ouvriers, bureaux de chantiers, etc. Ces bâtiments initialement à usage temporaire ont eu du succès de sorte que le “temporaire” a perduré et vous avez des ensembles de bâtiments qui sont toujours utilisés après 10, 15 ou même 20 ans d’exploitation», explique au «Matin» Omar Chebihi, directeur général de la filiale marocaine du groupe français Touax, présent au Maroc depuis 2012. Il avait démarré avec Touax en tant que directeur de l’usine, avant d’en prendre les rênes en 2014.
«Depuis 2015, Touax s’est orientée vers le secteur de la construction pérenne en Afrique. Dans ce continent, le marché de la construction en béton représente 130 milliards de dollars alors que celui du modulaire pèse à peine quelque 300 millions de dollars, soit un peu plus de 0,2% du marché global. En Europe, le modulaire représente 3 à 4% du marché global de la construction. Il y a donc une forte croissance à réaliser sur ce segment considéré comme une alternative aux constructions traditionnelles», poursuit le DG de l’entreprise.
Une trentaine de pays africains couverts
Six ans après s’être attaqué au marché africain depuis le Maroc, Touax revendique une présence dans une trentaine de pays, majoritairement subsahariens et francophones, mais de plus en plus de pays de l’Afrique centrale et anglophone. L’industriel marocain semble maintenir sa dynamique de croissance dans ces marchés où tout est à créer. «Ces marchés sont différents du contexte marocain. Dans le logement social par exemple, nous développons des R+0, R+1 ou R+2. Nous nous limitons à ces hauteurs, car nous sommes plus compétitifs dessus. L’abondance du foncier et l’urgence des besoins confortent notre position», se réjouit Omar Chebihi. Vu la croissance démographique en Afrique, ce segment est une priorité. II représente 65 milliards de dollars, selon notre interlocuteur.Des collèges, des hôpitaux et des appartements depuis Mohammedia !
Éducation, santé et logement social, Touax Maroc multiplie les contrats. «En ce moment, nous sommes en train de réaliser des collèges en Côte d’Ivoire, où nous avons un contrat de 24 collèges et 71 écoles. Nous avons déjà livré 20 collèges de 3.500 m chacun. Ces collèges sont fabriqués à l’usine de Mohammedia d’une superficie de 20.000 m2 et qui emploie en moyenne 200 personnes. Cela nous prend 15 jours par unité. Avec la pandémie et le besoin de distanciation dans les écoles, le besoin de salles de classe se fait encore plus ressentir et devient encore plus urgent», détaille le DG de Touax Maroc. Combien vaut donc le m ? «Un bâtiment métallique modulable est vendu à l’unité et non au mètre carré. Tout dépend de ce que vous voulez mettre dedans. Nous faisons du sur-mesure», précise le patron de la boîte.Touax nous confie aussi que des clients lui ont demandé de démonter des bâtiments et de les réinstaller dans d’autres villes ou pays.Une référence de taille : le campus de l’UM6P
«Pour la santé, le nombre de lits en Europe est de 63 pour 10.000 habitants. En Afrique c’est une moyenne de 10 lits pour 10.000 habitants, d’où un fort besoin en hôpitaux sur le continent. Aussi en 2020, la pandémie à mis à mal les infrastructures européennes, que dire des infrastructures hospitalières africaines ?», souligne notre interlocuteur.En plus des collèges en Côte d’Ivoire, Touax Maroc a réalisé un hôpital à Nouakchott en Mauritanie. Quelque 120 lits ont été livrés depuis Mohammedia. Ils ont été réalisés en 12 semaines environ, selon l’entreprise. Si l’industriel est fier de toutes ces réalisations, il l’est particulièrement pour un projet mené au Maroc. «Il s’agit d’un campus universitaire de 16.000 m en modulaire. C’est le plus grand d’Afrique. Un challenge relevé par Touax et dans des délais record comparé à l’équivalent en construction traditionnelle», s’enorgueillit Chebihi. Ce dernier fait allusion au campus de l’Université UM6P à Benguerir réalisé en 7-8 moisLes compteurs explosent à l’export !
