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Yassine El Yattioui décrypte l’approche humanitaire et solidaire de S.M. le Roi

La vision humanitaire et solidaire du Maroc, sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, se distingue par son approche globale et proactive. Yassine El Yattioui, secrétaire général et chercheur associé à NejMaroc, décrypte pour «Le Matin» les fondements, les priorités et les actions concrètes de l’approche humanitaire Royale, qui conjugue réactivité face à l’urgence, soutien au développement durable et rayonnement international.

La Fondation Mohammed V pour la solidarité constitue le fer de lance de la mise en œuvre de la vision humanitaire de Sa Majesté le Roi
La Fondation Mohammed V pour la solidarité constitue le fer de lance de la mise en œuvre de la vision humanitaire de Sa Majesté le Roi
Le Matin : Pouvez-vous nous donner un aperçu général de la vision humanitaire et solidaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI ?

Yassine El Yattioui décrypte l’approche humanitaire et solidaire de S.M. le Roi



Yassine El Yattioui :
La vision humanitaire et solidaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI repose sur une conception intégrée de la fraternité nationale et de la responsabilité internationale. À l’échelle nationale, cette vision se traduit par la promotion d’une culture de la solidarité non plus limitée à des actions ponctuelles, mais ancrée dans le comportement et l’organisation de l’État et de la société civile. Dans cette perspective, la création de structures institutionnelles dédiées à la solidarité, telles que la Fondation Mohammed V pour la solidarité, n’apparaît pas uniquement comme un instrument philanthropique, mais bien comme un vecteur d’innovation sociale. La Fondation, en intervenant dans des domaines variés – secours d’urgence, lutte contre l’exclusion, développement local –, incarne le principe selon lequel l’action humanitaire ne doit pas se limiter à la réponse aux crises, mais contribuer à la transformation durable des territoires et des comportements.

Sur le plan international, la dimension humanitaire de la vision Royale s’articule autour d’une coopération Sud–Sud renforcée. Plutôt que de s’inscrire exclusivement dans le cadre des relations Nord–Sud traditionnelles, le Maroc sous l’impulsion du Souverain a cherché à développer des partenariats de co-développement avec d’autres pays du Sud, en particulier africains. Cette approche se fonde sur le présupposé que les pays du Sud partagent des défis communs – vulnérabilité aux changements climatiques, pauvreté rurale, fragilité des systèmes de santé – et que la solidarité ne peut se limiter à un simple transfert de ressources, mais doit s’appuyer sur un échange de savoir-faire adapté aux contextes locaux. Ainsi, les programmes d’appui technique et les formations déployés dans plusieurs pays du continent africain témoignent de la volonté d’engager une véritable circulation des compétences, de façon à consolider les capacités locales et à nourrir un sentiment de responsabilité partagée.

De plus, la vision Royale intègre une dimension éthique forte : la solidarité n’est pas un simple impératif moral, mais un levier d’équité sociale et de cohésion nationale. En rappelant que le progrès économique doit être jugé à l’aune de ses effets sur les catégories les plus vulnérables, Sa Majesté Mohammed VI inscrit la responsabilité sociale parmi les priorités centrales de la gouvernance. L’idée est de replacer l’humain au cœur des politiques publiques, non en tant que bénéficiaire passif d’aides, mais en tant qu’acteur de son propre développement. C’est pourquoi les programmes de volontariat, les initiatives de participation citoyenne dans les projets de développement local, ainsi que les campagnes de sensibilisation à la citoyenneté solidaire occupent une place essentielle dans la démarche Royale, contribuant à ancrer durablement dans les mentalités l’idée que la solidarité est une affaire de tous.



Quels sont les principaux axes ou priorités de cette approche ?

L’approche humanitaire et solidaire prônée par le Roi Mohammed VI s’organise selon plusieurs axes prioritaires qui visent à agir simultanément sur les déterminants sociaux, économiques et territoriaux du bien-être.

