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Économie de la santé au Maroc : les trois paris de l’avenir pour l'Istiqlal

«L'économie de la santé» tel est le thème d’une rencontre débat organisée jeudi dernier à Casablanca par l'Alliance des économistes istiqlaliens. L’évènement, qui a rassemblé des experts, des responsables politiques et des professionnels du secteur, a abordé la question à travers le triple prisme de l’équité, de la pérennité et de la souveraineté. Les intervenants, qui ont mis en avant les ambitions du Maroc dans ce domaine et les enjeux sociaux y afférents, se sont attelés à disséquer les contraintes qui pèse sur le système de santé et les leviers à actionner pour favoriser son développement. «L'économie de la santé représente près de 6% du PIB marocain contre 10% dans les pays développés», a souligné d’entrée de jeu le président de l'Alliance des économistes istiqlaliens, Abdellatif Maâzouz, comme pour signifier l’importance majeure de cette Conférence.

Le débat organisé le 20 mars 2025 par l'Alliance des économistes istiqlaliens (AEI), en collaboration avec l'Alliance des ingénieurs, l'Alliance des médecins et la Fondation Konrad Adenauer Stiftung, a mis en lumière les enjeux cruciaux qui détermineront l'avenir du système de santé au Maroc. Les discussions ont porté sur plusieurs axes majeurs : le financement durable de la couverture santé universelle face à l'accroissement des besoins, l'amélioration de l'offre de soins via le développement des infrastructures et de la télémédecine, et l'instauration d'une gouvernance plus efficace pour concilier les intérêts des secteurs public et privé. Un point d'attention particulier a été accordé à l'essor de l'industrie pharmaceutique, avec l'ambition de renforcer la souveraineté sanitaire par une production locale accrue de médicaments et d'équipements médicaux.

Dans son allocution inaugurale en sa qualité de président de l'Alliance des économistes istiqlaliens, Abdellatif Maâzouz, a mis en avant l’actualité et la pertinence de la question de l’économie de la santé tout en précisant les trois considérations majeures ayant motivé ce choix.

Il avance comme première raison l'engagement du Maroc dans le programme ambitieux de couverture sanitaire universelle, un modèle qui requiert une démarche systémique intégrant différentes composantes de l'écosystème santé, telles que l'offre de soins, le parcours du patient, les moyens financiers, le capital humain, l'innovation et la recherche, les produits et équipements de santé, et la logistique. «Approcher le sujet dans une démarche d’économie de la santé nous permettra d’aborder les contours de ces différentes composantes dans notre pays», a expliqué M. Maâzouz.

La deuxième raison citée est en lien avec la question de la soutenabilité et la durabilité du système de couverture médicale généralisée. L’intervenant signale ainsi que l’augmentation des besoins avec la croissance démographique, ainsi que la progression de la généralisation du système, représentent un enjeu majeur pour le Maroc, impliquant une veille constante pour mobiliser les financements nécessaires. Il ajoute que la durabilité passe par la satisfaction des besoins médicaux, l'optimisation des ressources via une bonne gouvernance, une implantation territoriale équilibrée, une cohérence entre les opérateurs publics et privés, et un encouragement accru du tiers secteur.

Renforcer le système de santé, une volonté au plus haut niveau

L'importance économique du secteur de la santé et son rôle dans la souveraineté sanitaire sont une autre raison qui a guidé le choix de la thématique. M. Maâzouz explique que l'économie de la santé représente près de 6% du PIB marocain (contre 10% dans les pays développés), et qu’elle est également au cœur de la souveraineté sanitaire, devenue une priorité nationale pour le Maroc, surtout après la crise de la Covid-19. Son objectif principal est de répondre aux besoins de la population en matière de santé, y compris en temps de crise, mais aussi de renforcer la position du Maroc comme acteur clé dans le domaine de la santé sur le continent africain.

«Sa Majesté le Roi Mohammed VI a été à l’avant-garde de cette ambition. Dans plusieurs de ses discours, il a insisté sur la nécessité de renforcer le système de santé national et de promouvoir la production locale de produits et services médicaux», a-t-il relevé.

