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Samir Machour est-il pressenti pour remplacer Othman Benjelloun à la tête de «Sensyo Pharmatech» ? «Ce n’est pas exclu», répond laconiquement l’intéressé, actuellement responsable de la mise en œuvre de la Vision de S.M. le Roi Mohammed VI concernant le projet des vaccins et produits biotechnologiques au Maroc. «Vous en saurez un peu plus sur le tour de table de l’entreprise d’ici la mi-mars», se contente-t-il d'annoncer, sourire aux lèvres, lors de l’émission «L’Info en face» du Groupe Le Matin, réalisée à distance. Mais sur le projet lui-même, le responsable a été un peu plus loquace. On apprend ainsi que d’ici la fin de l’année en cours, la partie mise en flacon du vaccin Sinopharm, fabriqué au Maroc par le laboratoire pharmaceutique Sothema, sera transférée à l’usine «Sensyo Pharmatech» de Benslimane. «La nouvelle entité récupérera, vers fin 2022, toute la partie mise en flacon du vaccin anti-Covid de Sinopharm, effectuée aujourd’hui par le laboratoire Sothema.
On va produire des lots d’essais au mois de juillet avant de faire le transfert vers octobre ou novembre», déclare-t-il. L’expert international en biotechnologie industrielle annonce également que l’usine de Benslimane devrait pouvoir passer à la fabrication des vaccins dès 2023. «Les négociations sont en cours, mais, très probablement, l’unité aura la capacité de fabriquer l’année prochaine quelques vaccins en totalité (substance active, remplissage…)», avance-t-il. Pour rappel, cette unité de fabrication et de mise en seringue de vaccins anti-Covid et d’autres vaccins au Maroc, dont la cérémonie de lancement des travaux de réalisation a été présidée le 27 janvier dernier par le Souverain, s’est fixé comme objectif le transfert du remplissage aseptique et de la fabrication de substance active de plus de 20 vaccins et produits biothérapeutiques à l’horizon 2025, dont 3 vaccins anti-Covid-19. «D’ici la fin de l’année, on aura deux vaccins anti-Covid de plateformes technologiques différentes – vaccins à virus inactivé et vaccins à protéine –, en plus du vaccin Sinopharm», fait savoir Samir Machour.
Il indique également que la capacité de production totale de Sensyo Pharmatech sera de 300 à 400 millions d’unités de vaccin par an. L’expert n’a pas souhaité dévoiler les noms des deux autres vaccins, mais a révélé que le Maroc avait approché Moderna pour la fabrication de son vaccin. «Nous avons lancé des négociations avec Moderna qui n’ont pas abouti. Mais nous continuons de discuter avec lui». Et de signaler que le pays tente également de décrocher un deal avec AstraZeneca. Interrogé sur Recipharm, un des leaders mondiaux de la biotechnologie et de l’industrie du «Fill & Finish», Samir Machour fait savoir que cette société suédoise est un sous-traitant du laboratoire Moderna. «Il va nous accompagner pour le démarrage de la fabrication des produits stériles. Il va ainsi nous assister sur la partie opérationnelle, mais aussi sur la partie commerciale en amenant certains produits pour qu’ils soient mis en flacon dans notre usine au Maroc», explique-t-il. Par ailleurs, l’expert a mis en avant les ambitions de ce projet de grande envergure qui contribuera à assurer la souveraineté vaccinale du Royaume et de tout le continent africain. «Le Maroc a déjà une industrie pharmaceutique qui est forte, qui exporte et qui couvre une grande partie de ses besoins.
Ce qui manquait, c’était la partie vaccins et traitements biotechnologiques que nous ne fabriquons pas au Maroc», souligne Samir Machour. «Notre ambition aujourd’hui est de créer un géant mondial de la sous-traitance dans tout ce qui est remplissage aseptique», résume-t-il. «Quand on est un pays de 36 millions d’habitants et qu’on a une capacité de production de 8 milliards de doses, on peut pratiquement fournir toute la planète en vaccins anti-Covid. Le Maroc pourra devenir, et de très loin, la 3e ou 4e capacité dans le monde, ce n’est pas négligeable !» se réjouit-il. «Au niveau du continent, Senseo Pharmatech pourra fournir l’offre en vaccins la plus vaste et la plus élargie d’Afrique. Nous ne sommes pas là pour concurrencer les acteurs sud-africains ou égyptiens, mais pour se compléter», assure-t-il, précisant que l’ambition de l’usine de Benslimane est de pouvoir subvenir à 60% des besoins de l’Afrique en vaccins dans les deux années à venir.
