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Enfants abandonnés et en situation de rue : la nouvelle approche du gouvernement

Ils errent aux carrefours, dorment sur les trottoirs, grandissent à la marge des villes marocaines. Des milliers d'enfants, invisibles et vulnérables, que la rue a pris en otage, se retrouvent en proie à la délinquance. Face à ce drame social persistant, le gouvernement a déployé une stratégie nationale ambitieuse. Dans une réponse écrite au conseiller Khalid Essatte, la ministre de la Solidarité, Naïma Benyahya, a détaillé les mesures concrètes mises en œuvre pour leur offrir une alternative durable. Entre protection d'urgence et prévention sur le long terme, le dispositif ambitionne de redonner à chaque enfant sa place dans la société.

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Dans l’ombre des villes marocaines, ils sont des milliers d’enfants à grandir sans filet de protection. Ces enfants délaissés, livrés à eux-mêmes, contraints de faire de la rue leur seul refuge. Interpellé par le député Khalid Essatte, le ministère de la Solidarité, de l’insertion sociale et de la famille a dévoilé une stratégie multidimensionnelle pour venir en aide à cette catégorie vulnérable. La vision se veut claire : celle d’une protection qui ne se contente pas de secourir, mais veut reconstruire.

Une politique publique à hauteur d’enfant

Face à la complexité du phénomène, le gouvernement a mis en place une politique structurée qui repose à la fois sur la protection immédiate, la prévention et l’insertion sociale comme axes centraux de l’intervention publique. Selon la ministre de la Solidarité, cette politique repose essentiellement sur le Programme national exécutif de la politique publique intégrée de protection de l’enfance étalé sur la période 2023-2026. Il ne s’agit plus seulement d’intervenir, mais de le faire de manière coordonnée, en associant tous les acteurs – de l’État aux associations, en passant par les collectivités territoriales. L’ambition est de protéger, prévenir et insérer, dans un mouvement continu et solidaire.

Sur le terrain, des mains tendues

Car derrière les chiffres des enfants abandonnés, il y a des vies en détresse qui demandent de l’aide. Et sur le terrain, des structures se mobilisent pour les accueillir, les soigner, les réconforter. Dans ce sens, la ministre évoque la mise en place de comités territoriaux, désormais activés dans 82 provinces et préfectures, veillant comme des sentinelles au niveau local. S’agissant des centres d’accompagnement, la ministre annonce que 50 sont déjà opérationnels, 32 en cours de qualification. Ces structures ont d’ailleurs déjà redonné espoir à 4.250 enfants. Parmi eux, 408 ont retrouvé le chemin de l’école ou de la formation professionnelle. Pour leur part, les unités de protection de l’enfance (43 unités) ont pris en charge 3.450 enfants, dont 482 ont pu être réinsérés grâce à un accompagnement sur-mesure. La ministre indique par ailleurs que des unités mobiles, véritables «anges gardiens des rues», sillonnent les quartiers de Casablanca, Tanger, Taroudant... et ont déjà porté secours à 591 enfants, leur offrant bien plus qu’un toit temporaire : une écoute, des soins, une médiation familiale et, souvent, une nouvelle chance.

Soigner les institutions pour soigner les enfants

Outre ces structures, le Maroc compte désormais 988 établissements de protection sociale, sachant que ces structures devront bientôt être réhabilités. En effet, selon Mme Benyahia, le ministère s’attelle à en améliorer la qualité d’accueil et le professionnalisme. En outre, indique-t-elle, deux lois ont été adoptées afin de consolider ce virage : la loi 15-65 sur les institutions sociales et la loi 18.45 sur la profession de travailleur social. Car protéger les enfants, c’est aussi former celles et ceux qui les accompagnent au quotidien.

Prévenir, en ramenant la famille au cœur du dispositif

Mais étant consciente que la meilleure protection reste celle qui évite la rupture, la ministre table sur la réintégration des enfants de la rue au sein de leur famille. C’est dans ce sens qu’un projet de «politique sociale de la famille» est en cours, visant à renforcer les liens et à outiller les parents. En outre, des «espaces famille» sont créés, des ateliers de parentalité se développent, des programmes d’autonomisation économique des femmes se déploient. L’idée ? Agir en amont, pour que plus aucun enfant ne soit contraint de choisir la rue.

Enfin la ministre se réjouit de la dernière pièce maîtresse de ce dispositif : la signature, en mai 2024, d’un protocole national conjoint avec la présidence du Ministère public. Pour la première fois, juges et travailleurs sociaux s’engagent à harmoniser leurs actions autour d’un même objectif : l’intérêt supérieur de l’enfant. Une avancée majeure pour garantir une prise en charge cohérente, depuis le signalement jusqu’à l’insertion durable.
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