Équité et souveraineté, piliers d’une économie de santé solide et pérenne

La séance inaugurale a, également, été marquée par l’intervention de Nizar Baraka, secrétaire général du parti de l'Istiqlal, qui a mis en avant la vision royale ayant défini la feuille de route pour la réforme du secteur de la santé.

M. Baraka rappelle que le Maroc dispose d'une stratégie ambitieuse visant à transformer le secteur de la santé en un véritable levier de son développement économique et social. Cette vision, telle que présentée par Nizar Baraka, repose sur une feuille de route bien définie, des institutions de gouvernance dédiées et des ressources financières significatives. Ensemble, ces trois éléments forment un triptyque gagnant qui soutient cette vision et assure la transition vers une économie de la santé durable et inclusive.

Le responsable a mis l'accent sur deux axes fondamentaux qui, selon la vision de son parti, constituent les piliers essentiels de cette politique de la santé : l'équité et la souveraineté. Ces éléments clés, précise-t-il, sont indispensables pour favoriser le développement d'une économie de la santé solide et pérenne.

Assurer l'effectivité du droit à la santé

Concernant l'équité, M. Baraka a particulièrement insisté sur le caractère fondamental du droit à la santé et la nécessité de le rendre effectif pour tous les citoyens. «Le droit d'accéder à la santé est un droit régalien qui est défini dans le cadre de notre Constitution. Dans ce cadre-là, ce droit doit être effectif», a-t-il souligné.

Pour atteindre cet objectif, un certain nombre d’actions ont été entreprises dans ce sens, notamment la généralisation de l'assurance maladie et l'ouverture de l'accès au secteur privé pour les bénéficiaires de l'AMO Tadamon. «Aujourd'hui, nous avons réalisé une avancée certaine en généralisant cet accès à une grande partie de la population, mais il n'en demeure pas moins que l'objectif qu’on s’était fixé n'a toujours pas été atteint», a-t-il déploré.

La décision de créer un centre universitaire hospitalier (CHU) dans chaque région s’inscrit également dans cet objectif d’équité. «Les CHU vont jouer un rôle important dans les groupements régionaux de la santé à l'avenir, puisqu’ils en constitueront le pilier permettant d’élaborer et de mettre en œuvre cette politique territoriale de la santé», a-t-il indiqué. Ces structures sanitaires régionales auront également un rôle prépondérant dans la formation, permettant de pallier le déficit de personnel médical et sa forte concentration dans certaines régions, a ajouté M. Baraka. «Si on regroupe les trois régions que sont Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Marrakech-Safi, nous sommes à plus de 45% des médecins publics et 65% des médecins privés. Nous avons dans ces trois régions 70% des cliniques privées du royaume et nous avons 55% des lits des hôpitaux privés», a-t-il fait savoir.

La déconcentration pour une meilleure accessibilité

Toujours dans le souci de concrétiser le principe de l’équité, M. Baraka a mis en avant l’importance de la déconcentration de la politique de la santé, avec une définition des besoins de santé au niveau de chaque territoire et la mise en place de cartes sanitaires régionales opposables aux secteurs public et privé pour une meilleure répartition des investissements. «Nous avions toujours eu tendance à établir la politique de la santé à partir de Rabat. Aujourd'hui, l'idée est qu’elle doit être définie en fonction des besoins de santé de chaque territoire», déclare-t-il.

Le chef du parti de l’Istiqlal relève aussi la nécessité de renforcer le secteur public pour qu'il puisse jouer pleinement son rôle et développer des spécialités de haut niveau, mais aussi soutenir le secteur privé, dans une approche de complémentarité, afin de renforcer l'accès aux soins. « Si nous voulons répondre véritablement à la problématique de l'accès aux soins pour l'ensemble de nos concitoyens et leur assurer les services de soins de base, il est essentiel qu'on puisse nous appuyer sur le secteur privé», a-t-il insisté

La réduction du coût de la santé pour les citoyens constitue également un élément fondamental pour le développement d’une économie de la santé. L’allégement de ce fardeau financier passe par l'élargissement du tiers payant, accompagné d'une cartographie et d'un suivi des actes, ainsi que la mise en place des dossiers médicaux numérisés. Dans le même sillage, le haut responsable soulève la question des prix des médicaments, soulignant l’importance d’établir une politique des prix bien négociée pour assurer un équilibre entre la baisse de la facture sanitaire pour les citoyens et la durabilité de l'accès aux médicaments. «Il ne s'agit pas de faire du populisme ni d'entrer dans une course vers la baisse des prix. Il faut faire en sorte que les gens paient le prix juste», a-t-il souligné.

