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Façade atlantique de l’Afrique : le Maroc pour l’émergence d’un nouvel espace de croissance, de paix et de prospérité

Le processus des États africains atlantiques est né à Rabat en 2009. Après quelques années de léthargie, il a été ressuscité en juin 2022 sous l’impulsion du Maroc. Le Discours Royal adressé à la Nation à l’occasion de la célébration du 48e anniversaire de la glorieuse Marche Verte confirme la vocation atlantique du Royaume et sa forte volonté d’ancrage dans sa profondeur africaine. Il s’agit en fait d’une vision portée par le Souverain depuis plus d’une décennie et qui a pour ambition de créer un espace de progrès, de paix et de prospérité partagés incluant tous les 23 pays de la bande atlantique du continent.

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Sa Majesté le Roi Mohammed VI a souligné lundi la détermination du Royaume à entreprendre une mise à niveau nationale du littoral, incluant la façade atlantique du Sahara marocain, et à lui conférer une portée africaine. Dans Son Discours adressé à la Nation à l’occasion de la célébration du 48e anniversaire de la glorieuse Marche Verte, le Souverain a également formé le souhait pour que la façade atlantique du Royaume devienne un haut lieu de communion humaine, un pôle d’intégration économique et un foyer de rayonnement continental et international.

Il faut dire que l’approche Royale pour le développement du littoral atlantique marocain dans le cadre d’un projet global visant à renforcer l’ancrage du Royaume dans son environnement africain n’est pas nouvelle. Il s’agit d’une vision portée par le Souverain depuis plus d’une décennie et qui a pour ambition de créer un espace de progrès, de paix et de prospérité partagés incluant tous les 23 pays de la bande atlantique de l’Afrique.

La façade Atlantique de l'Afrique : du Cap Spartel au Cap de Bonne-Espérance

Le Processus des États africains atlantiques (PEAA) est né en effet à Rabat en 2009. Après des années de léthargie, il a été ressuscité en juin 2022 sous un nouveau jour, «mais avec un même horizon que celui que nous partageons, du Cap Spartel au Cap de Bonne-Espérance», pour reprendre les termes du ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita. Conscient de l’importance stratégique de cet espace représentant 46% de la population africaine et générant 55% du PIB du continent, le Royaume s’est engagé diplomatiquement pour fédérer ses pays membres autour d’une vision commune à même de permettre l’exploitation optimale de ses potentialités et de ses richesses et à renforcer son positionnement en tant que groupement régional crédible et fort.



En annonçant une mise à niveau nationale du littoral, Sa Majesté le Roi confirme non seulement la vocation atlantique du Maroc, mais réitère son engagement sincère pour le renforcement de la coopération Sud-Sud et pour la naissance d’une Afrique émergente qui prend son destin en main. Alors que d’autres pays de la région s’emploient à mettre en œuvre des agendas secrets et à créer de nouveaux foyers de tension dans toute la région, le Maroc s’érige de plus en plus comme un acteur de paix et un facteur de stabilité. Pour le professeur des relations internationales à l'Université Mohammed V de Rabat, Zakaria Abouddahab, le Discours prononcé par S.M. le Roi Mohammed VI, à l’occasion du 48e anniversaire de la glorieuse Marche Verte, est particulièrement important dans le sens où il est porteur d’une nouvelle vision géopolitique et géostratégique sur le plan continental. «Sa Majesté le Roi a fait Sien le concept d’une communauté atlantique africaine, dont le Maroc a été derrière le lancement en 2022» a-t-il précisé.

Dans la même optique, le doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca-Aïn Sbaâ, Idriss Abbadi, relève que la vision Royale «conforte le positionnement du Maroc en tant que leader continental et international et hub d’intégration économique pour l'Afrique». Pour lui, le Discours Royal réaffirme, si besoin est, que le Maroc est résolument décidé à poursuivre son élan en faveur du progrès de son Sahara et du développement du continent africain à la faveur de son positionnement stratégique, notamment atlantique.

Fort engagement diplomatique du Maroc auprès des États africains atlantiques

Il convient de rappeler que la première réunion ministérielle du PEAA, tenue à Rabat le 8 juin 2022, s'est soldée par la Déclaration de Rabat I, qui a souligné l’engagement politique des pays africains atlantiques pour mettre en œuvre leur partenariat visant à raffermir les liens de coopération et d’intégration entre les pays africains riverains de l’océan Atlantique, en vue de consolider la paix et la stabilité et de faire face aux défis économiques et sécuritaires.