• Le premier axe concerne la santé de proximité et l’équité territoriale. Conscient que l’accès aux soins reste inégal selon les régions, le Souverain a visé la création de centres médicaux de proximité et le déploiement d’unités mobiles, afin de répondre à la fois à la problématique de la surcharge des hôpitaux urbains et à l’isolement des populations rurales. Cette stratégie repose sur une logique de décentralisation des services de santé, couplée à l’utilisation des nouvelles technologies de l’information pour appuyer la télé-expertise et le partage des connaissances entre praticiens. L’objectif est de construire un continuum de soins qui réduise les délais d’attente, améliore le suivi des pathologies chroniques et anticipe les flambées épidémiques.

• Le second axe s’articule autour de l’éducation et de la formation. La réforme en profondeur du système éducatif, fondée sur une pédagogie différenciée, a pour ambition de lutter contre le décrochage scolaire et d’élever le niveau de compétences des jeunes, essentiels à la compétitivité future du pays. L’introduction de méthodes pédagogiques basées sur l’évaluation diagnostique des acquis, ainsi que le renforcement des filières techniques et professionnelles, visent à mieux adapter l’offre éducative aux besoins du marché de l’emploi. Parallèlement, le développement de partenariats avec des institutions étrangères d’excellence contribue à enrichir les programmes et à favoriser la mobilité académique.

• Le troisième axe porte sur la lutte contre la pauvreté multidimensionnelle. Au-delà des transferts monétaires et des dispositifs de microcrédit, l’attention portée à l’inclusion sociale intègre désormais des volets d’accompagnement psychosocial, de soutien à l’entrepreneuriat local et de renforcement du tissu associatif. Cette approche globale reconnaît que la pauvreté ne se limite pas à l’insuffisance de revenus, mais comprend une privation d’accès aux services de base, à l’éducation, à la santé et aux opportunités économiques. L’Initiative nationale pour le développement humain, instrument phare de cette stratégie, évolue donc vers un modèle qui privilégie la responsabilisation des bénéficiaires, la participation communautaire et le suivi des résultats.

• Le quatrième axe est celui de l’inclusion économique et sociale des groupes vulnérables. Les femmes, les jeunes des quartiers défavorisés et les personnes en situation de handicap font l’objet de programmes ciblés visant à lever les obstacles à leur insertion professionnelle. À travers des formations certifiantes, des incubateurs de startups sociales et des partenariats avec le secteur privé, ces initiatives cherchent à créer des opportunités durables, gage d’une cohésion sociale renforcée.

Vous avez souligné que la Fondation Mohammed V pour la solidarité était plus qu’un simple instrument philanthropique. Comment cette institution, selon vous, incarne-t-elle et façonne-t-elle la vision humanitaire du Maroc ?

La Fondation Mohammed V pour la solidarité occupe un rôle central dans la matérialisation de la vision humanitaire et solidaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Institutionnalisation de la solidarité, catalyseur de ressources, vecteur d’innovation sociale et plateforme de coordination multilatérale : autant de fonctions qui, conjuguées, font de la Fondation l’un des principaux leviers opérationnels de l’action humanitaire au Maroc et à l’international.

En premier lieu, la Fondation incarne le processus de valorisation institutionnelle de la solidarité. Plutôt que de se limiter à des initiatives ponctuelles portées exclusivement par l’État ou par les acteurs associatifs, la création de cet organisme en 1999 a permis de doter le pays d’un instrument permanent, doté de structures administratives, d’une stratégie de développement et d’une gouvernance spécifique. Cette structuration a pour effet de professionnaliser les interventions solidaires, de leur apporter une capacité d’anticipation et de planification, ainsi que la transparence nécessaire pour attirer des partenariats. En définissant des domaines d’action clairs – secours d’urgence, lutte contre la précarité, soutien aux groupes vulnérables, développement local –, la Fondation est ainsi devenue le pivot autour duquel s’articulent à la fois les opérations publiques, les initiatives privées et les dynamiques associatives.

En deuxième lieu, la Fondation joue un rôle de catalyseur de ressources, financières, matérielles et humaines. D’une part, elle mobilise et canalise les crédits publics alloués à la solidarité, en garantissant leur affectation à des projets d’impact mesurable. Ces fonds, largement subventionnés par l’État, constituent un socle budgétaire pérenne. D’autre part, la Fondation Mohammed V agit comme intermédiaire auprès du secteur privé et des donateurs internationaux : partenariats de mécénat d’entreprises pour l’équipement des centres de santé ou la construction de logements sociaux, appels à la générosité publique lors de crises majeures, réseaux de fondations homologues à l’étranger pour le financement de projets de co-développement. En agrégeant ainsi les contributions de tous les acteurs – publics, privés et associatifs – la Fondation accroît la portée de chaque dirham investi, tout en élargissant le spectre des interventions.

