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Ce qui bride l’engagement des citoyens dans la lutte contre la corruption

Pour l’INPPLC, l’implication insuffisante des citoyens dans la lutte contre la corruption s’explique par un sentiment d’impuissance face à l’absence de transparence et au manque de réactivité des administrations. De son côté, le CESE estime que la sous-exploitation des instruments de la démocratie participative contribue à brider la lutte contre la mal gouvernance.

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«Près de la moitié des Marocains croient en leur capacité à influencer la lutte contre la corruption, mais le manque de confiance dans les institutions demeure un frein majeur à leur engagement», a déclaré Bachir Rachdi, président de l’Instance nationale de la probité, de la prévention et de la lutte contre la corruption (INPPLC), lors d’une conférence nationale tenue à Rabat le 5 février 2025 sur le thème «L’engagement et la contribution des citoyens à la gestion des affaires publiques et à la lutte contre la corruption».



Cet événement, organisé en partenariat avec le Conseil économique, social et environnemental (CESE), a mis en lumière les défis de l'engagement citoyen dans la gestion des affaires publiques et la gouvernance. Selon une étude en cours menée par l’INPPLC, le baromètre de la confiance, dont la première édition sera publiée au milieu de l'année, révèle une tendance préoccupante : les jeunes sont les plus sceptiques vis-à-vis des institutions et les plus critiques envers les politiques publiques, jugées inefficaces en matière de lutte contre la corruption. Pour Bachir Rachdi, cette désaffection s’explique par un sentiment d’impuissance face à l’absence de transparence et au manque de réactivité des administrations. «Créer un climat de confiance est une condition essentielle pour renforcer la participation des citoyens», a insisté M. Rachdi. Il a ainsi plaidé pour une meilleure gouvernance, des institutions plus ouvertes au dialogue et un cadre juridique clair qui garantit l’intégrité du processus décisionnel.

Démocratie participative : un levier sous-exploité

De son côté, Ahmed Réda Chami, président du CESE, a rappelé que la participation citoyenne était inscrite dans la Constitution, mais restait encore marginale en raison de lourdeurs administratives et d’un manque de sensibilisation. «Les citoyens veulent s’impliquer davantage dans la gestion des affaires publiques, mais les outils de participation restent peu accessibles et peu efficaces. Pourtant, les expériences menées au Maroc, comme les budgets participatifs et les plateformes de consultation, montrent que lorsque les citoyens sont réellement impliqués, les politiques publiques sont plus adaptées à leurs besoins», a souligné M. Chami. Ce dernier a également insisté sur l’urgence d’un cadre légal contraignant pour structurer ces mécanismes et éviter qu’ils ne restent à la discrétion des administrations. Selon lui, sans une institutionnalisation du dialogue citoyen, la défiance envers les pouvoirs publics risque de s’aggraver.
Ainsi, pour pallier ces déficits, les deux institutions comptent renforcer leur collaboration avec la société civile et les médias pour créer une culture de vigilance citoyenne et encourager la co-construction des politiques publiques. L’INPPLC prévoit ainsi d’organiser une série de rencontres régionales pour impliquer davantage les citoyens dans la définition des priorités de la lutte contre la corruption. De son côté, le CESE propose une refonte des mécanismes de participation citoyenne pour faciliter l’expression des préoccupations des citoyens et leur intégration dans le processus décisionnel. Pour les citoyens, la question qui demeure toutefois est : les pouvoirs publics seront-ils prêts à mettre en œuvre ces recommandations et à leur donner un véritable pouvoir ? Pour beaucoup, la clé du succès réside dans la volonté politique de traduire ces engagements en actions concrètes.
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