À travers cette première réunion ministérielle des États africains atlantique, les contours d’une vision commune de cet espace vital ont été tracés à Rabat avec comme objectif de promouvoir une identité atlantique africaine et de défendre d'une seule voix les intérêts stratégiques du continent. Les ministres des États africains atlantiques participants ont salué, à l’issue de leurs travaux, l’engagement de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à faire de l’espace africain atlantique un cadre de coopération interafricaine pragmatique et opportune.

La deuxième édition de la réunion ministérielle, qui a eu lieu à New York le 23 septembre 2022, a lancé les travaux sur le Programme d’action, qui constitue une feuille de route pour permettre aux pays membres de cette initiative de réaliser leurs objectifs communs autour de trois priorités stratégiques : Dialogue politique et sécurité, l’Économie bleue, la connectivité maritime et l’énergie, et la Protection et la conservation de l’environnement marin.

Les travaux de la troisième réunion ministérielle du Processus des États africains atlantiques (PEAA) ont eu lieu en juillet 2023 et ont vu l'adoption de la Déclaration de Rabat II. Selon le texte de cette Déclaration, les ministres ayant pris part à cette troisième réunion du PEAA ont adopté le Programme d’action de ce partenariat visant à «articuler sous forme d’objectifs programmatiques la vision d’un partenariat africain atlantique flexible, progressif et solidaire». Dans cette déclaration les ministres ont reconnu l’importance des priorités stratégiques du Programme d’action pour soutenir l’intégration et le co-développement dans la région. Ce Programme d'action contient des recommandations d’actions collectives portant sur trois priorités stratégiques. Il s’agit, en effet, (i) du dialogue politique et de sécurité autour de la lutte contre le terrorisme, la criminalité transnationale organisée, la piraterie maritime et la migration clandestine, (ii) l’économie bleue, la connectivité maritime et l’énergie et, enfin, (iii) le développement durable et la protection et la conservation de l’environnement marin.

Mohamed Zakaria Abouddahab : voici les enjeux inhérents à l’intégration des États africains atlantiques



Tout en insistant sur les acquis majeurs en termes de consolidation de la position diplomatique marocaine concernant l’intégrité territoriale et sur les valeurs qui cimentent le peuple marocain, «le discours de Sa Majesté le Roi du 6 novembre est un discours à forte connotation géopolitique» qui annonce un nouvel élan de développement de la façade atlantique du Sahara et de l’Afrique, estime le professeur de relations internationales à l’Université Mohammed V, Mohamed Zakaria Abouddahab. La façade atlantique africaine, fait savoir le professeur de relations internationales, «c’est 23 pays, du Maroc jusqu’en Afrique du Sud, en passant par la Namibie, l’Angola, le golfe de Guinée, etc. C’est un espace extraordinairement important sur le plan du coefficient géostratégique». «Les États, avec leurs surfaces maritimes combinées, peuvent promouvoir une coopération et une intégration Sud-Sud originale», soutient M. Abouddahab. Évidemment, «il y a des dissemblances et des disparités en termes de niveau de développement : le Bénin n’est pas la Namibie, la Namibie n’est pas l’Afrique du Sud et l’Afrique du Sud n’est pas la Mauritanie. Néanmoins, si l’on parvient à créer une économie de partage autour de l’économie bleue, que Sa Majesté a rappelé en le soulignant avec une perspective très ouverte sur les autres continents, notamment européen et américain, celle-ci (tout ce qui se rapporte à l’exploitation des océans et des mers, avec un sens aigu des écosystèmes et de l’environnement) pourrait donc promouvoir l’Afrique pour jouer un rôle important en matière de commerce international qui, comme on le sait, passe fondamentalement par les voies maritimes», explique le professeur. Par ailleurs, poursuit M. Abouddahab, «il y a des dimensions affirmées puisque le Maroc est le pays qui a lancé le processus de Rabat concernant précisément les États africains riverains de l’Atlantique en 2022, puis la réflexion a mûri avec deux autres rencontres (la dernière s’est tenue en juillet dernier à Rabat). Le projet avance donc progressivement. Il y a eu, brique par brique, un processus d’édification d’un concept avec une opérationnalisation. On trouve l’économie bleue et il y a également le dialogue politique et sécuritaire, la connectivité et d’autres aspects liés à la dépollution et donc à la protection de l’environnement». Sur un autre registre, «il faut dire que de tels projets d’intégration Sud-Sud font écho aussi à notre projet de dimension régionale, voire continentale, qui est le gazoduc Nigeria-Maroc». «On voit donc très bien que le Maroc est devenu un catalyseur et un constructeur d’un développement partagé. C’est du co-développement et ce sont des opportunités à haut coefficient et qui ouvrent des perspectives immenses, notamment pour une jeunesse en quête d’opportunités d’emploi», conclut M. Abouddahab.

