Les associations dont les responsables sont soupçonnés d’enrichissement illicite sont désormais dans le collimateur du ministre de la Justice. Abdellatif Ouahbi a en effet annoncé avoir établi une liste d’organisations dont les dirigeants pourraient être impliqués dans des opérations de blanchiment d’argent. S’exprimant devant la Commission de la justice et de la législation à la Chambre des représentants mardi dernier, dans le cadre des discussions sur le projet de Code de procédure pénale, le ministre (PAM) a révélé qu’à l’exception de Transparency, «avec qui nous avons un différend au niveau politique, mais à qui nous ne reprochons rien, nous préparons actuellement une liste que nous envisageons de transmettre au Parquet.»
Un patrimoine à justifier
Le ministre n’a pas hésité à dénoncer certaines pratiques douteuses, pointant du doigt des écarts flagrants entre les signes extérieurs de richesse et les déclarations fiscales des présidents de certaines associations : «Ceux qui possèdent des villas et des voitures sans déclarer leurs revenus... n’est-ce pas là une forme de blanchiment d’argent ?» a-t-il lancé. Insistant sur la nécessité de renforcer la transparence et l’obligation de justification des ressources, M. Ouahbi a précisé que toute personne menant un train de vie déconnecté de ses déclarations fiscales devra prouver l’origine licite de ses biens.
Une traque encadrée par la loi
Revenant sur les dispositions du projet de Code pénal, le ministre a souligné que des investigations ont déjà été menées sur certains individus, révélant des incohérences dans leurs déclarations. «Si ces déclarations s’avèrent inexactes, des poursuites seront engagées», a-t-il affirmé tout en insistant sur la nécessité d’une approche encadrée par la loi. S’adressant aux parlementaires, il a lancé : «Souhaitez-vous une approche stalinienne et totalitaire ou une démarche fondée sur l’État de droit ? Si vous optez pour la première, nous emprisonnons tout le monde avant de chercher les innocents. Si vous choisissez la seconde, nous respectons la présomption d’innocence en attendant d’établir les preuves contre les coupables et les traduire en justice».