Troisièmement, la Fondation Mohammed V joue un rôle d’innovation sociale. Les projets qu’elle pilote n’ont pas uniquement pour but de répondre à des besoins immédiats ; ils visent aussi à tester des solutions nouvelles pour accroître l’inclusion et renforcer l’autonomie des bénéficiaires. La mise en place de centres de formation polyvalents dans les zones rurales, l’expérimentation de modèles de microcrédit solidaire couplé à un accompagnement psychologique, ou encore l’introduction de dispositifs de télé-médecine dans les unités mobiles sont autant d’illustrations de cette capacité à concevoir des programmes pilotes, à en mesurer l’efficacité puis, le cas échéant, à les monter en échelle. En liant systématiquement innovation et solidarité, la Fondation contribue à faire émerger un écosystème national de l’action sociale qui s’inspire des meilleures pratiques internationales tout en les adaptant aux spécificités locales.

Quatrièmement, la Fondation joue un rôle de coordination et de synergie avec les politiques publiques. Elle agit comme bras armé de l’État dans le domaine social, en prenant en charge l’exécution opérationnelle de certaines composantes des plans gouvernementaux. Par exemple, lors des campagnes annuelles de soutien aux familles durant le mois du Ramadan ou des opérations hivernales de lutte contre le grand froid, la Fondation coordonne l’approvisionnement, la logistique et la distribution, en collaboration avec les communes, les établissements de sécurité sociale et les forces de l’ordre. Cette répartition claire des rôles libère les administrations de certaines tâches logistiques, tout en assurant une cohérence d’ensemble entre les interventions humanitaires et les objectifs de développement à long terme.

Enfin, cette institution majeure occupe une place stratégique dans la dimension internationale de la vision Royale. Elle sert de point d’ancrage pour la coopération Sud–Sud, en partenariat avec d’autres fondations africaines homologues et des agences des Nations unies. En envoyant des équipes d’experts et de volontaires dans des zones sinistrées à l’étranger, ou en finançant des programmes de renforcement des capacités sanitaires et éducatives dans plusieurs pays du continent, la Fondation incarne l’ambition marocaine de partager son expérience de développement et de solidarité, tout en renforçant son rayonnement diplomatique. Par ce rôle, la Fondation Mohammed V ne se contente pas d’agir comme opérateur social : elle est aussi un vecteur de soft power, illustrant concrètement la volonté Royale de faire de la solidarité un trait distinctif de la politique extérieure marocaine.

Ainsi, la Fondation Mohammed V pour la solidarité, en tant qu’instrument institutionnel, financier, innovant, coordonnateur et diplomatique, constitue le fer de lance de la mise en œuvre de la vision humanitaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Sa capacité à agréger les acteurs, à piloter des projets d’envergure et à ouvrir des perspectives nouvelles d’intervention fait d’elle un acteur incontournable, tant pour répondre aux urgences que pour construire les fondements d’un développement durable et inclusif.

Pourriez-vous nous citer des exemples concrets d’actions humanitaires menées sous l’impulsion de S.M. le Roi, et qui illustrent Son engagement ?

Sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, de nombreuses actions humanitaires ont été menées, illustrant la portée et la diversité de Son engagement. On peut en distinguer plusieurs catégories : les opérations de secours d’urgence, les programmes de développement local, les initiatives de solidarité sociale périodiques et les actions de coopération internationale.