Mohamed Badine El Yattioui : «La profondeur africaine du Maroc est d’autant plus forte qu’elle est adossée à la façade atlantique»



Le discours adressé à la Nation par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, à l’occasion de la célébration du 48e anniversaire de la Marche Verte, est une démonstration supplémentaire de la profondeur africaine du Royaume. Ce discours prouve également, une fois de plus, l’attachement du Souverain au développement économique et social des provinces du Sud, indique le professeur d’études stratégiques au Collège de Défense (NDC) des Émirats arabes unis à Abou Dhabi, Mohamed Badine El Yattioui. L’initiative de lancer le gazoduc NigeriaMaroc procède à la fois, d’après M. Badine El Yattioui, de l’Histoire et de la géographie, d’où l’importance d’analyser ce projet ambitieux. «Ce projet offre aux pays de la Cédéao (Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest) des opportunités et des garanties en matière de sécurité énergétique et de développement socio-économique et industriel. Il a également une visée géoéconomique, dans le sens où il est avant tout un énoncé qui résume à la fois une perception du monde et une volonté de l’expliquer à travers la géographie et l’économie. Le rôle de l’État est central, comme le prouve ce Discours Royal, dans toute stratégie géoéconomique, puisque c’est lui qui détermine les dispositifs, identifie les menaces, les stratégies à mettre en œuvre et les moyens à y affecter. Le coût élevé du projet nécessite le soutien d’organismes financiers multilatéraux, preuve de la crédibilité du Maroc et du leadership de S.M. le Roi, dans son souhait de voir le Royaume se renforcer comme hub africain et ce projet d’être un levier d’intégration régionale», souligne le professeur d’études stratégiques. Pour cela, poursuit M. Badine El Yattioui, «la vocation atlantique du Royaume doit se renforcer. La géopolitique maghrébine contemporaine donne le sentiment d’un Maroc périphérique en Afrique du Nord. Pourtant, sa profondeur africaine est une force si elle s’articule avec la profondeur stratégique précieuse qu’est la façade atlantique. Sa double vocation maritime, articulée avec sa profondeur au-delà de son Sahara sont des forces à exploiter et structurer, comme le mentionne S.M. le Roi». Le Souverain a insisté sur le fait que pour les États du Sahel, la stratégie ne peut être «exclusivement sécuritaire ou militaire». Il existe donc, relève M. Badine El Yattioui, «une urgence dans le fait de bâtir un développement commun, qui passe indéniablement par l’espace atlantique et la mise à niveau de leurs infrastructures logistiques». Le Maroc, de l’avis du professeur, «peut donc jouer un rôle majeur dans la construction d’une stratégie globale pour le développement du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest. N’oublions pas “la fenêtre sur l’espace américain” et les partenaires commerciaux importants comme les États-Unis, le Canada ou le Brésil». Pour mener à bien cette ambition Royale, la «constitution d’une flotte nationale de marine marchande, forte et compétitive» est nécessaire, car 95% du commerce extérieur national se fait par voie maritime et plus de 80% du commerce mondial. «Notons que l’Afrique représente moins de 6% du trafic maritime mondial. Les deux façades maritimes totalisent 3.500 km, dont environ 3.000 km sur l’Atlantique. Une nouvelle réflexion stratégique, incluant les questions logistiques, commerciales et sécuritaires, devrait donc avoir lieu prochainement», affirme M. Badine El Yattioui. Et de conclure que «le Discours Royal démontre une vision atlantique pragmatique, le définissant comme un espace géoéconomique et géostratégique. Par ailleurs, des efforts ont été entrepris dans ce domaine et ont été des succès, car la connectivité maritime s’est considérablement améliorée. Le Maroc est le deuxième pays à l’échelle du continent africain (après l’Égypte) et le 22e à l’échelle mondiale, alors qu’ il se plaçait au 81e rang en 2006. Les investissements des deux dernières décennies ont porté leurs fruits et Tanger Med en est la meilleure preuve. Place désormais au port de Dakhla Atlantique pour dynamiser les provinces du Sud, l’Ouest africain et le Sahel».

