Après près d’un an de grève historique – 327 jours de boycott des cours, des stages et des examens – les étudiants en médecine et en médecine dentaire retournent dans leurs
Facultés. L’accord signé entre le gouvernement et la Commission nationale des étudiants en médecine met fin à une crise sans précédent. Mais passé le soulagement consécutif à ce dénouement, la reprise s’annonce difficile pour beaucoup d’étudiants, nombre d’entre eux peinant à retrouver leurs repères après une interruption de plus de onze mois. Alors, comment les Facultés se préparent-elles à accompagner cette transition et à combler le retard accumulé La doyenne de la Faculté de médecine de Laâyoune,
Fatima-Zahra Alaoui, a livré quelques réflexions dans ce sens lors de son passage dans «
L’Info en Face», une émission du Groupe Le Matin.
Accompagnement psychologique et soutien ciblé
Une des priorités identifiées est le soutien psychologique aux étudiants. Mme Alaoui a annoncé dans ce sens la création de cellules d’écoute dans toutes les Facultés de médecine, destinées à aider les étudiants à surmonter l’impact psychologique de cette longue période de grève. «Cette grève a marqué non seulement les étudiants, mais aussi leurs parents. Ces derniers ont subi des pressions sociales et familiales, ce qui rend nécessaire leur accompagnement pour tourner la page», a-t-elle souligné. À cet égard, cette professeure de médecine interne, directrice du premier diplôme universitaire en télémédecine, a exhorté les étudiants à réintégrer les Facultés sans tarder pour se préparer aux échéances importantes, notamment les examens prévus en décembre. «Bien que certains préfèrent réviser chez eux, je les invite à revenir aux campus pour retrouver un climat d’étude propice, restaurer la confiance en soi et envisager sereinement l’avenir», a-t-elle ajouté.
Le rétablissement de la confiance, une nécessité impérieuse
Autre axe fondamental à prendre en compte : le rétablissement des relations entre étudiants et enseignants, par moments fragilisées par la crise. Selon Mme Alaoui, le rôle des doyens est primordial dans le «rapprochement des visions» et le renforcement des canaux de communication entre les deux parties. L’experte a insisté dans le même ordre d’idées sur la nécessité pour les étudiants de «tourner la page et collaborer» avec les Facultés pour surmonter cette phase difficile. «Les Facultés de médecine sont dirigées par des médecins qui comprennent la spécificité de ces études exigeantes et peuvent jouer un rôle essentiel dans cette transition. Le métier de médecin, en tant que profession sociale, exige de solides compétences en communication, un aspect que nous devons aussi cultiver chez nos étudiants», a-t-elle affirmé.
Une gestion adaptée aux spécificités locales
Enfin, Mme Alaoui a souligné que chaque Faculté devrait appréhender la gestion de cette phase transitoire en fonction de ses particularités. Tout en insistant sur l’importance d’adopter des approches sur mesure pour chaque établissement, elle a appelé à veiller au maintien d’une perspective nationale cohérente. Au travers de ces démarches, les Facultés de médecine espèrent combler le retard académique et redonner à leurs étudiants les moyens d’envisager leur avenir avec confiance, après une crise qui restera dans les annales de l’université marocaine comme la plus longue grève ininterrompue.
Le ministère planche sur l’opérationnalisation de l'accord
Le ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, Azzedine El Midaoui, a affirmé, lundi à la Chambre des représentants, que son département se penchait actuellement sur l’opérationnalisation du règlement trouvé concernant le dossier des étudiants des Facultés de médecine et de pharmacie, «afin de garantir sa mise en œuvre optimale et rapide». Répondant à une question orale, M. Midaoui a salué les efforts déployés par toutes les parties pour clore ce dossier et permettre aux étudiants de reprendre leurs cours dans les différentes Facultés de médecine et de pharmacie du Royaume. L’Institution du médiateur du Royaume avait annoncé, vendredi dernier, le succès de l’initiative de règlement qu’elle a menée entre l’administration et les étudiants des Facultés de médecine et de pharmacie, aboutissant au retour des étudiants concernés aux amphithéâtres et aux stages cliniques et à la fin de toutes les formes de protestation menées durant près de onze mois. Dans un communiqué, l’Institution précise que ce résultat «reflète les efforts conjoints déployés par toutes les parties concernées et traduit la coordination fructueuse entre l’Institution du médiateur et le reste des intervenants, permettant ainsi de créer un climat propice au dialogue, favorable à l’instauration de la confiance, à l’échange et au rapprochement des points de vue, ce qui a abouti à des solutions garantissant une réponse constitutionnelle et juridique, efficace et réaliste aux revendications exprimées depuis le début des formes de protestation».