Premièrement, les opérations de secours d’urgence au Maroc démontrent la réactivité et la capacité d’intervention de la monarchie face aux crises. À chaque épisode climatique extrême – inondations dans les régions du Nord, tempêtes de sable dans le Sud, vagues de froid et chutes de neige dans l’Atlas – la réaction Royale a été marquée par la mobilisation immédiate de moyens logistiques et humains. Par exemple, durant l’hiver 2023-2024, l’opération Grand Froid a permis la distribution de plus de 200.000 couvertures et de plusieurs milliers de kits d’habillement chauds à des familles isolées dans les zones montagneuses. Cette opération a impliqué la Fondation Mohammed V, les Forces Armées Royales pour la logistique et des centaines de volontaires associatifs, assurant une couverture nationale en moins de deux semaines. L’efficacité de cette mobilisation illustre l’enracinement de la solidarité dans les institutions et la société civile.

Deuxièmement, les programmes de développement local sous l’égide Royale témoignent d’une volonté d’agir sur les déterminants structurels de la précarité. Dans le domaine de la santé, le déploiement des unités médicales mobiles connectées – inaugurées en 2023 – a permis de dispenser plus de 120.000 consultations dans les provinces rurales durant les douze premiers mois, avec un taux de satisfaction de 96% mesuré auprès des bénéficiaires. Ces unités, équipées de matériel de diagnostic et de télé-expertise, ont permis de détecter précocement des pathologies chroniques et d’orienter les patients vers les centres de référence. Dans le même esprit, la construction de centres de santé de proximité, cofinancée par la Fondation et l’État, a réduit de 40% la distance moyenne à parcourir par les habitants des communes rurales pour accéder aux soins.

Troisièmement, les initiatives de solidarité sociale à caractère périodique illustrent la dimension culturelle et identitaire de l’engagement Royal. L’opération Marhaba, visant à accueillir chaque été les Marocains résidant à l’étranger, en est un exemple emblématique. Plus qu’une simple logistique de transport, cette initiative répond à un impératif de cohésion et de partage : distribution de colis alimentaires, reconnaissance symbolique aux bénévoles, mise en réseau des communautés de la diaspora. En 2024, près de 2,5 millions de passagers ont été accueillis lors de Marhaba, avec un dispositif coordonné entre douanes, police aux frontières, opérateurs maritimes et hôteliers, traduisant l’attention Royale portée à la communauté nationale, où qu’elle se trouve. De même, la campagne Ramadan solidaire, lancée chaque année, illustre la dimension de continuité et de rituel social qui caractérise la vision Royale : distribution de repas préparés, soutien aux orphelinats et aux personnes âgées isolées, organisation d’iftar collectifs pour renforcer la cohésion de quartier.

Par ailleurs, l’engagement en faveur des personnes vulnérables se traduit par des projets durables d’insertion économique et sociale. Le programme Imtilak, qui accorde des prêts bonifiés et un accompagnement juridique aux enseignants et fonctionnaires pour l’acquisition ou la rénovation de logements, a bénéficié, entre 2021 et 2024, à plus de 45.000 familles et de dynamiser le secteur du bâtiment dans les régions les moins pourvues. Par ailleurs, les incubateurs de startups sociales créés sous l’égide de la Fondation offrent aujourd’hui des formations en entrepreneuriat à plus de 500 jeunes chaque année, favorisant la création de plus d’une centaine de micro-entreprises à fort impact social.

Ces exemples concrets mettent en lumière la nature multifacette de l’engagement humanitaire de Sa Majesté le Roi Mohammed VI : des actions d’urgence qui sauvent des vies, des programmes structurants qui réduisent les inégalités, des initiatives rituelles qui cimentent le lien social et des projets internationaux qui élargissent le cercle de la solidarité. Ensemble, ils forment un continuum d’intervention, cohérent avec la vision Royale d’une solidarité intégrée, durable et universelle.

La volonté Royale de soulager la souffrance humaine et protéger la dignité des personnes affectées par les crises s’étend au-delà de nos frontières. Aujourd’hui, on peut même parler de diplomatie humanitaire Royale. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette approche ?

La diplomatie humanitaire Royale, telle qu’elle se déploie sous l’impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, constitue une déclinaison particulière et novatrice de l’action extérieure du Royaume, fondée sur un impératif éthique de protection de la dignité humaine et de soulagement de la souffrance. À travers cette approche, le Maroc conjugue les ressorts de la solidarité nationale et les exigences d’une coopération internationale responsable et proactive. Cette diplomatie se distingue par plusieurs caractéristiques centrales : la combinaison d’une réactivité opérationnelle et d’une vision stratégique à long terme, l’articulation fluide entre moyens publics et capacités de la société civile, ainsi que l’inscription de l’action humanitaire dans un cadre de soft power susceptible de servir des objectifs diplomatiques plus larges.

