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Deuxième présidence de Donald Trump : une nouvelle ère s’ouvre pour les États-Unis et le monde

Avec la prestation de serment, ce lundi, de Donald Trump en tant que 47ᵉ Président des États-Unis, une nouvelle ère s’ouvre pour l'Amérique et le monde. Marquée par un regard nouveau sur les solutions aux défis internes et sur la posture de Washington vis-à-vis de ses alliés et de ses adversaires à travers le monde, cette phase s’annonce, à presque tous les égards, à l’opposée de la vision de l’administration sortante.

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Par Aziz Rami
Pour son second mandat présidentiel, M. Trump a promis de s’attaquer, dès son investiture, dont la cérémonie a été déplacée à l’intérieur du Capitole en raison d’un froid glacial, aux sujets prioritaires de sa campagne, érigeant le programme MAGA (Rendre à l’Amérique sa grandeur) en agenda politique de sa présidence.

Ces priorités comprennent l’immigration, l’économie et la politique étrangère, mais également des questions liées à l’énergie et l’environnement et à la santé publique.

Si le président républicain s’est gardé de détailler ces politiques et les moyens nécessaires à leur mise en œuvre, il en a tracé les grandes lignes par le biais de dizaines de déclarations et de posts sur les réseaux sociaux, notamment après sa victoire écrasante (312 collèges électoraux contre 212 pour Kamala Harris) de la présidentielle du 5 novembre.



Pour mettre à exécution sa vision sans tarder, M. Trump prévoit de signer pas moins de 100 décrets exécutifs au premier jour de son entrée en fonction à la Maison Blanche, une action qui s’apparente, de l’avis de l’«Associated Press», à une «campagne-choc et effroi» vu le nombre «sans précédent» de ces documents présidentiels.

Immigration : Priorité des priorités

En matière d’immigration et de sécurité des frontières, les équipes de la nouvelle administration ont élaboré des actions qui nécessiteront un budget de 100 milliards de dollars. Il s’agit surtout de l’achèvement de la construction du mur sur les frontières avec le Mexique, et de la mise en place de centres d’hébergement des migrants en attendant leur expulsion.

Donald Trump a, en effet, promis de mener «la plus grande campagne d’expulsion de l’histoire», qui touchera «des dizaines de millions» d’immigrés illégaux vivant sur le sol américain. Selon les estimations les plus conservatrices, le nombre de clandestins passibles de déportation pourra largement dépasser un million.

C’est ce qui ressort des déclarations du sénateur républicain James Lankford, qui a affirmé que si la nouvelle administration se concentre uniquement sur l’expulsion des immigrés entrés récemment dans le pays, de ceux ayant été reconnus coupables de crimes ou jugés inéligibles pour rester aux États-Unis, «l’on sera largement au-dessus d'un million de personnes».

M. Trump a, également, fait part de sa décision de réintroduire la politique dite «Remain in Mexico» – qui exige aux demandeurs d’asile de rester dans leur pays d’origine ou de transit en attendant le verdict de la justice américaine. Il entend, en outre, procéder au «filtrage idéologique» des candidats à l’immigration, et de mettre fin au droit du sol, une abrogation dont les experts estiment qu’elle nécessiterait un amendement constitutionnel.

Économie et énergie : une vision foncièrement conservatrice

Sur le volet économique, le 47ᵉ président des États-Unis veut encourager le «Made in America», dans le cadre de sa vision America First (L’Amérique d’abord). Pour ce fait, il compte surtout augmenter les tarifs douaniers sur les importations venues de Chine, d’Europe, du Mexique et du Canada, une démarche que certains économistes craignent qu’elle soit au final contre-productive, contribuant à l’envolée de l’inflation.

En interne, M. Trump entend se relancer sa réforme fiscale de 2017, avec à la clé une réduction de 15% des impôts sur les sociétés (21% actuellement), en plus d’une récompense conséquente (calculée selon les cas) pour les compagnies qui décideront de rapatrier leurs postes d’emplois aux États-Unis.

Il s’agira aussi de réduire les impôts sur les pourboires, et d’éliminer les impôts fédéraux sur le revenu.

En matière d’énergie, l’investiture du Président Trump, chantre convaincu des énergies fossiles, intervient à un moment où la demande en énergie pour alimenter des technologies en plein essor, comme l’intelligence artificielle et l’informatique quantique connaît une croissance exponentielle.

À cet égard, le locataire de la Maison-Blanche qui ne fait pas de mystère sur son climato-scepticisme, est déterminé à «maximiser» la production du pétrole et du gaz naturel, et à annuler les barrières bureaucratiques mises en place par son prédécesseur.

Il entend suspendre le moratoire imposé très récemment par le président Biden sur les autorisations d’exportation du gaz naturel liquéfié.

Cette annulation ainsi que la restauration des autorisations de fracturation hydraulique pourraient intervenir «dès les premières heures de sa prise de fonction», selon des membres de son équipe cités par la presse.

Par ailleurs, plusieurs observateurs n’écartent pas la possibilité du retrait de Washington de l’Accord de Paris sur le changement climatique que les États-Unis, deuxième plus grand pollueur au monde, avaient quitté en 2017 sous la présidence Trump.

Politique étrangère : faire taire les armes, renforcer l’influence américaine

À plusieurs reprises durant sa campagne présidentielle, M. Trump a promis de mettre un terme au conflit russo-ukrainien dès son entrée au Bureau ovale.

Lors d’une conférence de presse début janvier, il a réitéré cette assertion, tout en confirmant sa volonté de négocier avec la Russie, dont il a dit «comprendre» les inquiétudes concernant l’expansion de l’OTAN à ses frontières occidentales.

De leur côté, les présidents russe, Vladimir Poutine, et ukrainien, Volodymyr Zelenskyy, se sont déclarés prêts à négocier une trêve sous l’égide des États-Unis, signe, selon plusieurs observateurs, de pressions exercées par Trump et ses équipes.

Concernant le conflit au Proche-Orient, M. Trump a prévenu que «l’enfer se déchaînera» sur la région en l’absence d’un dénouement de la situation «avant le 20 janvier». «Ce ne sera bon ni pour le Hamas ni, franchement, pour personne», a-t-il déclaré.

Ailleurs, M. Trump a renouvelé son intention d’annexer le Groenland et le canal du Panama, en employant la force militaire «si besoin est», et de faire du Canada le 51ᵉ État américain, «par le biais de pressions économiques».

Si le Président Trump cherche à faire taire les armes dans les conflits majeurs en cours dans la planète, c’est pour réduire l’implication des États-Unis et leur permettre de se focaliser sur leur concurrent de taille : la Chine.

Depuis le début de sa campagne électorale, M. Trump a exprimé sa volonté d’adopter une position dure à l’encontre du géant asiatique. Sa politique s’articule notamment autour de l’imposition de taxes douanières allant jusqu’à 60%, du durcissement des restrictions technologiques imposées par l’administration Biden, et de la restriction de ce que Washington juge comme étant des «velléités expansionnistes» de Pékin dans la région indo-pacifique.

Les politiques économiques et sociales du second mandat Trump, dont certaines commenceront à être mises à exécution dès ce lundi, auront à coup sûr des implications sur le quotidien des Américains. Au niveau mondial, ses stratégies envers les alliés et les adversaires pourraient avoir le potentiel d’influer le cours des relations internationales pour les générations à venir.
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