Depuis plusieurs mois, les dirigeants de cabinets de conseil sont dans l’attente espérant que les budgets de la formation continue soient enfin débloqués. «Nos clients ne comprennent plus. Ils paient leur taxe de formation professionnelle, mais n'arrivent pas à récupérer ces fonds pour former leurs équipes», expliquent-ils, résignés. Dans une lettre ouverte adressée au ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, Younes Sekkouri, les Groupements interprofessionnels d'aide au conseil (GIAC) et l'Association des bureaux de conseil et de formation (ABCF) dénoncent une «crise systémique sans précédent» qui paralyse le dispositif national de formation continue.
Un système à l'arrêt depuis quatre ans
Le constat est accablant. Aucun budget n'a été mobilisé pour l'exercice 2025, et les retards s'accumulent sur les quatre dernières années. Pourtant, la réglementation est claire : 30% de la taxe de formation professionnelle (TFP) doit être consacrée à la formation continue via les mécanismes GIAC et CSF. «Les entreprises sont contraintes de réduire leur cycle de formation à trois mois au lieu des douze mois prévus initialement», détaille la lettre. Une «aberration» qui compromet l'efficacité des plans de formation et décourage les employeurs.
L'impact est particulièrement dur pour les TPE-PME, principales bénéficiaires de ces dispositifs. «Depuis vingt ans, nous accompagnons ces entreprises dans l'identification de leurs besoins en compétences. Aujourd'hui, nous ne pouvons plus assurer cette mission», déplorent les organisations professionnelles.
L'impact est particulièrement dur pour les TPE-PME, principales bénéficiaires de ces dispositifs. «Depuis vingt ans, nous accompagnons ces entreprises dans l'identification de leurs besoins en compétences. Aujourd'hui, nous ne pouvons plus assurer cette mission», déplorent les organisations professionnelles.
Une gouvernance dans l'impasse
Derrière cette paralysie, les professionnels pointent du doigt une «gouvernance défaillante». Le Comité central des contrats spéciaux de formation (CCCSF) se réunit de façon irrégulière, ses délibérations manquent de transparence et les procès-verbaux ne sont pas publiés dans les délais, déplorent-ils.
Plus grave encore, les décisions semblent prises «de façon unilatérale, souvent déconnectées des réalités du terrain». Un exemple récent illustre ce blocage : une résolution adoptée en bonne et due forme par le CCCSF pour prolonger les délais de dépôt des dossiers techniques se heurte aujourd'hui à l'opposition d'un représentant ministériel. «Il y a un interventionnisme croissant de l'administration dans les prérogatives confiées aux instances consultatives», dénoncent les GIAC et l'ABCF. Cette ingérence vide ces instances de leur rôle et porte atteinte au principe de gouvernance partagée.
Plus grave encore, les décisions semblent prises «de façon unilatérale, souvent déconnectées des réalités du terrain». Un exemple récent illustre ce blocage : une résolution adoptée en bonne et due forme par le CCCSF pour prolonger les délais de dépôt des dossiers techniques se heurte aujourd'hui à l'opposition d'un représentant ministériel. «Il y a un interventionnisme croissant de l'administration dans les prérogatives confiées aux instances consultatives», dénoncent les GIAC et l'ABCF. Cette ingérence vide ces instances de leur rôle et porte atteinte au principe de gouvernance partagée.
70% des fonds restent inutilisés
Le paradoxe est saisissant. Alors que les entreprises versent chaque année leur taxe de formation professionnelle en espérant un retour effectif, près de 70% des fonds alloués à la formation continue restent dans les caisses, inutilisés. «Cette situation engendre frustration, incompréhension et défiance envers un système devenu opaque, lent et inefficace», constatent les professionnels. Certains tentent même d'imputer aux GIAC et aux cabinets la responsabilité de ces dysfonctionnements, dans ce que ces derniers qualifient de «manœuvre infondée».
Un enjeu crucial pour la compétitivité
Au-delà des aspects techniques, c'est l'avenir économique du Maroc qui est en jeu. Dans un contexte de transition économique et de réindustrialisation, la montée en compétences représente «le socle incontournable de la compétitivité et de la résilience des entreprises marocaines».
Les organisations professionnelles réclament des mesures d'urgence : déblocage immédiat des budgets des quatre dernières années, concertation élargie avec tous les acteurs, application de la loi 60-17 dont les décrets d'application attendent depuis 2018, modernisation du système d'information et respect des délais légaux de remboursement. «Le Maroc ne réussira ni sa transition économique ni sa réindustrialisation sans placer le capital humain au cœur de ses priorités», martèlent-ils dans leur appel solennel au ministre.
Les organisations professionnelles réclament des mesures d'urgence : déblocage immédiat des budgets des quatre dernières années, concertation élargie avec tous les acteurs, application de la loi 60-17 dont les décrets d'application attendent depuis 2018, modernisation du système d'information et respect des délais légaux de remboursement. «Le Maroc ne réussira ni sa transition économique ni sa réindustrialisation sans placer le capital humain au cœur de ses priorités», martèlent-ils dans leur appel solennel au ministre.