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Aide sociale directe : les citoyens très satisfaits, selon une enquête de l’ONDH

L'Observatoire national du développement humain (ONDH) vient de publier les résultats de la première enquête de satisfaction menée sur le Programme d'aide sociale directe (PASD), lancé en décembre 2023. Cette étude d'envergure, réalisée auprès de 4.462 familles bénéficiaires durant le premier semestre 2024, révèle un taux de satisfaction globale de 87,46%. Au-delà de ces chiffres encourageants, l'enquête met en lumière les effets positifs du programme sur l'amélioration du niveau de vie des ménages vulnérables, tout en identifiant certains défis liés à l'accessibilité et aux procédures d'inscription. Cette première évaluation s'inscrit dans une démarche de suivi scientifique continue visant à mener à bien le Chantier Royal de l'État social.

87,46% de satisfaction globale, 89,2% d'amélioration du niveau de vie, 92% de renforcement de la sécurité alimentaire. Les principaux chiffres de l’enquête nationale sur le Programme d'aide sociale directe sont éloquents et en disent long sur l’impact réel de ce dispositif et surtout sur la confiance qu’il inspire auprès des foyers bénéficiaires. Ces résultats, présentés lors d’une conférence de presse animée le 2 juillet à Rabat par le président de l'Observatoire national du développement humain, Otmane Gair, mettent en lumière le succès remarquable de ce programme lancé en décembre 2023 dans le cadre du chantier Royale de l’État social.

De fait, cette première enquête de satisfaction, menée durant le premier semestre 2024, constitue bien plus qu'un simple sondage d'opinion. Elle marque l'avènement d'une nouvelle ère dans l'évaluation des programmes sociaux marocains, où la perception des citoyens devient un indicateur central de performance. «Les citoyens ne sont plus prêts à attendre longtemps pour voir si un programme a réussi ou non», a souligné Otmane Gair, justifiant cette démarche d'évaluation.

Un niveau de satisfaction globale remarquable

Il faut dire que les chiffres sont éloquents. Avec 87,46% de satisfaction globale, le Programme d'aide sociale directe dépasse largement les attentes initiales. Cette performance devient encore plus significative lorsqu'on la compare aux standards internationaux. Le benchmark réalisé par l'ONDH révèle que le PASD se positionne favorablement face aux programmes de référence mondiale comme celui du Brésil, du Mexique, de l’Indonésie et de l’Afrique du Sud, bien qu'il reste légèrement en retrait par rapport à Bolsa Família du Brésil, reconnu pour sa satisfaction exceptionnelle de 95% (Bolsa Família, bourse familiale en français, est le programme social brésilien destiné à lutter contre la pauvreté et qui conditionne le versement de l’aide par le respect de certaines obligations, notamment en matière de scolarisation).

L'enquête démontre aussi que 95% des chefs de ménage interrogés considèrent la gestion du processus d'admission comme transparente. Cette perception de transparence constitue l'un des piliers de la confiance accordée au programme. Les informations relatives au PASD sont jugées claires et compréhensibles par la majorité des bénéficiaires: 39,72% les trouvent «très claires et faciles à comprendre», tandis que 53,43% les estiment «claires dans une certaine mesure».

Cette clarté informationnelle représente un acquis majeur dans un contexte où la communication publique autour des programmes sociaux a souvent fait défaut. Le président de l'ONDH a insisté sur l'importance de ces résultats: «La transparence des procédures de bénéfice» figure parmi les aspects fondamentaux évalués, car elle conditionne l'adhésion des populations cibles et la crédibilité du dispositif.

Des impacts tangibles sur le bien-être des ménages

Au-delà de la satisfaction exprimée, l'enquête révèle des impacts concrets sur les conditions de vie des familles bénéficiaires. L'amélioration du niveau de vie concerne 89,2% des ménages, dont 31% rapportent une amélioration significative. Ce pourcentage témoigne de l'efficacité immédiate du transfert monétaire dans le quotidien des familles les plus vulnérables.

