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Facultés de médecine : pourquoi le scénario de crise de 2024 est fort à craindre

Après onze mois de mobilisation, les étudiants en médecine et pharmacie avaient mis fin à leur grève, croyant ainsi avoir obtenu gain de cause. Certes, des revendications ont été satisfaites et plus de 27 étudiants poursuivis sur fond de leur participation aux marches de protestation ont été acquittés, mais la mobilisation est loin d’être finie. Le Comité national des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie vient d’annoncer une nouvelle manifestation nationale, le 6 février 2025, pour dénoncer «le retard dans le versement des bourses et indemnités de stage, l’absence de cadre clair pour la promotion 2023, ainsi que les dysfonctionnements persistants dans certaines facultés».

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Après presque une année de mobilisation, les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie ont pu obtenir l’acquittement de leurs camarades poursuivis et la signature d’un accord avec le ministère de l’Enseignement supérieur portant sur l’amélioration des conditions de leur formation. Des acquis importants, certes, mais qui cachent encore plusieurs problèmes structurels qui continuent de peser sur la formation et les conditions d’études des futurs professionnels de santé, selon le Comité national des étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie (CNEMEP), qui a annoncé une manifestation nationale ce 6 février.



Dans un communiqué, publié le 3 février 2025, l’acquittement de plus de 27 étudiants poursuivis pour regroupement non autorisé est salué comme une validation de la légitimité de la mobilisation. La Commission estime que cette décision «renforce la confiance dans les institutions» et souligne le soutien indéfectible des avocats et bâtonniers qui se sont mobilisés pour la défense des étudiants. Mais derrière cette victoire judiciaire, les tensions restent vives sur plusieurs dossiers en suspens, que les étudiants qualifient de «sources de crispation croissante». L’un des problèmes majeurs mis en avant par la Commission concerne la situation des étudiants de la promotion 2023. Coincés entre l’ancien et le nouveau système de formation, ces étudiants doivent suivre un programme conçu pour sept ans en six ans, sans référentiel pédagogique clair. «Ils avancent à l’aveugle, sans savoir exactement sur quelles bases sera évaluée leur formation», alerte le comité.

Ce flou pédagogique n’est pas isolé. Le communiqué souligne également des dysfonctionnements majeurs dans certaines facultés, notamment à Oujda et Fès, où des étudiants en pharmacie se voient privés de leurs stages cliniques sans justification officielle. À Casablanca, des étudiants en médecine dentaire dénoncent des conditions de formation inadaptées, en raison de manques de moyens et de retards récurrents dans l’application des réformes promises.

Bourses et indemnités en retard

Au-delà des questions académiques, la commission pointe le retard dans le versement des bourses et des indemnités de stage, qui pèse lourdement sur les étudiants. «Certains peinent à payer leur logement et leurs déplacements. Ce sont des aides essentielles pour permettre aux étudiants de se concentrer sur leurs études», souligne le communiqué. Selon les étudiants, ces retards deviennent récurrents, malgré les engagements répétés du ministère. Un retard qui s’ajoute à une inflation qui fragilise encore davantage cette frange de la population au pouvoir d’achat faible par définition.

Partant de là, la Commission nationale annonce une manifestation nationale le 6 février. L’objectif est de rappeler que l’application des réformes et des accords signés doit être rigoureusement suivie. Les étudiants soulignent ainsi l’urgence de la résolution de la situation des étudiants de la promotion 2023, avec des garanties sur leurs conditions d’évaluation et de formation, ainsi que le versement immédiat des aides financières en retard pour éviter de précariser davantage les étudiants et l’application stricte des engagements du ministère pour éviter un retour aux tensions qui ont conduit à la grève de l’année dernière.
La Commission appelle par ailleurs à une refonte du calendrier des examens, afin de garantir des conditions d’évaluation justes et adaptées à chaque faculté. À travers leur communiqué, les étudiants en médecine, médecine dentaire et pharmacie rappellent donc qu’ils ne comptent pas se contenter de promesses et que l’escalade reste une option tout à fait envisageable si leurs revendications ne sont pas prises en compte.
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