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Nouvelle flambée des prix du poulet : des fragilités structurelles minent le secteur

La récente envolée des prix de la volaille au Maroc, atteignant jusqu'à 27 dirhams le kilogramme pour le poulet vivant, met en lumière la vulnérabilité d’une filière éprouvée par des crises successives. Entre les effets de la vague de froid, la hausse des coûts des intrants et des dysfonctionnements structurels, les professionnels alertent sur l’urgence d’une restructuration du secteur. Ce constat souligne également les défis auxquels sont confrontés les petits et moyens éleveurs, piliers de la production nationale, tout en soulevant des questions sur l’avenir d’un secteur stratégique pour l’économie marocaine.

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Les prix de la volaille ont atteint un pic ces derniers jours, un kilogramme de poulet vivant se vendait à 27 dirhams sur le marché de gros de Rabat lundi. Selon les experts, cette flambée s’explique par une combinaison de facteurs, notamment une mortalité élevée des poussins due à la vague de froid récente, des déséquilibres dans la chaîne d’approvisionnement, ainsi que des politiques publiques insuffisantes.



Abderrahmane Ryadi, secrétaire général adjoint de l’Association nationale des producteurs de viandes de volaille au Maroc, a expliqué dans une déclaration au «Matin» que cette hausse était attendue, bien qu’accentuée par plusieurs éléments conjoncturels. «Cette augmentation des prix résulte d’un déséquilibre entre une demande croissante et une offre insuffisante, mais elle est également amplifiée par la hausse des prix de la viande rouge, qui incite les consommateurs à se tourner massivement vers le poulet», a-t-il précisé.

À cette tension sur la demande s’ajoute une offre réduite, directement impactée par une forte mortalité des poussins. M. Ryadi a notamment souligné que «le prix du poussin a atteint des niveaux record, avec une unité vendue à 10 dirhams pour un poids inférieur à 60 grammes. Par ailleurs, le coût de la poule reproductrice importée d’Espagne est passé de 4,80 à 7,40 euros, soit une hausse de 70%. Ces hausses successives alourdissent les charges des éleveurs et se répercutent inévitablement sur le consommateur final».

Une crise enracinée dans une décennie de déséquilibres

Les fluctuations récurrentes des prix de la volaille au cours des quatre dernières années traduisent des problèmes structurels persistants. Pour M. Ryadi, ces difficultés trouvent leur origine dans une décennie de dysfonctionnements, aggravés par la pandémie de Covid-19. «Les petits et moyens éleveurs, qui représentent l’épine dorsale de la production nationale, ont vu leur activité chuter drastiquement ces dernières années. Beaucoup ont été contraints de jeter l’éponge puisqu’ils étaient incapables de faire face à leurs dettes», a-t-il déploré.

Les intrants : un autre facteur de pression

La crise des aliments pour volailles n’arrange pas la situation non plus. Avec une qualité en baisse et des prix qui ont presque doublé, les éleveurs peinent à maintenir leurs exploitations en équilibre. «Déjà accablés par des coûts élevés, les éleveurs ont dû contracter des dettes auprès des fournisseurs, allant jusqu’à hypothéquer leurs biens pour rembourser leurs créances. Aujourd’hui, beaucoup ne peuvent redémarrer leur activité sans un soutien concret de l’État», a ajouté M. Ryadi, soulignant l’urgence d’une intervention du gouvernement pour éviter un effondrement total du secteur.

Une restructuration nécessaire pour l’avenir

Malgré une possible baisse des prix dans les quatre semaines à venir, M. Ryadi plaide pour une refonte en profondeur de la filière avicole. «Une restructuration globale est indispensable pour prémunir le secteur des fluctuations internationales et le conforter face aux faiblesses structurelles», a-t-il conclu. Cette crise met en exergue l’urgence pour les autorités de s’impliquer activement dans la régulation et le soutien de cette filière essentielle. Entre modernisation, renforcement des acteurs locaux et régulation des intrants, le défi est immense : assurer la stabilité et la pérennité de la production avicole. Le pari doit être gagné impérativement, il y va de la sécurité alimentaire de larges couches de la société marocaine.
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