Le renforcement de la sécurité alimentaire touche 92% des bénéficiaires, avec 28% déclarant une amélioration marquée. Ces données revêtent un caractère particulier dans un contexte d'inflation persistante. Otmane Gair a soulevé d'ailleurs cette problématique: «Quelle aurait été la situation de ces familles si elles n'avaient pas eu ce soutien social direct, surtout avec la question de l'inflation et de la hausse des prix, notamment en 2022, 2023 et une partie de 2024».

L'impact sur la scolarisation constitue un autre indicateur encourageant, avec 82% des familles rapportant un soutien effectif à l'éducation de leurs enfants. Cette dimension éducative s'inscrit parfaitement dans la philosophie du programme, qui vise la protection de l'enfance au sein du cadre familial.

L'équité perçue malgré des défis d'accessibilité

La perception de l'équité du programme a atteint 90,4% parmi les répondants, un score qui traduit l'acceptation sociale du dispositif de ciblage. Les critères d'éligibilité sont perçus comme clairs par plus de deux tiers des bénéficiaires (67%), indépendamment du sexe ou du lieu de résidence. Cette uniformité de perception constitue un gage de cohérence dans l'application des critères de sélection.

Toutefois, l'enquête met en lumière un point faible majeur: la complexité des procédures d'inscription. Seulement 5% des bénéficiaires trouvent l'inscription «simple», tandis que 67% la jugent d'un niveau de complexité «moyen». Cette difficulté a contraint la majorité des ménages à solliciter une assistance externe pour procéder à leur inscription électronique sur la plateforme du programme. Le président de l'ONDH reconnaît cette limite et préconise de «s'appuyer sur des extensions territoriales» pour accompagner les familles vulnérables qui «n'ont pas toujours les moyens d'accéder aux systèmes numériques».

Une méthodologie rigoureuse pour des résultats fiables

La méthodologie déployée pour cette enquête témoigne d'un souci de rigueur scientifique exemplaire. L'étude a ciblé un échantillon de 4.462 familles bénéficiaires, excluant volontairement les non-bénéficiaires pour se concentrer sur «l'expérience utilisateur» du programme. Le processus d'évaluation s'est déroulé en plusieurs phases distinctes. Une phase quantitative de collecte de données a été suivie d'un processus minutieux de «nettoyage des données», où les déclarations des interviewés étaient vérifiées pour leur «sincérité» et leur «cohérence» via plus de 70 questions. Les réponses inconsistantes entraînaient le retrait de l'interviewé et son remplacement par un échantillon de réserve.

Cette démarche quantitative a été complétée par une phase qualitative via des discussions de groupe menées dans six provinces, permettant d'approfondir les conclusions numériques. Cette approche mixte garantit une compréhension fine des perceptions et des expériences vécues par les bénéficiaires.

Perspectives d'amélioration et recommandations stratégiques

Abstraction faite des résultats, l'enquête dessine une feuille de route précise pour optimiser l'efficacité du PASD. Les recommandations formulées suite à cette enquête s'articulent autour de sept axes stratégiques majeurs, révélant une approche systémique de l'amélioration continue. Le développement d'un dispositif d'assistance sociale de proximité constitue la première priorité identifiée. Cette recommandation vise à pallier les difficultés d'accès aux services numériques en impliquant des relais locaux dans les territoires pour atteindre les populations des zones périphériques éloignées. Cette approche territoriale répond directement aux défis d'accessibilité révélés par l'enquête, où seulement 5% des bénéficiaires trouvent l'inscription «simple».

Le renforcement de l'engagement citoyen des associations locales dans l'innovation des mécanismes de facilitation de l'accès aux services numériques du Programme représente un levier d'action complémentaire. Cette stratégie de proximité sociale permettrait de combler le fossé numérique qui contraint actuellement la majorité des ménages à solliciter une assistance externe pour leur inscription.

