Les groupes parlementaires de l’opposition au sein de la Chambre des conseillers n’ont pas mâché leurs mots hier en réaction à l’intervention du Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, lors de la séance mensuelle des questions de politique générale adressées au Chef du gouvernement. Les intervenants ont dénoncé la dépendance de l’économie nationale du climat, la déconnexion sociale de la politique d’investissement et l’inefficacité des programmes d’emploi censés répondre aux attentes des jeunes et des plus vulnérables.
Une économie «sous la pluie» et un État sans cap social
Le conseiller du Mouvement populaire, Nabil El Yazidi, a ainsi vertement critiqué une gestion gouvernementale qu’il a jugée purement «entrepreneuriale», sans vision sociale. «L’État ne peut se gérer comme une entreprise», a-t-il lancé, rappelant que les véritables politiques économiques doivent viser la justice territoriale et sociale, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion. Il a également dénoncé le retard dans la publication des textes d’application du cadre légal de l’investissement, et pointé «l’oubli total des petites et moyennes entreprises», qui représentent pourtant 90% du tissu entrepreneurial national.
S’inquiétant de la perte de souveraineté dans de nombreux secteurs où le Maroc assurait auparavant son autosuffisance, M. El Yazidi a fustigé une politique économique «encore dépendante du ciel», où l’on construit un budget national sur la base du facteur climatique. «Aujourd’hui, même la politique de l’emploi est devenue tributaire de la pluie», a-t-il regretté.
S’inquiétant de la perte de souveraineté dans de nombreux secteurs où le Maroc assurait auparavant son autosuffisance, M. El Yazidi a fustigé une politique économique «encore dépendante du ciel», où l’on construit un budget national sur la base du facteur climatique. «Aujourd’hui, même la politique de l’emploi est devenue tributaire de la pluie», a-t-il regretté.
Des excuses, mais pas de solutions
De son côté, le conseiller de l’Union socialiste des forces populaires, Ismaïl El Alaoui, a dénoncé les «justifications constantes» de l’Exécutif face à la stagnation économique. Pour lui, «les gouvernements qui réussissent sont ceux qui trouvent des solutions, même en période de bouleversements géopolitiques mondiaux». Il a souligné l’absence de justice territoriale et la répartition déséquilibrée des richesses, affirmant que certaines régions, notamment le Sud-Est, sont réduites à être un simple réservoir de main-d’œuvre. «On ne peut parler sérieusement d’économie sans évoquer l’injustice dont souffre une région comme Draâ-Tafilalet», a-t-il insisté.
Représentant de l’Union marocaine du travail (UMT), Noureddine Slik a appelé à un changement de paradigme dans l’évaluation des politiques économiques. «Il ne s’agit pas seulement de chiffres, mais de mesurer l’impact social réel, notamment en matière d’emploi et d’intégration professionnelle», a-t-il déclaré. Critiquant un investissement vidé de sa dimension sociale, il a dénoncé le recours massif à des formes d’emploi précaires, comme la sous-traitance, où des milliers de travailleurs sont exploités en dehors de tout respect des lois.
Représentant de l’Union marocaine du travail (UMT), Noureddine Slik a appelé à un changement de paradigme dans l’évaluation des politiques économiques. «Il ne s’agit pas seulement de chiffres, mais de mesurer l’impact social réel, notamment en matière d’emploi et d’intégration professionnelle», a-t-il déclaré. Critiquant un investissement vidé de sa dimension sociale, il a dénoncé le recours massif à des formes d’emploi précaires, comme la sous-traitance, où des milliers de travailleurs sont exploités en dehors de tout respect des lois.
Des promesses en l’air, une réalité alarmante
Le conseiller de la Confédération démocratique du travail, Lahcen Nazihi, s’est montré tout aussi sceptique face aux indicateurs économiques présentés par le gouvernement. Pour lui, «cette croissance annoncée ne repose sur aucun véritable chantier structurel, ni réforme économique de fond. Elle ne se traduit pas en richesse équitablement distribuée».
Le ton est devenu encore plus grave avec l’intervention du conseiller Khalid Essati, représentant l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM). «Le pays a besoin d’un sursaut de conscience», a-t-il affirmé. «On ne peut continuer à rassurer les citoyens avec des discours alors que la réalité envoie des signaux contraires. Il est temps de revoir les approches, de créer de véritables cellules de crise pour écouter, rétablir la confiance et proposer des solutions concrètes.»
Le ton est devenu encore plus grave avec l’intervention du conseiller Khalid Essati, représentant l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM). «Le pays a besoin d’un sursaut de conscience», a-t-il affirmé. «On ne peut continuer à rassurer les citoyens avec des discours alors que la réalité envoie des signaux contraires. Il est temps de revoir les approches, de créer de véritables cellules de crise pour écouter, rétablir la confiance et proposer des solutions concrètes.»
Un million d’emplois promis, mais des milliers perdus
M. Essati n’a pas mâché ses mots pour qualifier de «véritable échec» le bilan du Chef du gouvernement, notamment en ce qui concerne la promesse phare d’un million de nouveaux emplois. «C’est le contraire qui s’est produit : des dizaines de milliers de postes ont été perdus, le taux de chômage a grimpé à 13,3%, et dépasse même 40% chez les jeunes», a-t-il souligné, pointant des décisions incompréhensibles comme la limitation de l’âge d’accès à la fonction publique à 30 ans.
L'autonomisation des femmes et les seniors oubliés
Le conseiller a également évoqué le retard flagrant dans l’autonomisation économique des femmes, avec un taux d’activité limité à 20%, loin des 30% promis. Il a aussi fustigé l’absence totale d’impact du programme «Revenu de dignité» destiné aux personnes âgées. Enfin, M. Essati a rappelé les engagements formulés en 2021 par le Chef du gouvernement à travers ses «dix grandes priorités», telles que la généralisation de l’enseignement préscolaire, la sortie d’un million de familles de la pauvreté ou encore la mise en œuvre effective de l’officialisation de la langue amazighe. «Combien de ces promesses ont été réellement tenues ?» a-t-il demandé.
Des programmes «évaporés» et une économie informelle dominante
Il a conclu en dénonçant le «désenchantement» autour des programmes «Forsa» et «Awrach», affirmant qu’ils n’ont pas changé la réalité des jeunes et ont même contribué à leur précarisation. Pire encore, certains bénéficiaires se seraient retrouvés devant la justice. Quant au secteur informel, il continue de dominer, avec plus de six millions de travailleurs non déclarés, selon les chiffres officiels. Au fil des interventions, un consensus semble se dégager autour d’un diagnostic partagé par toutes les différentes composantes de l’opposition : celui d’une économie qui peine à créer de la richesse équitablement distribuée, d’une politique de l’emploi inefficace et d’un gouvernement en décalage avec les attentes réelles des citoyens.
