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Faire de la crise une opportunité de développement : le plaidoyer de Fouad Laroui

Transformer la crise en opportunité, transformer la société dans la douceur sans confrontation, agir dans la sérénité... ce sont là quelques idées que partage Fouad Laroui, ingénieur, économiste, professeur de littérature et écrivain, invité de «L'Info en Face», en réponse à la question : crise sociale ou crise identitaire, quelle réalité pour le Maroc ?

Fouad Laroui
Fouad Laroui
Crise sociale ou crise identitaire : quelle réalité pour le Maroc ? La question était au cœur du dernier débat de «L’Info en Face» avec Fouad Laroui. De sa position de professeur de littérature et écrivain, notre invité a préféré aborder le sujet sous plusieurs angles. D’abord, il commence par donner une définition du mot «crise». «Il paraît que dans la langue chinoise, le mot “crise” se représente par le même idéogramme que le mot “opportunité”. Cela veut dire que pour nous aussi, une crise est aussi le moment où on peut faire des choix importants pour l'avenir du pays. Donc le mot “crise” n'est pas forcément négatif, à condition de savoir saisir l’opportunité», indique l’intellectuel. Selon lui, il est plus utile d’avoir une approche presque optimiste des crises.

Faire de la crise sociale une opportunité de développement

En fin observateur de la société marocaine, l’invité a tout de même tenu à rappeler que le Maroc a toujours eu à affronter des crises tout au long de son histoire. «Je suis même quelque part émerveillé par la capacité qu'a le Maroc à progresser malgré tout. Notre pays n'a pas une goutte de pétrole, pas de gaz, une pénurie d’eau... donc c’est un pays qui ne peut créer de richesses qu'en travaillant», remarque M. Laroui. En effet, le Maroc avance dans tous les domaines et les chiffres des organisations internationales le prouvent. Niveau de vie, exportation, industrie, infrastructures... le Maroc devance plusieurs autres pays, que ce soit dans la région nord-africaine ou dans le Moyen-Orient. «Certes, nous avons des problèmes de pauvreté, de chômage..., mais c'est presque miraculeux pour un pays qui n'a pas la moindre rente pétrolière d'arriver malgré tout à se développer», réaffirme l’invité de «L’Info en Face».



Mais si, économiquement parlant, le Maroc se débrouille bien, qu’en-est-il de la société, du moral et de l’état psychologique des citoyens ? Là aussi, notre invité affiche une vision optimiste. Il dit comprendre la souffrance de certaines catégories de la société, «mais curieusement, ce n'est pas eux qu'on entend le plus ! Ceux qu'on entend le plus parler de crise, ce sont des gens qui n'ont strictement aucun problème eux-mêmes. Ce sont des gens qui vivent dans l'aisance qui ne cessent de parler de crise et annoncent même des lendemains qui déchantent». Mais n’est-ce pas une caractéristique mondiale que l’on retrouve au fil de l’histoire ? Il semble que oui, répond l’invité qui rappelle que la Révolution française a été une révolution bourgeoise et que Che Guevara était médecin, Fidel Castro, avocat...

Au-delà de cette remarque, l’écrivain appelle à arrêter «les bavardages dans les salons autour de la crise et d’agir». «Faites quelque chose, les gars ! Faites, par exemple, de la politique», poursuit Fouad Laroui. Il déplore à sujet l’absence des politiques. «Quand on voit que deux présidents de région sont en prison, ils sont présumés innocents, je vous l'accorde, mais ils sont quand même en prison pour trafic de drogue. Je me dis où est la politique dans ce pays ? C'est quand même extraordinaire. Où sont les programmes politiques ?», s’interroge l’invité.
En lançant cet appel, l’intellectuel affirme ne pas viser que les partis politiques, mais l’ensemble des citoyens. Qu'avons-nous fait pour laisser la politique aux mains de narcotrafiquants ? Comment est-ce possible ? Qu'avons-nous fait pour empêcher cela ? Des questions que Fouad Laroui se pose et partage pour lancer un débat franc avec toutes les composantes de société en donnant un espace d’expression aux jeunes. À ces jeunes, Laroui dit : il ne suffit pas de protester dans la rue, de manifester et de crier. Il faut faire de la politique, «adhérez à des partis politiques, créez votre parti, rentrez dans le jeu démocratique, imposez vos idées par la politique et évitez l'exploitation de la religion pour des objectifs politiques».

Le Code de la famille, une révision compliquée ?

De l’avis de Fouad Laroui, Oui ! «La question de la révision de la Moudawana est horriblement compliquée parce qu'il y a des équilibres à maintenir, notamment en ce qui concerne les libertés publiques», indique l’invité. «Dans une société conservatrice, qui est la nôtre, il faut trouver un équilibre et avancer. Je ne dirais pas qu'il faut avancer petit à petit, dans la progressivité, c'est-à-dire ne pas faire claquer les choses», explique l’écrivain. C’est donc une réforme en douceur et non un bras de fer idéologique qui est demandé pour gérer cette étape, s’accorde à dire l’invité de Rachid Hallaouy. «De temps à autre, si on a vraiment une conviction, il faut peut-être aller contre l'opinion publique, contre la majorité. Il faut le faire, mais il faut faire très attention, sans trop braquer les gens», nuance l’invité.
Toutefois, il y a des sujets sur lesquels il faut parvenir à un consensus le plus rapidement possible. Il s’agit notamment de l’abolition du mariage des mineurs. «Moi, je suis contre le mariage des mineurs. Ce n'est plus possible qu'au Maroc, pays de la sensibilité et de l'humanisme, on accepte encore de marier des gamines de 14 ans au lieu de leur permettre d'aller à l'école et de faire des études !», s’indigne Fouad Laroui.
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