La première caractéristique de la diplomatie humanitaire Royale réside dans son mode opératoire dual. D’une part, il s’agit de fournir une assistance immédiate, mobilisant moyens logistiques, compétences médicales et personnels spécialisés, afin de répondre sans délai aux crises – qu’il s’agisse de catastrophes naturelles, de conflits armés ou d’épidémies. Cette dimension d’urgence est rendue possible par la création d’unités de réserves dédiées, intégrées aux structures étatiques (armées, corps de sécurité) et entretenues en permanence, prête à déployer des hôpitaux de campagne, des ponts aériens de ravitaillement ou des convois humanitaires en quelques heures. D’autre part, la diplomatie humanitaire Royale se nourrit d’une vision prospective et structurée, visant à renforcer durablement les capacités nationales et régionales face aux chocs. Cette seconde dimension concerne la formation de personnels locaux, le don de matériel médical accompagné d’un transfert technologique, la construction d’infrastructures pérennes (centres de santé, stations d’épuration, établissements scolaires), ainsi que la mise en place de cadres institutionnels de gestion des risques. Cette articulation entre urgence et développement structurel répond à une logique mûrie et la conviction que la solidarité ne se limite pas au geste ponctuel, mais doit contribuer à construire des systèmes résilients. Elle permet également d’ancrer durablement la présence marocaine dans les pays bénéficiaires, en garantissant un suivi post-crise et en favorisant l’émergence d’une coopération fondée sur la confiance et la réciprocité. C’est ainsi que le Maroc, après avoir déployé un hôpital de campagne en situation de crise, propose systématiquement des programmes de formation pour le personnel local, des sessions de maintenance des équipements et un suivi épidémiologique partagé.

La seconde caractéristique de cette diplomatie tient à sa capacité à mobiliser l’ensemble des acteurs nationaux. Plutôt que de cantonner l’action humanitaire aux seuls canaux officiels, la vision Royale intègre la capacité d’intervention de la société civile, des fondations, des universités et du secteur privé. La Fondation Mohammed V pour la solidarité joue un rôle de cheville ouvrière, coordonnant les acteurs et les ressources, tant humaines que financières. Les universités marocaines, quant à elles, s’engagent dans des partenariats de recherche appliquée et de formation, tandis que des entreprises s’associent à des projets de reconstruction ou d’équipement technologique. Cette approche plurielle permet non seulement d’accroître significativement la capacité d’action, mais aussi de diversifier les compétences mobilisées et d’assurer un partage des savoir-faire entre les acteurs publics et privés.

Troisièmement, la diplomatie humanitaire Royale s’inscrit dans une démarche de soft power cohérente avec l’ambition du Royaume de jouer un rôle de trait d’union entre les continents. En affichant une solidarité effective et reconnue, le Maroc renforce sa crédibilité auprès des pays du Sud et accroît son influence au sein des organisations multilatérales (ONU, Union africaine, Ligue des États arabes). Cette posture lui permet de conjuguer pragmatisme et valeurs universelles, tout en façonnant une image d’État moderne, soucieux à la fois de ses propres populations et de celles des autres nations. La diplomatie humanitaire devient ainsi un instrument de rayonnement géopolitique, offrant au Maroc une légitimité renforcée pour plaider en faveur d’une réforme de l’aide internationale et pour porter des initiatives dans les enceintes internationales.

Enfin, la diplomatie humanitaire Royale s’appuie sur une éthique de la responsabilité partagée. Elle ne se contente pas d’apporter une aide extérieure, mais prend en compte l’autonomie des populations bénéficiaires, en favorisant la participation locale à la prise de décision et en privilégiant les projets co-élaborés. Cette éthique repose sur le postulat que l’aide doit promouvoir l’émancipation plutôt que la dépendance, en dotant les communautés d’outils et de compétences pour qu’elles deviennent elles-mêmes actrices de leur développement. En ce sens, la diplomatie humanitaire marocaine se rapproche des nouveaux paradigmes de l’aide au développement, qui placent la gouvernance locale et la durabilité au cœur des préoccupations.