Souveraineté sanitaire, une vision à trois niveaux

Tout comme l’équité, la souveraineté revêt une importance primordiale dans la mise en place d’une économie de santé solide et pérenne. Telle que présentée par Nizar Baraka, l’action du Maroc en matière de souveraineté sanitaire s'articule autour de trois niveaux. Le premier concerne la production de médicaments, où le Maroc couvre actuellement environ 70% de ses besoins et cherche à développer ses capacités d'exportation, notamment vers l'Afrique. Dans ce sens, relève le responsable, un effort particulier doit être fait pour le renforcement de l'intégration en profondeur de l'industrie pharmaceutique et l'évolution vers un niveau technologique plus élevé. «Aujourd'hui, le niveau d'intégration est trop bas. On est à 20%, on doit passer à 50%», a-t-il insisté. «Il faut aussi qu'on passe de la logique de la formulation vers les principes actifs si on veut véritablement être au niveau auquel nous aspirons dans le cadre de l'ambition qui a été fixée par le Souverain», poursuit-il.

Le deuxième niveau, selon M. Baraka, concerne la production des dispositifs médicaux où des progrès ont été réalisés, mais doivent être développés davantage. Quant au troisième axe, qu’il faut aussi renforcer, il porte sur le développement technologique dans le domaine de la santé.

«Nous avons des acteurs marocains de haut niveau, privés ou publics, qui agissent dans ce sens avec le développement des tests, de la bio-simulation..., mais on voudrait aller encore plus loin pour arriver aux jumeaux numériques afin de pouvoir fabriquer les tests et accélérer la recherche en médicaments et jouer ainsi dans la cour des grands», a-t-il affirmé, notant que l'e-santé et l'intelligence artificielle sont des leviers importants pour progresser dans ce domaine.

La prévention, la grande oubliée

M. Baraka n’a pas omis d’aborder la question de la prévention, pour laquelle la vision stratégique accorde une importance cruciale. «En plus de toutes les actions précitées, permettant de favoriser l'économie de la santé, la prévention est un axe qu'on oublie souvent et qui est pourtant inscrit dans le cadre de la loi-cadre», a-t-il signalé, expliquant qu’en matière de prévention, une action multidimensionnelle est nécessaire, touchant, entre autres, à la qualité de l'eau, à la prévention des accidents de la route, à la lutte contre le tabagisme et à la réduction des cas de mésothéliome liés à l'amiante. L'objectif est d'assurer non seulement une augmentation de l'espérance de vie, mais aussi une espérance de vie en bonne santé. La télémédecine est également identifiée comme un axe important pour assurer des conseils et des actes à distance.

«Aujourd'hui, le numérique, la prévention ainsi qu’une action déterminée avec une accélération du rythme, le tout combiné à une meilleure territorialisation et une meilleure connaissance de nos besoins, nous permettront de réussir ce challenge qui est de faire de la santé un véritable levier du développement durable», a conclu le SG du parti de l’Istiqlal.

Ryad Mezzour : «L’industrie pharmaceutique doit améliorer de 70% son chiffre d’affaires à l’export pour assurer sa pérennité»

Bien que le Maroc ait développé une base de production locale significative en volume grâce à une stratégie protectionniste, sa pérennité et sa croissance future dépendent de sa capacité à innover, à attirer des investissements stratégiques, à améliorer sa compétitivité internationale et à s'orienter vers l'exportation, tout en continuant à répondre aux besoins de santé de la population marocaine et en renforçant la souveraineté sanitaire.

Pour Ryad Mezzour, ministre de l'Industrie et du commerce, le secteur de la santé n’est pas un secteur comme les autres. «C’est un secteur extrêmement sensible et extrêmement important, car il touche à la vie humaine et à la souveraineté sanitaire d'un pays», affirme-t-il. C'est cette sensibilité qui a conduit le Maroc à adopter une approche extrêmement protectionniste dans sa stratégie industrielle, en particulier en ce qui concerne la composante médicamenteuse de ce secteur.