Cette dynamique est corroborée par les indicateurs financiers et commerciaux, en nette progression depuis 2018. Touax affirme que son chiffre d’affaires a augmenté de 128,5% entre 2018 et 2020, passant de 70 millions à 160 millions de DH. C’est le résultat d’une lutte de tous les instants pour décrocher des contrats, tantôt au Maroc, tantôt sur le reste du continent qui pèse de plus en plus dans l’activité de l’entreprise. Entre 2019 et 2020, le CA réalisé au Maroc baisse de 40%, confinement oblige, mais à force d’aller chercher des contrats à l’étranger, le chiffre d’affaires hors frontières explose de 530% sur la période. Résultat, une progression de 45,5% du chiffre d’affaires total de l’entreprise sur une année historiquement complexe. Celui-ci atteint 160 millions de DH, dont 65% à l’export. Pour 2021, l’entreprise table sur 190 millions de DH de chiffres d’affaires nIlham Lamrani amine--------------------------
Touax fait son entrée au Maroc en rachetant SACMI
Le groupe français Touax, créé par la famille Walewski en 1853 et coté à la Bourse de Paris depuis 1906, est spécialisé dans les domaines du transport (wagons de fret, barges fluviales et containers m-aritimes). Il a lancé sa division modulaire en 1973. Après un développement en Europe et en Amérique, l’industriel part à la conquête de l’Afrique en rachetant en 2012 le pionnier et leader marocain SACMI, capitalisant ainsi sur le savoir-faire de ce dernier et sur la position stratégique du Maroc en Afrique. Touax Maroc
est certifiée ISO 9001, ISO 14001 et ISO 45001 et affirme être la seule dans la construction modulaire en Afrique à détenir cette triple certification.Pourquoi le modulaire ?
Les avantages du modulaire sont nombreux. D’abord, il garantit une rapidité, faisant gagner plus de 50% en termes de délai comparé à la construction traditionnelle. De même, la fabrication se fait dans l’usine et le terrain est préparé parallèlement. Contrairement au traditionnel, pas de délais de séchage à observer. Ce type de construction garantit, ensuite, une grande flexibilité, car il permet de réorganiser les espaces intérieurs sans avoir à casser et reconstruire. Le client peut même déplacer la totalité de son bâtiment sur un autre terrain.
Côté qualité, les bâtiments en structures métalliques, réalisés en usine par des opérateurs qualifiés et selon des normes très précises, sont beaucoup moins soumis à la sous-qualité liée à de la main-d’œuvre souvent peu qualifiée intervenant dans la construction traditionnelle. Enfin, et c’est l’une des qualités phares du modulable : son respect de l’environnement, puisqu’il ne nécessite pas de consommation d’eau ou de sable, des ressources naturelles à préserver.Les spécialistes mettent également en avant le fait que les bâtiments modulaires sont plus sûrs, car fabriqués selon des process maitrisés et standardisés. Vu leur niveau de sécurité élevé, ces bâtiments sont même préconisés dans les zones sismiquement instables.Autre atout et non des moindres, le modulable se distingue par ses coûts jugés compétitifs. L’industrialisation fait que les coûts et délais sont maitrisés, donc pas de gaspillage. Unbâtiment modulaire fait économiser au minimum 20% par rapport au même bâtiment en construction traditionnelle.Quels sont les matériaux utilisés ? La base d’un bâtiment modulaire est constituée d’acier, pour les structures porteuses, et de panneaux sandwich pour les murs et plafonds. «Nous partons de la bobine d’acier que nous déroulons, nous découpons, nous plions, nous soudons et que nous assemblons dans nos ateliers ou sur site selon les cas. Les matériaux utilisés existent généralement au Maroc. Nous faisons appel à de l’importation quand il s’agit de matériaux spécifiques. Nous intégrons également plusieurs équipements standards qui sont utilisés dans la construction traditionnelle (électricité, carrelage, peintures, plomberie, etc.)», explique Omar Chebihi.