Ainsi, la diplomatie humanitaire Royale se présente comme une version adaptée et contemporaine de la solidarité internationale, intégrant réactivité, structuration, multi-acteur et soft power. Elle traduit la volonté du Souverain de donner une dimension étatique et diplomatique aux principes d’humanisme et de solidarité, en faisant du soulagement de la souffrance un vecteur à la fois de cohésion internationale et de portée stratégique pour le Royaume.

Comment cette diplomatie humanitaire Royale s’inscrit-elle dans la politique étrangère globale du Maroc et dans ses relations avec les différents acteurs internationaux (organisations internationales, États...) ?

L’inscription de la diplomatie humanitaire Royale dans la politique étrangère globale du Maroc et dans ses relations avec les acteurs internationaux s’opère selon plusieurs modalités complémentaires : alignement stratégique, partenariats multilatéraux, dialogues bilatéraux enrichis par l’action humanitaire et coopération Sud–Sud.

Le premier niveau d’articulation consiste à positionner l’aide humanitaire comme un volet à part entière de la politique extérieure. Plutôt que d’être un instrument accessoire, l’action humanitaire est intégrée de manière formelle aux priorités diplomatiques, figurant dans les discours Royaux et dans les directives ministérielles. Cette intégration confère à l’aide un statut de politique publique, assortie d’objectifs, d’indicateurs de performance et de moyens budgétaires dédiés. En matière d’agenda international, le Maroc inscrit désormais régulièrement ses initiatives humanitaires dans les résolutions onusiennes, au même titre que ses positions sur les questions de paix et de sécurité. Cette évolution a permis au Royaume d’accéder à des postes clés dans les organes onusiens relatifs à l’action humanitaire et aux droits de l’Homme, augmentant ainsi sa capacité d’influence.

Le deuxième niveau d’articulation se déploie au travers de partenariats multilatéraux. Le Maroc collabore étroitement avec des agences spécialisées des Nations unies (OCHA, OMS, Unesco), avec la Banque mondiale et avec la Banque africaine de développement pour cofinancer et coordonner des programmes d’envergure. Dans ce cadre, le Royaume apporte non seulement des financements, mais aussi une expertise technique spécifique – par exemple sur la gestion des crises sanitaires ou l’organisation de dispositifs de protection civile. Ces partenariats s’inscrivent dans une logique de complémentarité et d’optimisation des ressources, réduisant les chevauchements et renforçant la cohérence des interventions sur le terrain.

Sur le plan bilatéral, la diplomatie humanitaire nourrit les relations avec les États partenaires. Les visites Royales à l’étranger sont souvent l’occasion de lancer ou de renforcer des programmes de coopération humanitaire. À l’inverse, les Chefs d’État invités au Maroc découvrent la portée de la solidarité marocaine et peuvent s’associer à des initiatives communes. Les accords de coopération contiennent désormais des chapitres dédiés à l’action humanitaire et sociale, ce qui instaure un format de dialogue construit autour de la coopération au développement et de la gestion des crises. Cette dimension bilatérale, fondée sur le principe de l’égalité et de la réciprocité, contribue à diversifier le réseau de partenaires et à ouvrir de nouvelles voies de coopération, notamment avec des pays émergents et des États du Sud.

Le troisième niveau d’articulation concerne la coopération Sud–Sud. En tant que pilier de sa diplomatie, le Maroc a développé des mécanismes de partage d’expériences et de transfert de compétences avec d’autres pays en développement, en particulier en Afrique subsaharienne. Cette coopération se matérialise par la mise en place de centres d’excellence, de formations régionales et par l’organisation de conférences thématiques sur la gestion des crises sanitaires, la sécurité alimentaire ou la résilience climatique. Cette démarche s’inscrit dans la volonté de promouvoir une gouvernance plus équitable de l’aide internationale, où les pays du Sud deviennent eux-mêmes fournisseurs de solutions et non plus de simples bénéficiaires. Elle renforce la solidarité continentale et positionne le Maroc comme un hub de coopération sur le continent africain.

