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Lundi 20 Mai 2024
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Jeunes NEET : l'avis du CESE ne pouvait pas tomber plus mal pour Akhannouch

Il semblerait que les conclusions de l’avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) sur les jeunes NEET, et particulièrement le contexte de leur publication, aient déplu au Chef du gouvernement, au point de le pousser à les attaquer publiquement et sans prendre de gants. S’exprimant jeudi à la Chambre des conseillers lors d’une séance plénière dédiée à l’examen du bilan d’étape de l’action gouvernementale, Aziz Akhannouch a jugé que ces conclusions n’apportaient «rien de nouveau». Pis encore, il a laissé entendre que le fait qu’elles soient rendues publiques au moment où l’Exécutif présentait son bilan de mi-mandat était peut-être plus qu’une coïncidence.

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Les résultats de l’avis du CESE sur les jeunes NEET (ni à l’emploi, ni en éducation, ni en formation) ont visiblement eu le don d’agacer le Chef du gouvernement. Aziz Akhannouch, qui fait ces derniers jours la promotion de son bilan d’étape, se serait bien passé de cette étude qui dresse un état des lieux alarmant : elle parle de plus de 1,5 million de jeunes NEET âgés entre 15 à 24 ans. Une véritable bombe à retardement. Il faut dire que ces conclusions contrastent fortement avec les chiffres que l’Exécutif met en avant au Parlement.

S’exprimant jeudi dernier à la Chambre des conseillers, Akhannouch a tiqué d’abord sur le timing de la publication de l’avis du CESE. Il s’est même interrogé sur les véritables intentions derrière la publication d’un tel rapport, alors le gouvernement présentait son bilan aux citoyens. «Comme par hasard, le Conseil économique, social et environnemental a publié mardi un rapport sur les jeunes NEET, la veille même de la discussion du bilan gouvernemental de mi-mandat. En tous cas, j’espère que c’est une coïncidence et que le timing choisi pour publier ce rapport est anodin. Mais je leur accorde le bénéfice du doute», a-il-déclaré.

(visualisez à partir de : 2:04:40)

Pour Akhannouch, le CESE n’a rien apporté de nouveau

Mais Aziz Akhannouch ne s’est pas arrêté là. Commentant les conclusions du rapport, le Chef de l’Exécutif a jugé qu’elles «n’avaient rien apporté de nouveau», notant que les problématiques que le Conseil a soulevées avaient précédemment été soulignées dans le cadre du programme électoral de son parti, le Rassemblement national des indépendants (RNI). «La problématique des jeunes NEET avait déjà été soulevée dans le cadre du programme du parti baptisé «la voie de la confiance». Ce programme avait en effet déjà relevé l’existence d’un vrai problème relatif au cumul chaque année de plus 250.000 jeunes ayant abandonné les études, sans que ces derniers puissent suivre une formation ou intégrer le marché du travail», a-t-il ajouté, précisant que «ce qui importe le plus, ce n’est pas d’établir des constats, mais d’identifier des solutions». Et sur ce volet justement, M. Akhannouch n’a pas fait dans la dentelle. Il a considéré que les recommandations proposées par le CESE demeuraient peu «convaincantes». «J’ai examiné les recommandations proposées par le CESE. Elles sont peu convaincantes et le gouvernement ne pourrait pas s’appuyer dessus pour résoudre ce problème», a-t-il souligné.

«Awrach» et «Forsa» pour arrêter l’hémorragie

Décochant toujours ses critiques à l’endroit du CESE, Aziz Akhannouch a indiqué que son gouvernement était allé plus loin que le «diagnostic», en se fixant plusieurs objectifs en vue de réduire le nombre des jeunes NEET. À ce titre, il a insisté sur l’objectif consistant à réduire d’un tiers le taux de décrochage scolaire dans le cadre de la réforme de l’éducation, parallèlement au renforcement des services scolaires, notamment les internats, le transport scolaire, l’alimentation scolaire et autres.

Le Chef du gouvernement a par ailleurs rappelé que l’Exécutif œuvrait à consolider le programme «école de la deuxième chance». Dans ce sens, il a été procédé à la création de 16 nouveaux centres et au renforcement de la capacité d’accueil de ceux existants de 10%. En parallèle, une attention particulière est accordée au renforcement du programme «Awrach», qui a permis à 50.000 jeunes de trouver un emploi stable, ainsi que le programme «Forsa», qui a déjà profité à 21.000 entreprises et coopératives, sur les 300.000 qui avaient déposé leur candidature. «Le Matin» a essayé à plusieurs reprises de joindre le président du Conseil économique, social et environnemental pour avoir sa réaction aux propos du Chef du gouvernement, mais ce dernier est resté injoignable, avant de nous répondre par SMS qu’il ne souhaiterait pas faire de commentaires sur ce sujet.

Jeunes NEET, l’avis du CESE

Le constat dressé par le président du Conseil économique, social et environnemental, Ahmed Reda Chami, sur les jeunes NEET est accablant. Plus de 1,5 million de jeunes au Maroc âgés entre 15 à 24 ans sont sans emploi, ni études ni en état de formation au Maroc, sachant que ce nombre atteint 4,3 millions d’individus lorsqu’on élargit la tranche d’âge à 34 ans. Intervenant mercredi 8 mai dans le cadre d’une conférence de presse consacrée à la présentation de l’avis du CESE, «Les jeunes NEET : quelles perspectives d’inclusion socio-économique», élaboré dans le cadre d’une auto-saisine, M. Chami a indiqué que cette catégorie se caractérisait par sa fragilité et faisait face à de multiples formes d’exclusion, en restant en dehors du système du travail, de l’éducation et de la formation professionnelle. Ceci sans évoquer, insiste M. Chami, les répercussions de l’exclusion continue de ces jeunes sur la cohésion sociale et la rupture de la paix sociale, notant que la persistance de ce phénomène «aggrave la pauvreté et les disparités, et alimente les sentiments de frustration chez les jeunes, et les crises psychologiques, qui peuvent conduire à la déviance, à l’extrémisme et à la migration clandestine».
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