Mais cette approche n’est pas sans conséquence, notamment la dépendance aux importations pour les médicaments remboursés. Le ministre souligne que malgré un certain niveau de production locale (environ 75% des boîtes de médicaments), cette production ne représente que 50% du chiffre d'affaires du secteur, et 80% des médicaments remboursés sont des médicaments importés. Ce constat révèle, selon lui, une dichotomie certaine et soulève des questions quant à l'efficacité de la protection pour atteindre une véritable souveraineté en termes de valeur et d'accès aux médicaments essentiels.

Face à ce constat, une volonté de renforcer la souveraineté dans le secteur pharmaceutique a émergé, avec des efforts pour élargir la gamme de médicaments et de dispositifs médicaux produits localement, notamment dans les domaines des anticancéreux, des dispositifs médicaux, des génériques et des vaccins

Pour atteindre cet objectif, M. Mezzour insiste sur la nécessité de fluidifier la réglementation pour accélérer l'enregistrement des médicaments et d'attirer des investissements importants, en particulier dans le domaine de la chimie, qui est essentielle pour une production compétitive à l'exportation.

Le ministre affirme que l'investissement dans le secteur pharmaceutique est jugé faible par rapport à d'autres industries, et il est crucial de le dynamiser pour développer une capacité de production à grande échelle. Il met également en garde contre le risque de voir l'industrie pharmaceutique marocaine, qui emploie 65.000 personnes, menacée à terme si elle ne parvient pas à s'orienter massivement vers l'exportation et à devenir plus compétitive au niveau mondial.

«Cette industrie, dont seulement 10% du chiffre d'affaires est actuellement exporté, doit rapidement augmenter cette part à plus de 60%, voire 70%, pour assurer sa pérennité et sa compétitivité», soutient le ministre, assurant qu’elle a le potentiel de tripler, et même de quadrupler sa taille.

Hassan Boubrik : «Pour la TNR, je ne pense pas qu'il faille aligner le public sur le privé»

Hassan Boubrik, directeur général de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), a indiqué qu'il ne fermait pas la porte à une éventuelle révision de la Tarification nationale de référence (TNR), notamment en raison notamment des différences tarifaires constatées entre les secteurs public et privé.

«Je ne suis pas opposé à une révision du TNR, mais je ne pense pas qu'il faille aligner le public sur le privé, sinon il n’y a aucun intérêt pour l'assurance maladie», lance le responsable.

À la place, il privilégie une légère augmentation pour le public dans le cadre d'un contrat qui repose sur l'observation d'une migration de la population du secteur privé vers le secteur public. L'objectif est de créer une situation gagnant-gagnant : le secteur public bénéficie de nouvelles ressources, tandis que la CNSS réduit ses dépenses.

La question de la nomenclature des actes médicaux a également été soulevée, un sujet compliqué de l’avis de M. Boubrik. «On parle de 700 ou 800 actes non répertoriés, mais ce chiffre n'est pas exact. Il y a beaucoup d'actes qui peuvent être assimilés ou retrouvés dans des forfaits. Cela réduit à un peu plus de 200 le nombre des actes qui ne sont pas répertoriés actuellement», assure-t-il.

S'agissant de la soutenabilité du financement, le haut responsable a appelé à la prudence concernant l'élargissement de la couverture médicale (nomenclature, médicaments, actes). La faiblesse des ressources impose une gestion rigoureuse afin d'éviter une inadéquation potentielle entre les besoins et les moyens.

M. Boubrik a également insisté sur la nécessité d’une augmentation raisonnable des dépenses de santé pour éviter de rendre le système insoutenable pour l'économie marocaine.

«Les dépenses de santé ont été estimées en 2018 à 5,3% du PIB. C’est un taux très faible. À ce titre, je pense qu’augmenter les dépenses de santé à 6,5 à 7% est raisonnable et même souhaitable», explique-t-il, ajoutant que la prévention et la prise en charge précoce sont des éléments importants pour maîtriser les coûts à long terme.

