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L’âge limite d’accès aux réseaux sociaux fixé à 16 ans : une résolution pionnière validée par le Parlement européen

Réuni en session plénière ce mercredi 26 novembre à Strasbourg, le Parlement européen a adopté à une écrasante majorité une résolution appelant à fixer à 16 ans l’âge minimal d’accès aux réseaux sociaux. Cette prise de position intervient dans un contexte de forte inquiétude face à l’addiction numérique des jeunes, alors que 97 % des adolescents européens se connectent chaque jour et qu’un sur quatre adopte un usage considéré comme problématique du smartphone.

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Le Parlement européen vient d’adopter un rapport qui marque une avancée symbolique dans la protection des mineurs sur Internet. Par 483 voix pour, 92 contre et 86 abstentions, les députés européens appellent à instaurer un âge minimal harmonisé de 16 ans pour accéder aux réseaux sociaux et aux plateformes de partage vidéo, tout en permettant aux 13-16 ans d’y accéder sous réserve d’un consentement parental explicite. Cette décision intervient dans un contexte où l’inquiétude grandit face à l’usage intensif du numérique chez les plus jeunes. Selon les données du Parlement, 97% des adolescents européens se connectent quotidiennement et près de 80% des 13-17 ans consultent leur téléphone au moins une fois par heure, tandis qu’un mineur sur quatre souffrirait d’un usage jugé problématique du smartphone.



Les députés affirment que les plateformes doivent cesser de fonctionner comme des espaces conçus pour encourager la dépendance. Ils demandent l’interdiction des pratiques les plus addictives pour les mineurs, comme le défilement infini, l’auto-play, le pull-to-refresh ou la gamification incitative qui enferme les jeunes dans des boucles de récompense. Le texte réclame aussi l’interdiction des systèmes de recommandation basés sur l’engagement, accusés d’exacerber la surcharge attentionnelle, ainsi que la suppression des loot boxes et autres fonctionnalités aléatoires inspirées des jeux d’argent. Les députés vont plus loin en visant le phénomène du kidfluencing, en demandant la fin des incitations financières offertes aux mineurs par certaines plateformes.

Le rapport insiste également sur l’urgence de réguler les nouveaux risques liés à l’intelligence artificielle. Les eurodéputés appellent à des mesures fortes contre les deepfakes, les agents conversationnels, les chatbots de compagnie et les applications de nudité artificielle qui peuvent générer des images manipulées non consenties. Ces usages, de plus en plus accessibles, exposent les enfants à des risques éthiques, juridiques et psychologiques majeurs.

Pour rendre ces mesures effectives, les parlementaires prennent position en faveur d’une application européenne de vérification de l’âge intégrée à l’identité numérique européenne. Ils soulignent cependant que ce système devra garantir la confidentialité des mineurs et ne pas servir de prétexte aux plateformes pour se décharger de leurs obligations. Le texte propose en outre de renforcer considérablement l’application du Digital Services Act en suggérant la possibilité de sanctions lourdes pour les plateformes récalcitrantes et en allant jusqu’à envisager la responsabilité pénale des cadres dirigeants en cas de non-respect grave des règles concernant les mineurs.

Cette résolution, bien que non législative, fait écho à une demande massive des citoyens européens. Selon l’Eurobaromètre 2025, plus de 90% des Européens estiment urgent de mieux protéger les enfants en ligne, qu’il s’agisse de lutter contre les effets des réseaux sociaux sur la santé mentale, d’endiguer le cyberharcèlement ou de restreindre l’accès aux contenus inadaptés. Plusieurs États membres ont d’ailleurs déjà commencé à avancer seuls, en introduisant leurs propres limites d’âge et leurs systèmes de vérification.

Le vote du Parlement européen ne change rien dans l’immédiat, mais il trace un cap politique net et accentue la pression sur la Commission européenne ainsi que sur les États membres de l'UE. Chargée du dossier au Parlement européen, la rapporteure Christel Schaldemose va jusqu’à dénoncer un vaste “expériment” mené sur les enfants, estimant que les plateformes testent leurs limites sans véritable contrôle. Reste à savoir si ce signal politique débouchera, à terme, sur un cadre juridique capable de transformer durablement les usages numériques en Europe.
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