Azzeddine Hanoune : «La question du Sahara n’est pas seulement une cause à défendre, mais également un vecteur de rayonnement stratégique du Royaume»



Le Discours Royal à l’occasion du 48e anniversaire de la Marche Verte vient, selon le professeur de droit public à la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Ibn Tofaïl, Azzeddine Hanoune, «dans une conjoncture particulière caractérisée par des incertitudes au niveau international». Afin de faire face à ces incertitudes, «il est nécessaire d’avoir une approche stratégique forte capable d’anticiper les mutations du futur. C’est d’ailleurs ce qui fonde la Volonté Royale de se focaliser sur l’approche développementale conjuguée à une refondation géostratégique nouvelle», affirme M. Hanoune. Plus concrètement, souligne le professeur de droit public, «le Souverain a insisté sur le développement des provinces du Sud, cette Sollicitude Royale n’est pas un fait nouveau. Le développement des provinces du Sud constitue un axe majeur des politiques publiques au Maroc. D’ailleurs, on a constaté que dans le dernier rapport du SG de l’ONU, cet effort de développement est souligné et salué». «Sa Majesté le Roi a bien accentué le caractère stratégique de ces efforts de développement, en dehors même du seul cadre de la cause nationale de la marocanité du Sahara», note M. Hanoune, précisant que «cela signifie que la question du Sahara marocain n’est pas seulement une cause à défendre, mais également un vecteur stratégique de rayonnement du Royaume». La fonction stratégique du territoire national, poursuit-il, «devrait être mise en valeur dans sa plénitude. Il s’agit notamment du renforcement de la vocation atlantique du Royaume». Cette vocation, de l’avis du professeur, «est inhérente non pas seulement à la position géographique du Maroc, mais également à la soutenabilité de son développement et de son modèle économique. Des grands projets d’infrastructure, tels que le gazoduc atlantique, ou le projet du grand port de Dakhla, participent à cette vision qui n’est pas nouvelle, mais qui prend des allures décisives suite au discours du 6 novembre». «Le renforcement de cette vocation atlantique est lié dans le discours à l’un des piliers de la politique étrangère et économique du Royaume, à savoir la contribution au développement des États africains», conclut M. Hanoune.

Le Maroc partie prenante du «Partenariat pour la coopération atlantique»

En marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York, une annonce capitale a retenti, scellant une vision commune pour un avenir meilleur pour l’Atlantique. Trente-deux pays côtiers de l’Atlantique, dont le Maroc, répartis sur quatre continents, ont conjointement adopté la «Déclaration sur la coopération atlantique», marquant ainsi le début du «Partenariat pour la coopération atlantique». Cette instance multilatérale sans précédent rassemble un nombre inédit de nations bordant l’Atlantique, en Afrique, en Europe, en Amérique du Nord, en Amérique du Sud et dans les Caraïbes. Ce «Partenariat pour la coopération atlantique» marque une étape historique, englobant à la fois l’Atlantique Nord et l’Atlantique Sud, et abordant une vaste gamme de sujets, de l’économie durable à la préservation de l’environnement, en passant par la science et la technologie. C’est également la première fois qu’un groupe aussi diversifié de pays atlantiques se réunit pour créer une plateforme permettant une collaboration plus régulière, et pour établir une série de principes communs pour la région atlantique. Ces principes incluent l’engagement en faveur d’un Atlantique ouvert, exempt de toute ingérence, coercition ou acte agressif. Cette Déclaration du 18 septembre 2023, prend appui sur la Déclaration conjointe sur la coopération atlantique de l’année précédente (20 septembre 2022), qui a lancé un processus visant à explorer une coopération renforcée dans la région.

L’Union africaine salue le rôle joué par le Processus des États africains atlantiques de Rabat

Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a salué le rôle joué par le Processus des États africains atlantiques de Rabat, énoncé dans la «Déclaration de Rabat». Le CPS de l’UA «salue le rôle joué par le Processus des États africains atlantiques de Rabat, énoncé dans la “Déclaration de Rabat” en ce qui concerne la consolidation de la paix, de la stabilité et de la prospérité partagée au sein des pays africains riverains de l’océan Atlantique, y compris le golfe de Guinée», affirme le CPS dans un communiqué publié vendredi 6 octobre 2023 et ayant sanctionné sa réunion tenue le 18 septembre 2023, sur la sécurité maritime dans le Golfe de Guinée. Le CPS, qui a exprimé sa profonde préoccupation face à l’insécurité posée par les pirates et les réseaux criminels organisés dans la région du Golfe de Guinée, a réaffirmé que la responsabilité première de la lutte contre les crimes maritimes incombe aux États membres côtiers concernés de la région, exhortant à cet égard les États membres de la région à renforcer et/ou à mettre en place des mesures visant à assurer la présence permanente des forces navales africaines en mer. Le CPS a également lancé un appel aux partenaires bilatéraux, régionaux et internationaux pour qu’ils continuent à fournir le soutien et les ressources nécessaires à la lutte contre les crimes et délits maritimes ainsi que tous les autres actes maritimes illicites dans la région.
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