Enfin, la diplomatie humanitaire Royale s’articule avec les acteurs non étatiques, qu’il s’agisse d’ONG internationales, de fondations privées ou de consortiums philanthropiques. Le Maroc développe des accords de partenariat avec ces acteurs, assurant la cohérence entre l’action publique et les initiatives privées, et facilitant l’accès à des financements externes. Cette ouverture renforce la dimension inclusive de la politique étrangère marocaine et permet d’accroître l’efficacité des interventions grâce à l’expertise et à l’agilité des organisations non gouvernementales.

Quels sont les principaux domaines d’intervention de la diplomatie humanitaire marocaine sous le leadership de S.M. le Roi ?

Les principaux domaines d’intervention de la diplomatie humanitaire marocaine sous le leadership Royal se répartissent en quatre grands secteurs : l’aide d’urgence, le développement durable, la santé publique et l’éducation-formation. Chacun de ces domaines reflète à la fois la capacité opérationnelle du Maroc et les priorités identifiées par la monarchie pour répondre aux besoins humanitaires et construire la résilience.

Le premier domaine est celui de l’aide d’urgence. Il inclut les secours immédiats lors de catastrophes naturelles (séismes, inondations, cyclones), de crises sanitaires (épidémies) et de situations de conflit. L’action consiste à déployer des équipes de secours, à ouvrir des ponts aériens pour acheminer vivres, médicaments et matériel, à installer des camps d’hébergement et à fournir des soins médicaux d’urgence. Cette capacité d’intervention rapide repose sur des structures modulaires pré-positionnées, des stocks stratégiques et une coordination étroite entre les différents ministères, les forces armées et la Fondation Mohammed V. La diplomatie humanitaire Royale met ainsi à disposition ses moyens logistiques pour soutenir des gouvernements étrangers et des organisations internationales confrontés à l’urgence, renforçant la sécurité humanitaire dans les zones sinistrées.

Le second domaine est celui du développement durable. Au-delà de l’urgence, le Maroc oriente sa diplomatie humanitaire vers des projets structurants : construction de puits, de stations d’épuration, de centres communautaires, aménagement de zones arides. Ces initiatives visent à prévenir les risques futurs et à améliorer les conditions de vie à long terme. Le choix des projets s’effectue généralement en concertation avec les autorités locales et les communautés bénéficiaires, garantissant une appropriation locale et une durabilité maximale. Les financements maroco-internationaux sont mobilisés pour accompagner ces programmes, souvent en lien avec les objectifs de développement durable des Nations unies, ce qui permet d’insérer l’action marocaine dans un cadre global et d’en maximiser l’impact.

Le troisième domaine est celui de la santé publique. Fidèle à la vision Royale qui entend promouvoir le droit aux soins comme un droit fondamental, la diplomatie humanitaire marocaine investit dans la formation des professionnels de santé, dans le don d’équipements modernes et dans la mise en place de campagnes de vaccination et de dépistage. Les hôpitaux de campagne déployés en situations de crise sont souvent complétés par des partenariats de plus longue haleine : création d’instituts de formation paramédicale, donations de matériel d’imagerie et de chirurgie, programmes de lutte contre les maladies tropicales négligées. Cette approche permet non seulement de répondre aux besoins immédiats, mais aussi d’améliorer les systèmes de santé nationaux et de renforcer la sécurité sanitaire régionale.

Le quatrième domaine est celui de l’éducation et de la formation. Consciente que l’éducation est un facteur clé de développement et de stabilité, la diplomatie humanitaire Royale soutient la reconstruction d’écoles, la formation d’enseignants, la fourniture de matériel pédagogique et l’initiation aux nouvelles technologies. Des programmes de bourses sont également offerts à des étudiants de pays partenaires pour des études supérieures au Maroc, favorisant le brassage culturel et la diffusion du savoir-faire marocain. Par ailleurs, le Royaume organise des sessions de formation dans ses universités pour des cadres et des techniciens étrangers, leur transmettant les méthodes d’action humanitaire, les outils de gestion de crise et les bonnes pratiques en matière de développement local.
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