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Formation en médecine : grève, surpopulation... le flou entoure l’année universitaire 2024-2025

Si rien n’est fait d’ici septembre, le Maroc aura zéro médecin lauréat des Facultés publiques de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire. Une première dans l’histoire du pays. De l’autre côté, les bacheliers ont bel et bien passé les concours d’accès à ces filières. Ce qui soulève de nombreuses questions concernant la gestion de la prochaine année universitaire.

En pleine crise des Facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie, se sont tenues samedi les concours d’accès à ces filières ouverts aux bacheliers. L’ouverture de ces concours d’entrée dans les Facultés de médecine, de pharmacie et de médecine dentaire dans ce contexte spécial a suscité de nombreuses interrogations parmi les professeurs de médecine et les acteurs de la vie universitaire. Ces derniers s’interrogent sur le déroulement de la formation et des stages durant la prochaine année universitaire. Pour rappel, la grève des étudiants de ces filières n’est pas suspendue et s’est traduite par un boycott des examens.

En effet, de nombreux professeurs de médecine redoutent une grande confusion lors de la prochaine rentrée universitaire, qui se manifestera par une surpopulation des étudiants en médecine et des problèmes dans les affectations des stages. «Cette année, nous aurons 0 diplômé des universités publiques de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie. Nous aurons des lauréats du privé et cela va certainement créer des tensions, des frustrations et des incompréhensions qu’il va falloir gérer. Nous aurons aussi près de 4.000 nouveaux arrivants à la suite des concours ouverts aux bacheliers. La grande interrogation est donc de savoir comment sera gérée la prochaine rentrée ! Est-ce qu’on a la capacité d’accueillir les deux promotions en première année ? avec quels professeurs ? Beaucoup de questions sont posées et qui risquent de se multiplier si rien n’est fait. Il y a des tentatives de médiations et des solutions sont à trouver pour pouvoir avancer», souligne le professeur Jaâfar Heikel, épidémiologiste et économiste de la santé.



M. Heikel estime en effet que la crise n’a que trop duré et qu’elle doit s’arrêter. «Je pense que cette crise pose un énorme problème aujourd’hui, pas seulement sur le plan académique et universitaire, mais également une problématique sociale pour les étudiants et leurs parents et pour le système de santé qui est en pleine refonte. Donc cette crise qui dure depuis 8 mois doit cesser. Je n’ai pas de doute que c’est également le souhait du gouvernement, des étudiants, de leurs parents et des professionnels de santé. Malheureusement, le dialogue n’a pas pu aboutir à un accord concernant les points de discorde qui versent finalement tous dans le même sens : celui de l’amélioration de la qualité de la formation et donc des soins».

Selon le professeur, la raison du blocage, qui dure depuis plus de 8 mois et qui prend en otage des milliers d’étudiants, résiderait dans la mauvaise communication entre les parties concernées. «Je pense que l’essentiel est de trouver une méthodologie d’approche de dialogue qui puisse amener les différentes parties à trouver des issues acceptées par tous. À mon avis, une refonte quelle qu’elle soit doit être construite avec ceux qui vont la vivre et la mettre en œuvre. L’adhésion de toutes les parties prenantes est essentielle pour réussir la réforme. Les points de discorde sont pourtant identifiés : la durée de la formation, l’encadrement et les lieux des stages. Ces exigences des étudiants sont à mon avis légitimes. La durée de la formation doit correspondre au volume quantitatif et qualitatif des apprentissages dans le domaine de la médecine pour permettre d’avoir des docteurs compétents et de haute qualité, à l’instar des doctorats en ingénierie ou dans d’autres disciplines. De l’autre côté, le gouvernement demande qu’il y est plus de compréhension de l’enjeu de la réforme. Donc la divergence est à mon avis liée à la méthodologie», explique le professionnel.

Dr Mohamed Darouich, professeur d’enseignement supérieur et président de l’Observatoire national de l’éducation et de la formation, a exprimé pour sa part son inquiétude quant à la situation actuelle, en raison de l’impasse dans laquelle se trouve la crise. Plusieurs Facultés de médecine enregistrent un nombre important d’étudiants, notamment la Faculté de médecine de Rabat, où 700 étudiants sont inscrits en première année. À ce nombre s’ajouteront environ 1.000 nouveaux étudiants ayant réussi le concours d’entrée.

Le professeur universitaire et ancien secrétaire général du Syndicat national de l’enseignement supérieur prévoit une «impossibilité» pour l’enseignement supérieur de fournir toutes les conditions scientifiques, logistiques et les ressources humaines nécessaires pour accueillir les nouveaux étudiants dans les Facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie. Cela annonce une nouvelle période de «confusion» dans la formation et l’encadrement des nouveaux étudiants en médecine, dans un contexte de persistance de la crise entre les étudiants des Facultés de médecine, de médecine dentaire et de pharmacie et le ministère de tutelle, en raison de l’échec à gérer la crise et à dialoguer avec les étudiants et les responsables des secteurs de l’enseignement supérieur et de la santé, mettant ainsi en péril une année entière, ajoute Darouich.

De leur côté, les étudiants des Facultés de médecine estiment qu’il est désormais nécessaire que les autorités interviennent pour remédier à la situation actuelle en mettant à disposition plus d’établissements pour les stages ou en fournissant de nouvelles infrastructures pour la réalisation de leurs stages cliniques prévus pour la prochaine année universitaire. Ces revendications s’inscrivent dans la démarche des étudiants en médecine visant à améliorer la qualité des stages cliniques en corrigeant la faible capacité d’accueil du nombre croissant d’étudiants en médecine, notamment les médecins en spécialisation, résidents et internes.

En outre, ils demandent de résoudre le problème de l’insuffisance des professeurs de médecine, des formateurs et des assistants dans plusieurs services médicaux, y compris les services vitaux tels que la chirurgie générale, l’obstétrique, la chirurgie pédiatrique, la médecine d’urgence, la médecine légale, la médecine des brûlures, l’anesthésie et la réanimation.

Beaucoup de questions restent donc posées tant que les parties concernées ne rouvrent pas le dialogue. Des générations de médecins sont pris en otage de cette crise et la réputation de nos universités et de nos étudiants peut être grandement impactée. À ne pas oublier également la probabilité de voir ces compétences migrer ailleurs.
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