Khalid Lahlou : «2,9% des assurés de l’AMO consomment 57% de la dépense globale de la CNSS»

Khalid Lahlou, président de l’Alliance des médecins istiqlaliens et directeur général de l'Agence nationale de l'assurance maladie (ANAM), a abordé dans son intervention les défis de la soutenabilité du système de santé au Maroc, ces derniers s’articulant selon lui autour de trois dimensions principales. La première concerne l'accessibilité financière aux soins, notamment le restant à charge élevé pour les patients et la nécessité d'intégrer de nouveaux traitements et prestations remboursables.

«Le restant à charge pour le patient s’élève aujourd’hui à plus de 35%», signale-t-il. Ce faible taux de remboursement soulève selon lui une problématique importante qui interroge l'efficacité des systèmes mis en place par le cadre réglementaire existant. Il souligne la nécessité d'intégrer dans le cadre légal et conventionnel des mesures telles que l'inclusion de médicaments non remboursables et le remboursement de certaines prestations coûteuses qui ne le sont actuellement que par dérogation.

La deuxième dimension concerne l'évolution démographique et épidémiologique, marquée par le vieillissement de la population et la prévalence croissante des maladies chroniques, soulignant l'importance cruciale de la prévention et de la maîtrise des dépenses.

Le responsable alerte sur l'augmentation de la morbidité liée à l'âge qui exerce une pression considérable sur les dépenses de santé futures et menace la soutenabilité du système. «Pour la CNSS, une proportion de 2,9% de la population couverte dans le cadre de l’AMO des salariés privés, consomme 57% de la dépense globale», indique-t-il. Cette concentration des dépenses sur une petite partie des assurés, vraisemblablement ceux atteints de pathologies chroniques et souvent âgés, met en évidence la tension financière engendrée par cette transition démographique et épidémiologique.

La troisième dimension qui constitue un enjeu majeur pour la soutenabilité du système de santé au Maroc est liée au partenariat public-privé. M. Lahlou critique la conception qui en a été faite en 2015 dans le texte de loi promulgué, la jugeant trop réductrice par rapport aux ambitions. Il explique que ce cadre juridique se limitait à des achats de services, tels que le traitement des déchets hospitaliers, sans envisager un partenariat macro.

M. Lahlou propose trois niveaux de partenariat possibles : un partenariat dans le cadre du financement, un partenariat de services et un partenariat mixte. Pour ce dernier, il s’agit d’intégrer le financement, le service et potentiellement déléguer la gestion, notamment dans les régions où le secteur public manque de personnel médical et de gestionnaires compétents.

Mais pour favoriser ces partenariats, il est essentiel de surmonter certains défis et contraintes, notamment le manque d'attractivité du système public pour les investissements privés. Cette attractivité est amoindrie davantage par les difficultés administratives liées à l'investissement dans le secteur de la santé, caractérisées par de multiples niveaux de décision et des blocages.

M. Lahlou conclut en plaidant pour l'adoption d'une vision globale de ce partenariat public-privé, incluant une quantification des coûts nécessaires pour satisfaire les besoins au niveau territorial, tout en laissant une marge de manœuvre aux gestionnaires régionaux pour implanter cette nouvelle vision. L'objectif est d'encourager l'économie nationale à travers la création d'emplois, l'utilisation et la mobilisation des ressources, et de permettre au secteur public de bénéficier de la performance en termes de gestion du secteur privé, reconnue comme potentiellement supérieure.

Dr Mohamed Elmandjra : «Nous avons besoin d’un secteur public qui ne voit pas la réussite du secteur privé comme un échec»

Pour Dr Mohamed Elmandjra, PDG du groupe Oncologie et diagnostic du Maroc (ODM), il est essentiel de promouvoir une synergie entre le secteur public et le secteur privé. Ce qui suppose selon lui une vision où un secteur public fort peut coexister et potentiellement collaborer avec le secteur privé au sein d’un système sanitaire global, chacun contribuant à sa manière à l'amélioration de l'offre de soins.

En réaction aux propos de Nizar Baraka, secrétaire général du Parti de l’Istiqlal, concernant la nécessité de renforcer le secteur public et soutenir le secteur privé dans une approche de complémentarité, M. Elmandjra a exprimé le souhait que ce secteur public ne perçoive pas la réussite du privé comme un échec du public.

Cette perspective implique que la force du secteur public ne doit pas nécessairement s'opposer au développement du secteur privé, mais plutôt œuvrer à la mise en place d'un système de santé global performant.
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