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Absentéisme au Parlement : les députés défient le règlement intérieur

La problématique de l'absentéisme des députés revient sur le devant de la scène à la Chambre des représentants. Lors de la séance plénière du jeudi 14 novembre 2024, le président Rachid Talbi Alami a donné lecture publiquement des noms des élus absents sans excuse lors des sessions des 4 et 11 novembre. Cette démarche fait suite à une décision du bureau de la Chambre et aux recommandations de la commission d'éthique parlementaire visant à renforcer les mesures contre les absents. Les chiffres disponibles révèlent en effet un taux d'absentéisme préoccupant, particulièrement dans les rangs de la majorité gouvernementale. Une situation qui soulève des questions aussi bien sur l'engagement des députés que sur l'application effective du règlement intérieur.

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C'est un pavé que le président de la Chambre des représentants Rachid Talbi Alami a jeté dans la mare lors de la séance plénière du 14 novembre 2024. Avant d'entamer les travaux consacrés à la présentation du rapport de la Commission des finances et du développement économique, il a annoncé la lecture des noms des députés absents sans excuse valable lors des séances des 4 et 11 novembre.

Coïncidence troublante dans l'ordre de citation des absents

Un examen attentif de l'ordre dans lequel ont été cités les noms des absentéistes par la présidence et la secrétaire de la Chambre (sans mention de leur appartenance politique) soulève quelques interrogations. Ainsi, les députés du Rassemblement national des indépendants (RNI), parti du président, et ceux du Parti authenticité et modernité (PAM), formation de la secrétaire, ont été nommés en dernier, juste avant ceux du PPS, alors que ceux de l’Istiqlal, autre composante de la majorité, ont été cités au début. Ainsi, les premiers cités sont issus de l'Istiqlal, membre de la coalition gouvernementale, suivis des élus de l'opposition, USFP et MP. Viennent ensuite les alliés de la majorité, l'Union constitutionnelle, avant le PAM, le RNI et enfin le PPS. Les députés du PJD ne figurent pas parmi les absents. Simple coïncidence ou volonté d'atténuer l'impact sur les partis de la majorité les plus proches du pouvoir ? La question mérite d'être posée.

La majorité, principale pourvoyeuse d'absentéistes

Au-delà de ces considérations, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Sur les 75 députés absents sans excuse à la séance du 4 novembre consacrée aux questions de politique générale au Chef du gouvernement, pas moins de 59,21% appartiennent aux trois principaux partis de la majorité : 21 pour le PAM, 18 pour le RNI et 6 pour l'Istiqlal. Un taux qui grimpe à 72,37% en ajoutant les 10 élus de l'UC, qui soutient le gouvernement. En comparaison, les partis de l'opposition comptabilisent 25,33% d'absents parmi les leurs : 6 pour l'USFP, 9 pour le MP et 4 pour le PPS. Un écart notable qui interroge sur la mobilisation de la majorité, alors que les séances en question concernent l’examen du projet de loi de Finances. D'autant que le taux global d'absentéisme s'élève à 18,99% lors de la séance du 4 novembre consacrée aux questions de politique générale adressées au Chef du gouvernement.

Les femmes députées légèrement plus assidues

Qu'en est-il de la répartition des absents selon le genre ? Sur les 96 députées que compte l'hémicycle, 17 ont manqué à l'appel le 4 novembre, soit 17,71%. Du côté des 299 élus masculins, on recense 58 défections, soit un taux de 19,4%, légèrement supérieur donc. Si la parité progresse sur les bancs du Parlement, elle ne gomme pas totalement les différences en termes d'assiduité. Le même problème se retrouve lors de la séance des questions orales du 11 novembre, avec 18,23% d'absents. Au total, 72 députés sur 395 n'ont pas répondu présent ce jour-là. Là encore, difficile de ne pas s'interroger sur l'engagement réel de certains élus.

Un règlement intérieur strict mais peu appliqué

Le règlement intérieur de la Chambre des représentants comporte plusieurs dispositions visant à assurer la présence et la participation active des députés aux travaux parlementaires. Ainsi, l'article 137 stipule que les membres des commissions permanentes sont tenus d'assister et de contribuer efficacement à leurs réunions. Les absences ne sont tolérées qu'en cas de motif valable, comme la participation à une activité Royale dans sa circonscription, une mission officielle au Maroc ou à l'étranger, un congé maladie ou maternité, ou encore la présence aux sessions des conseils des collectivités territoriales pour les élus y assumant des responsabilités. De même, l'article 166 oblige les députés à assister à toutes les séances plénières, sauf excuse recevable communiquée au président avant la séance. L'article 395 réaffirme ces obligations de présence, précisant les sanctions graduelles en cas d'absences injustifiées répétées allant du simple rappel à l'ordre à des ponctions sur les indemnités mensuelles.

Une crédibilité entachée

Au final, la persistance de ce fléau jette une ombre sur le sérieux et la crédibilité du travail parlementaire. La publication des noms des absentéistes est un premier pas, mais il ne saurait suffire. Il faut une réelle prise de conscience au sein de l'hémicycle et une application rigoureuse des sanctions prévues. Les députés fantômes n'y ont pas leur place. Charge à eux de décider s'ils veulent pleinement assumer leur rôle de représentants du peuple ou continuer de jouer aux abonnés absents, au risque de d’ébranler davantage la confiance dans le Parlement.
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