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Jeudi 27 Mars 2025
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Grève générale : les syndicats se félicitent du succès de la mobilisation nationale

Les centrales syndicales ayant appelé à une grève générale nationale le jeudi 5 février se sont félicitées de la grande mobilisation de leurs affiliés dans tous les secteurs d’activités. Pour la CDT, le mouvement de protestation a été massif, notamment dans la fonction publique. Pour sa part, l’UMT a annoncé un taux de participation de près de 85%, un «succès retentissant», selon le syndicat de Miloudi Mokharik. À travers ce débrayage, les centrales syndicales tiennent à dénoncer l’érosion du pouvoir d’achat, le blocage du dialogue social et surtout l’adoption du projet de loi organique n°97.15 fixant les conditions et modalités d’exercice du droit de grève, jugé coercitif.

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Alors que le projet de loi organique sur le droit de grève vient de franchir avec succès la dernière étape de son parcours législatif, les travailleurs affiliés à cinq centrales syndicales (la Confédération démocratique du travail, l’Union nationale du travail au Maroc, l’Organisation démocratique du travail, l’Union marocaine du Travail et la Fédération des syndicats démocratiques) ont observé mercredi une grève nationale générale qui a touché de manière différenciée de nombreux secteurs. Le débrayage a entraîné un arrêt total ou partiel des activités dans les établissements d’enseignement, les banques, dans certains moyens de transport ainsi que dans plusieurs institutions publiques et privées. Les travailleurs et salariés affiliés aux syndicats n’ayant pas appelé à la grève ont, pour leur part, continué à travailler normalement.



À travers cette grève nationale, les cinq centrales syndicales concernées entendaient réagir à ce qu’elles qualifient de «passage en force d’une loi restrictive», faisant ainsi allusion à la loi organique n°97.15 fixant les conditions et modalités d’exercice du droit de grève. Quatre d’entre elles (CDT, ODT, FSD et UNMT) ont observé un arrêt de travail de 24 heures (mercredi 5 février), tandis que l’Union marocaine du travail a opté pour une grève de 48 heures (mercredi-jeudi, 5 et 6 février).

Une mobilisation syndicale marquée par des marches de protestation

À Casablanca, Khalid Houir Alami, vice-secrétaire général de la Confédération démocratique du travail (CDT), a conduit une marche symbolique à travers plusieurs rues du quartier Derb Omar, où se trouve le siège de la centrale syndicale. Les manifestants ont scandé des slogans dénonçant «l’obstination du gouvernement à entraver le dialogue social», ainsi que «le non-respect des engagements contenus dans l’accord du 30 avril 2022 et le procès-verbal du 30 avril 2024». Les manifestants ont également dénoncé «la flambée des prix, la dégradation du pouvoir d’achat des citoyens, l’aggravation de la pauvreté et la précarité sociale galopante», ainsi que «les atteintes aux droits fondamentaux des travailleurs, notamment le droit de grève, la liberté syndicale et le droit de manifestation pacifique».

Un mouvement de grève qualifié d’historique

Younes Firachine, membre du bureau exécutif de la Confédération démocratique du travail, a qualifié cette journée de «moment historique», soulignant que la grève générale avait concerné aussi bien le secteur public que le secteur privé. Selon lui, la mobilisation a été massive, notamment dans la fonction publique, où le taux de participation dans l’enseignement a dépassé 90% au niveau national. M. Firachine a également précisé que dans plusieurs entreprises privées où les syndicats ont une forte présence, les taux de participation ont oscillé entre 90 et 100%. Il a considéré ces chiffres comme «un message fort adressé au gouvernement», qui doit selon lui répondre aux revendications du mouvement syndical en engageant «un dialogue sérieux et responsable au sujet des textes de loi ayant un caractère social, et en tête desquels figure le projet de loi organique sur le droit de grève».

Un projet de loi jugé non conforme à la Constitution et aux normes internationales

Dans cet ordre d’idées, M. Firachine a relevé que le projet de loi organique n°97.15 fixant les conditions et modalités d’exercice du droit de grève était en contradiction avec la Constitution, ainsi qu’avec les conventions internationales, notamment celles de l’Organisation internationale du travail (OIT) et les directives du Comité pour la liberté syndicale.

