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Bilan à mi-mandat du gouvernement : la majorité et l’opposition croisent le fer

De quelle manière faut-il appréhender le bilan à mi-parcours du gouvernement ? Entre une majorité qui revendique des succès, en dépit d’un contexte extrêmement compliqué à bien des égards, et une opposition qui juge tièdes les résultats intermédiaires d’un gouvernement qui avait pourtant placé la barre très haut dans ses engagements électoraux, les avis divergent, alimentés par la volonté des uns et des autres de gagner la bataille de l’opinion publique.

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Vingt-huit mois après la nomination du gouvernement, le 7 octobre 2021, voici venu le temps de dresser un premier bilan intermédiaire de son action. Un exercice dans lequel la majorité et l’opposition se montrent particulièrement prolixes, au gré de ce que chacun juge comme succès ou insuccès.

«En dépit d’un contexte très difficile, le gouvernement reste fidèle à ses engagements»

Jeudi soir, l’émission «Moubachara Maakoum» (En direct avec vous) diffusée sur la chaîne 2M a été un moment de confrontation entre la majorité et l’opposition sur ce que le gouvernement a accompli dans la moitié écoulée de son mandat. Pour le membre de la Chambre des conseillers et du bureau politique du Rassemblement national des indépendants (RNI), Kamal Sabri, l’occasion était propice pour mettre en avant l’effort de l’Exécutif et ses réalisations dans un contexte difficile. Selon M. Sabri, malgré un contexte défavorable marqué par la guerre en Ukraine, les tensions géopolitiques, l’inflation généralisée à travers le monde et la sécheresse qui s’installe pour la sixième année consécutive, le gouvernement se montre très performant, notamment en matière de préservation des équilibres macroéconomiques, ce pour quoi «il a eu les éloges de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international».

Le membre du bureau politique du RNI a également souligné que le gouvernement a concrétisé les chantiers relatifs à la généralisation de la couverture sanitaire et à l’octroi, pour la première fois, d’aides sociales directes aux familles démunies. Il a ajouté dans le même ordre d’idées que l’Exécutif a fait preuve d’ingéniosité pour gérer au mieux les répercussions de la sécheresse sur le monde rural et le secteur agricole, sans oublier les subventions en faveur des transporteurs routiers, confrontés à la hausse des prix des carburants.

S’associant à ce plaidoyer pro-gouvernement, Najwa Koukous, nouvellement élue présidente du conseil national du Parti authenticité et modernité (PAM), a également souligné que l’Exécutif a lancé les subventions au logement, qui requerront près de 10 milliards de dirhams par an, et qu’à ce jour, plus de 50.000 demandes ont été déposées pour bénéficier de ce mécanisme, dont près de 20% émanant de Marocains résidant à l’étranger. Par ailleurs, en réponse aux reproches formulés sur les modalités de fixation du seuil d’éligibilité à l’aide sociale directe, la présidente du conseil national du PAM a affirmé que le système n’en était qu’à ses débuts et que des ajustements ne manqueraient pas d’être apportés ultérieurement. C’est pour cette raison d’ailleurs qu’une rubrique relatives aux doléances a été prévue dans la plateforme dédiée à cette aide, a-t-elle fait savoir.

«Le gouvernement impute ses échecs au contexte multicrise ou aux gouvernements précédents»

Face au binôme représentant la majorité, un autre binôme, représentant l’opposition, n’a pas ménagé ses critiques à l’égard du gouvernement. L’ancienne ministre et membre du bureau politique du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Charafat Afailal, a affirmé ainsi que l’Exécutif dirigé par Akhannouch a contracté l’habitude de renvoyer la responsabilité de ses échecs soit au contexte multicrise, soit aux gouvernements précédents, rappelant que le gouvernement qui l’a précédé a également dû composer avec un contexte Covid, où l’économie était à l’arrêt et où les frontières étaient fermées, ainsi qu’avec la sécheresse, et qu’il a su trouver des solutions. Mme Afailal s’est également demandé pourquoi le gouvernement, qui se targue de faire preuve d’ingéniosité, ne s’est pas montré ingénieux pour trouver une solution au problème du pouvoir d’achat des citoyens, qui a été sévèrement mis à mal sous son mandat.

Mme Afailal a également fait valoir que le gouvernement actuel était en train de saper un projet qui avait recueilli le consentement de tous les partis politiques, à savoir le nouveau modèle de développement, et que le projet d’État social dont ce gouvernement se targue à tout bout de champ était fondamentalement un Projet Royal dont les jalons avaient été posés à l’époque du gouvernement précédent.

Même son de cloche du côté de Addi Sbaï, porte-parole du Mouvement populaire (MP). Ce dernier s’est étonné de la passivité du gouvernement alors que le chômage, selon les chiffres officiels, a atteint des pics historiques avec des proportions encore plus accablantes dans les zones rurales. M. Addi a aussi fait remarquer que le gouvernement actuel procédait en partant d’une approche abstraite, alors qu’il aurait été plus judicieux de le faire en fonction des réalités territoriales, étant donné, par exemple, que les indices relatifs à la pauvreté dans les zones urbaines ne sont pas assimilables à ceux des zones rurales, et qu’il est donc nécessaire de prendre en compte les appels de son parti en faveur de l’adoption de seuils de pauvreté territorialisés, par souci d’efficacité.

Au sujet des aides au logement, le porte-parole du MP a indiqué que le gouvernement avait suivi sa propre logique, ignorant les remarques faites en commission parlementaire sur les milieux ruraux où des jeunes ayant acquis une parcelle de terrain bâtissent leur propre maison sans pour autant prétendre à bénéficier d’une quelconque aide, étant donné qu’aucune disposition n’est prévue à cet effet par la loi.
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