Menu
Search
Jeudi 02 Mai 2024
S'abonner
close
Accueil next Nation

Barreaux du Maroc : l’USFP veut remédier à la sous-représentation des femmes

La sous-représentation des femmes avocates dans les instances dirigeantes des barreaux est dénoncée comme une «lacune flagrante» par les députés de l’USFP. À telle enseigne qu’ils ont élaboré une proposition de loi qui prévoirait un quota pour la gent féminine. Cette initiative législative intervient au lendemain des élections des barreaux qui ont confirmé l’absence de femmes aux postes clés.

No Image
Les députés du groupe de l’Union socialiste des forces populaires (USFP) estiment que le principe de la parité est loin d’être respecté au sein des barreaux du Royaume. Il s’agit d’une «lacune flagrante» dans le corps professionnel des avocats, censé défendre les droits et les libertés, déplorent les députés socialistes dans le mémorandum accompagnant la proposition de loi qu’ils viennent de déposer sur le bureau de la Chambre des représentants. Le texte, qui ambitionne de remédier à cette situation, préconise d’assurer une représentation minimale d’un tiers des femmes avocates dans les instances de l’Ordre, et d’organiser des élections partielles au cas où la proposition de loi serait adoptée.



La proposition de loi intervient alors les scrutins pour l’élection des bâtonniers viennent d’avoir lieu, confirmant l’absence «criante» de femmes à la tête de leurs structures. Les députés socialistes dressent d’ailleurs un tableau sombre de la place des avocates dans les instances représentatives, estimant qu’il s’agit du résultat naturel de «l’image stéréotypée (de la femme) dans la société ainsi que de certaines coutumes et traditions». Pour l’USFP, ces choses n’ont pas leur place dans la profession.

Discrimination et atteinte à la dignité humaine

Le groupe USFP estime qu’on ne peut défendre les principes et les valeurs de la justice et de l’équité tout en perpétuant des pratiques discriminatoires en interne. Pour lui, la discrimination à l’égard des femmes est une «injustice fondamentale» et une «insulte à la dignité humaine», quand bien même elle serait favorisée par des stéréotypes et des traditions, d’autant qu’il existe une loi qui prône la parité. D’où la nécessité, selon les parlementaires socialistes, de mener un combat juridique acharné de nature à mettre fin à ces pratiques et à ouvrir la voie aux femmes pour l’exercice réel de rôles de responsabilité au sein des institutions, notamment les barreaux.

Tout en déplorant la place des femmes avocates, quasiment absentes des instances dirigeantes des barreaux, ils estiment qu’il est grand temps de dépasser cette injustice. «On ne peut décemment prétendre défendre l’égalité et la justice tout en perpétuant en interne des pratiques discriminatoires et attentatoires à la dignité des femmes», ont-ils souligné. Le groupe socialiste rappelle que la Constitution et la loi instaurent la parité comme droit fondamental, alors que dans la pratique ce principe est bafoué.

Dans ce sens, il précise que les textes électoraux propres à la profession ont été révisés en 2008 avant l’avènement de la nouvelle Constitution qui prône la parité. De même, pour conforter leur démarche, ils invoquent les changements qui ont lieu dans le corps des magistrats qui accorde désormais une place plus grande à la femme dans le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ). Pour l’USFP, la place des femmes étant un indicateur essentiel du progrès d’une société, les barreaux se doivent de donner l’exemple.

Vers la parité, un impératif de justice

Il convient de souligner que la Fédération des Ligues des droits des femmes avait appelé, à la veille des scrutins des différents barreaux, à l’application du principe constitutionnel de la parité. Les socialistes sont allés dans le même sens en prônant l’instauration d’une représentation minimale d’un tiers, à ajuster selon la proportion de femmes dans chaque barreau. Mais au-delà des chiffres, l’enjeu est bel et bien celui d’une profession plus égalitaire et plus respectueuse de la gent féminine. La proposition de loi de l’USFP a le mérite de mettre sur le tapis ce débat. Reste à savoir si elle aura la place qu’elle mérite dans l’agenda législatif ou si elle restera lettre morte, à l’instar de nombreuses autres propositions de loi.
Lisez nos e-Papers