La dimension d'autonomisation économique occupe une place centrale dans les recommandations. Le lancement de programmes de développement des compétences vise à améliorer la capacité du programme à produire des résultats à long terme en matière de développement humain. Le président de l'ONDH insiste sur cette dimension transitoire: «Le soutien financier doit être un mécanisme qui doit être accompagné d'un ensemble de programmes d'autonomisation économique et sociale» afin que les bénéficiaires puissent «s'intégrer naturellement dans la société et devenir économiquement et socialement actives».

L'enquête préconise également le renforcement de l'intégration des programmes de l'État social en développant un cadre unifié pour harmoniser le PASD avec les autres programmes sociaux, tels que l'AMO-Tadamon. Cette convergence permettrait de réduire les chevauchements et d'assurer une couverture complète des besoins sociaux, s'inscrivant parfaitement dans la logique de rationalisation prônée par ce Chantier Royal.

La mise à jour régulière des critères d'éligibilité figure parmi les recommandations techniques essentielles. Cette dynamique d'adaptation vise à refléter les changements en temps réel dans les conditions de vie des ménages, répondant ainsi aux préoccupations soulevées autour de la question du seuil d'éligibilité. Comme le souligne Otmane Gair, «tout programme de ciblage objectif aura un seuil», l'enjeu résidant dans sa détermination et son suivi pour maintenir «la crédibilité du programme et de ses critères».

La mise en place d'un système national de suivi et d'évaluation du Programme, accompagnée du développement d'un programme de recherche-action sur l'évaluation d'impact des aides sociales, institutionnaliserait cette culture de l'évaluation continue. Cette approche scientifique garantirait une adaptation permanente des dispositifs aux besoins évolutifs des populations cibles. Enfin, l'amélioration de la participation citoyenne dans le système de gouvernance territoriale du Programme vise à assurer une meilleure appropriation sociale. Cette recommandation répond à l'impératif de transparence et d'équité perçue, déjà bien évaluées par 95 et 90,4% des bénéficiaires respectivement.

La protection des bénéficiaires contre les tentatives d'escroquerie constitue un défi transversal à toutes ces recommandations. Cette vigilance s'avère d'autant plus nécessaire que le succès du programme attire parfois des acteurs malveillants cherchant à exploiter la vulnérabilité des familles ciblées. Cette vision à long terme s'inscrit parfaitement dans la philosophie du Chantier Royal de l'État social, qui vise non pas à créer une dépendance à l'aide, mais à développer des indicateurs de progrès permettant aux familles de reconquérir leur autonomie économique et sociale.

Les résultats de cette première enquête de satisfaction ouvrent ainsi la voie à un nouveau paradigme dans l'évaluation des politiques sociales marocaines. En plaçant la perception des citoyens au cœur du dispositif d'évaluation, l'ONDH pose les jalons d'une culture durable de Suivi, Évaluation et Apprentissage qui devrait accompagner l'ensemble des programmes du Chantier Royal de l'État social.

L'Indice national de satisfaction sociale: un outil novateur développé par l’ONDH

L'ONDH a développé un instrument de mesure inédit: l'Indice national de satisfaction sociale (INSS), qui attribue au PASD un score de 71 sur 100 points. Cet indicateur composite repose sur cinq déterminants fondamentaux: l'accessibilité, l'impact, l'opportunité, la pertinence et la transparence. L'analyse révèle que ces cinq dimensions n'ont pas le même poids dans la satisfaction globale. Pour améliorer l'INSS, l'accent doit être mis prioritairement sur l'accessibilité, puis sur la consolidation de l'impact perçu et la transparence, tout en maintenant les bonnes performances sur la pertinence et la ponctualité. Cette approche scientifique de la mesure de satisfaction s'inspire des meilleures pratiques internationales. Comme l'explique Otmane Gair, le développement de cet indicateur a nécessité «six mois supplémentaires de recherche fondamentale au niveau de la comparaison de toutes les meilleures pratiques mondiales dans ce domaine».

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