«Plutôt que de s’attaquer aux véritables problèmes sociaux, notamment la flambée des prix et la hausse du chômage, le gouvernement cherche à museler les voix contestataires et à restreindre le droit de grève», a-t-il dénoncé. Le responsable syndical a mis en garde que : «cette grève de 24 heures n’est qu’un avertissement» puisque «des mouvements de protestation plus forts et plus massifs seront organisés si le gouvernement persiste dans son intransigeance». Même son de cloche du côté de l’UMT qui a appelé le gouvernement à tirer les leçons de cette «mobilisation historique». L’Union exige l’ouverture de négociations sérieuses et responsables sur les attentes légitimes des travailleurs marocains et les revendications syndicales en suspens. Faute de quoi, l’Exécutif fera face à une nouvelle escalade de protestation.

L’UMT annonce un taux de participation de près de 85%, un «succès retentissant»

L’Union marocaine du travail (UMT) a annoncé que le taux de participation au premier jour de la grève générale nationale d’avertissement de 48 heures (mercredi 5 et jeudi 6 février 2025) avait atteint 84,9%. Dans un communiqué officiel, la centrale syndicale a félicité la classe ouvrière pour le «succès retentissant» de ce débrayage qui a paralysé plusieurs secteurs du pays. L’UMT a souligné que les travailleurs marocains avaient répondu massivement et avec responsabilité à l’appel à la grève, et leur mobilisation a dépassé les attentes dans toutes les régions du Royaume ainsi que dans l’ensemble des secteurs professionnels, administrations et services publics.

Malgré des «pressions administratives et des tentatives de désinformation orchestrées par certaines parties gouvernementales», l’UMT affirme que l’arrêt de travail a touché l’ensemble du tissu économique, y compris les secteurs des services, de l’agriculture et du commerce, ainsi que toutes les institutions, administrations et services publics.

Selon le communiqué de l’UMT, la grève a provoqué un arrêt complet des activités dans plusieurs secteurs clés, notamment :

• Éducation et formation : arrêt total du travail dans les écoles, universités, instituts supérieurs, foyers universitaires et centres de formation, y compris ceux relevant de la formation professionnelle.

• Secteur de la santé : interruption des services dans les hôpitaux universitaires, centres de santé, cliniques privées et cabinets médicaux.

• Finances et impôts : paralysie des services dans les directions des impôts et les établissements financiers.

• Collectivités territoriales : l’arrêt de travail a touché les administrations locales, aussi bien en milieu urbain que rural.

Le mouvement de grève s’est également étendu aux secteurs vitaux et stratégiques, publics et privés, affectant notamment :

• Les ports, avec un arrêt des activités de chargement et déchargement, de remorquage et d’assistance aux navires, du transport des conteneurs et des entrepôts de céréales.

• Les industries manufacturières et énergétiques, dont l’automobile, l’électricité, le pétrole et le gaz, les industries chimiques, les mines et phosphates, la sidérurgie, la construction, le ciment et l’agroalimentaire.

• Les transports et communications, avec une perturbation des services ferroviaires, des transports routiers et urbains (y compris tramways), de la navigation maritime, ainsi que des télécommunications et de la poste.

• Le secteur bancaire et les assurances, qui ont enregistré un fort taux de participation à la grève.

• Les médias audiovisuels, où les travailleurs de la chaîne 2M et du secteur audiovisuel public ont également participé au mouvement de protestation à travers le port de brassards.

Un large soutien international à la grève

Selon le communiqué de la centrale syndicale de Miloudi Mokharik, en soutien à cette action de protestation, de nombreuses organisations syndicales internationales ont exprimé leur solidarité avec l’UMT et les travailleurs marocains. Parmi elles :

• La Confédération syndicale internationale (CSI), qui regroupe 207 millions d’adhérents à travers 331 organisations syndicales nationales dans 163 pays, dont l’UMT.

• L’Union arabe des syndicats et l’Union africaine des syndicats.

• Les fédérations professionnelles mondiales (UNIGLOBAL et GLOBAL UNIONS).

• Les principales organisations syndicales européennes, notamment la Confédération italienne des syndicats CISL, l’Union générale des travailleurs d’Espagne UGT, la Confédération démocratique du travail de France CFDT et Force ouvrière FO.

• L’Union générale des travailleurs de Palestine, ainsi que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) et les syndicats mauritaniens.
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