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Traverser le cancer à deux, une épreuve difficile

«Le couple face au cancer, qu’en est-il au Maroc ?» a été le thème d’un webinaire organisé jeudi dernier par l’association Dar Zhor dans le but d’évaluer l’impact de la maladie sur la relation de couple et aider ce dernier à mieux s’en sortir.

Traverser le cancer à deux, une épreuve difficile

Le cancer est une terrible épreuve qui n’est pas sans conséquences sur la vie de famille et en particulier sur la vie de couple. Cette maladie génère de nombreux bouleversements, parfois tragiques, qui viennent s’ajouter à la douleur physique. Pour mieux comprendre ce qui se passe dans le couple, après le diagnostic d’un cancer, l’association Dar Zhor a organisé, jeudi dernier, un webinaire sur le thème «Le couple face au cancer, qu’en est-il au Maroc ?»
«Nous avons décidé de traiter aujourd’hui ce sujet tabou qui est peu ou pas abordé, que ce soit par les personnes traversant l’épreuve d’un cancer ou par les professionnels de la santé qui les prennent en charge. Si l’on n’a pas trouvé de publications au sujet de l’impact de la maladie cancéreuse sur la vie de couple au Maroc, les patients et les médecins nous ont alertés à Dar Zhor sur cet impact souvent désastreux. Nombre de femmes se disent abandonnées par leur conjoint dès le diagnostic ou pendant le traitement», a souligné Myriam Nciri, présidente de l’association Dar Zhor, à l’ouverture de cette rencontre, au cours de laquelle les intervenants ont tenté d’éclaircir cette problématique pour améliorer la prise en charge des malades et de leurs conjoints et aider les couples marocains à mieux vivre avec un cancer. «Traditionnellement, la fille était préparée, dès son jeune âge, à être une épouse soumise et endurante. Elle doit alors être forte et en bonne santé pour subvenir à tous les besoins de son mari et de sa famille. Aujourd’hui, bien que les habitudes ont évolué, la femme est toujours celle qui s’occupe généralement des tâches ménagères au foyer. Et si l’homme tombe malade, il pourra certainement compter sur l’aide et le soutien de sa femme qui garde toujours son rôle de pilier dans la maison, alors que si c’est l’épouse qui tombe malade l’homme est complètement déboussolé, devient agressif au point de la quitter rapidement pour chercher une remplaçante», explique Pr Soumaya Naamane Guessous, sociologue. «Pour de nombreuses raisons, dont la pauvreté, dans beaucoup de cas, l’épouse souffrant d’un cancer se retrouve seule à gérer cette situation angoissante pour le mari qui, lui, va prendre la fuite alors qu’il pourrait être le meilleur soutien social sur lequel elle peut compter. Certaines femmes au foyer, qui bénéficient d’une couverture sociale grâce à leur mari, se retrouvent dans la précarité totale après le divorce. Beaucoup de femmes aussi vivent le deuil de leur féminité à tort, car pour leur conjoint elles ne sont plus séduisantes comme elles l’étaient avant. Elles vont elles-mêmes contribuer à l’éloignement physique de leur mari», a-t-elle ajouté.
De son côté, Dr Patrick Ben Soussan psychiatre, pédopsychiatre en France, a indiqué que quand le cancer s’invite dans la vie de couple, il s’agit d’un intrus qui vient s’immiscer dans la dynamique conjugale. «Mais même si le cancer peut déclencher des crises graves au sein du couple, de nombreuses études confirment que la maladie n’affecte pas les liens conjugaux et ne les modifie pas de façon notable. D’après ces travaux de recherches, on déduit que quand des tensions existaient au sein du couple avant le cancer, celles-ci sont exacerbées après ou pendant la maladie», rapporte-t-il, soulignant que la femme est particulièrement désavantagée face aux aléas de la maladie cancéreuse. «Les femmes qui sont mariées au moment du diagnostic du cancer sont entre 10 et 20% à se retrouver divorcées 3 ans après leur maladie cancéreuse, une issue qui est 6 fois moins fréquente lorsque c’est l’homme qui est touché par le cancer», a poursuivi Patrick Ben Soussan.
Pour sa part, Dr Meriem El Bachiri, oncologue médicale, s’est intéressée à la représentation sociale du cancer au Maroc. «La maladie cancéreuse est toujours considérée comme une maladie mortelle qui fait très peur aux patients au Maroc au point de la cacher à leurs proches et de refuser de prononcer son nom. On remarque également que dans le couple, la personne malade ressent souvent un sentiment de culpabilité. Elle sent qu’elle est devenue une charge et qu’elle n’est pas à la hauteur du conjoint. C’est pourquoi il est essentiel de préserver la communication au sein du couple», recommande Dr El Bachiri. L’oncologue a, toutefois, noté que les conjoints de personnes atteintes de cancer expriment souvent des craintes. «Par ignorance, certaines personnes croient qu’elles peuvent être contaminées par leurs partenaires malades. D’autres ont peur que le cancer affecte leurs relations intimes, ils craignent que cela aggrave la maladie. Les hommes ont généralement peur de l’infertilité ou de l’impuissance sexuelle, mais aussi de l’endettement. Ces différentes craintes pénalisent malheureusement la dynamique et l’alliance thérapeutique du couple», précise-t-elle.
Enfin pour améliorer le quotidien des couples et les aider à mieux vivre avec le cancer, les spécialistes recommandent d’impliquer le partenaire dans la stratégie thérapeutique. 


Dar Zhor, un havre de bien-être pour les personnes atteintes de cancer

Dar Zhor est une maison de soins de support ayant pour objectif d’améliorer la qualité de vie des personnes touchées par un cancer, pendant les traitements de la maladie et dans la période de l’après-cancer, quel que soit le type de cancer.
Dar Zhor s’inscrit dans un parcours de santé prenant en considération l’ensemble des besoins du malade et de ses proches tant sur les plans physique, psychologique que social et propose un large éventail de soins qui vont de l’activité physique adaptée (Qi Gong, Tai Chi, Yoga, Pilate), du soutien psychologique via des groupes de paroles, des séances d’art thérapie, d’hypnose pour gérer les effets indésirables de la maladie et des traitements (fatigue, nausées, anxiété...) ou de soutien psychologique individuel, à du conseil nutritionnel, des soins d’onco- esthétiques, des rencontres entre spécialistes et patients où toutes les questions peuvent être posées. 
Par contre, Dar Zhor ne délivre aucun traitement médical. Le comité de pilotage scientifique sélectionne les activités proposées et les intervenants qui les animent. Ces derniers sont tous des professionnels bénévoles ayant une grande expérience, médecins, psychologues, psychothérapeutes, enseignants sportifs. Après le déclenchement de la crise sanitaire due au coronavirus, l’association a poursuivi ses programmes de soutien de malades atteints de cancer tout en respectant les mesures sanitaires.

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