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Comment le régime algérien a déclenché perfidement la Guerre des sables

La Guerre des sables a marqué pour toujours les relations entre le Maroc et l’Algérie, qui a vécu sa défaite comme une humiliation ineffaçable. Malgré la responsabilité patente de son armée dans le déclenchement des hostilités, elle persiste dans la dénégation. Pourtant, les choses sont claires, comme le reconnaissent beaucoup de sages et de voix indépendantes parmi les intellectuels et les hommes de la Révolution. En s’employant à empoisonner ses relations avec Rabat au lendemain de l’indépendance, le régime algérien cherchait en fait à esquiver les pourparlers visant le règlement de la question des frontières héritées de la colonisation française.

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Soixante ans après la Guerre des sables, l’Algérie refuse toujours de reconnaître que c’était elle qui avait déclenché les hostilités en attaquant le Maroc perfidement, alors que le Royaume comptait de bonne foi sur sa collaboration pour le règlement de la question des frontières héritées de la colonisation française.



Dans un dossier édifiant publié par nos confrères du mensuel «Zamane», une lumière crue est mise sur les circonstances de cette guerre fratricide qui marquera à jamais les relations entre Rabat et Alger, sur ses motivations profondes et surtout sur la partie qui a attaqué en premier. Dans un article signé par l’historien et intellectuel Hassan Aourid, la publication explique comment le gouvernement provisoire d’Algérie a évité d’aborder la question de la délimitation des frontières avec le Royaume du Maroc. L’auteur revient sur les pourparlers entamés les 7 et 8 janvier 1962, la visite de Feu Hassan II à Alger en 1963 à l’invitation de Ben Bella et les tergiversations de ce dernier qui a demandé du temps, en attendant l’installation des institutions algériennes. «Une réponse qui laissa sceptique la partie marocaine», raconte l’historien.

Entretemps, la tension monte soudainement et inexplicablement du côté algérien, chose qui confirma la défiance du Royaume. Car dans la foulée des divergences entre les leaders de la révolution et de la quête identitaire après l’indépendance, Hocine Aït Ahmed crée le Front des forces socialistes et aussitôt après, il est accusé par d’autres protagonistes de la révolution algérienne et sans preuve aucune de collusion avec le Maroc, qui cherchait selon eux à encourager l’insurrection kabyle. Malgré les gages de bonne foi et les explications du Maroc, la rupture est consommée. Le nouveau régime algérien a tout fait pour saborder toute initiative d’apaisement.

Fort étonné par l’escalade verbale de Ben Bella, le défunt Roi Hassan II envoie son émissaire pour préparer une rencontre entre deux responsables mandatés par les deux Chefs d’État. C’est ainsi que Guédira et Bouteflika se rencontrent le 5 octobre à Oujda. Ce dernier déclara à l’issue de la rencontre que «le peuple algérien n’a pas oublié l’attitude du Maroc lors de la guerre d’Algérie. Chaque Algérien se considère au Maroc comme chez lui, tout comme chaque Marocain est chez lui en Algérie». Mais contre toute attente, les choses se sont détériorées rapidement, à cause d’un coup traître du nouveau régime algérien.

«Début octobre 1963, des éléments de l’Armée algérienne firent incursion dans la province de Ouarzazate à Hassi Beida et Tin Joub, postes marocains. Il y a eu un contact amical entre les éléments de l’Armée algérienne et les Forces auxiliaires marocaines. Le 7 octobre, ils réapparurent et enjoignirent au chef des postes des Forces auxiliaires d’évacuer les lieux. Le 8 octobre, devant le refus du chef de poste de s’exécuter, les éléments de l’Armée algérienne tinrent les éléments des forces marocaines par surprise, détruisirent le bivouac au mortier et au lance flammes et tuèrent dans la foulée une dizaine de Mokhaznis. Les survivants durent se replier et le poste fut occupé par l’ANP», se rappelle l’auteur du dossier publié par «Zamane». Feu S.M. Hassan II dépêcha alors son directeur de cabinet, Mohamed Medbouh, et son ministre de l’Information, Abdelhadi Boutaleb, raconte l’historien Hassan Aourid. Mais «Ben Bella est hors de lui et s’interdit d’exprimer une quelconque compassion ou condoléances pour les Mokhaznis tués, ni de reconnaître une quelconque dérive. Le Maroc n’a d’autre choix que de mener une action pour récupérer ce qui lui appartient».

Après la proclamation du cessez-le-feu, les relations entre les deux pays seront à jamais affectées par cette guerre vécue comme une humiliation pour le régime algérien qui persiste toujours dans la dénégation de la réalité. À aucun moment, il ne reconnaîtra la responsabilité de son armée dans cette agression. Pourtant, les choses sont claires, comme le reconnaissent beaucoup de sages et de voix indépendantes parmi les intellectuels et les hommes de la Révolution. «L’Algérie vit toujours sous le mythe de l’attaque traitresse du Maroc, alors qu’elle sortait exsangue d’une guerre de libération. Et pourtant, c’est le Maroc qui fut attaqué et non l’inverse». Voilà ce qu’écrit l’historien algérien Kamel Lakhdar Chaouche dans son livre «Algérie, procès d’un système militaire» (VA Editions, 2019).
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