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Mardi 17 Juin 2025
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La stratégie du ministère de l’Agriculture pour faire face au stress hydrique (Ahmed El Bouari)

Dans un contexte hydrique et climatique difficile, le ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts dresse un état des lieux sans détour, tout en exposant les leviers mobilisés pour assurer la résilience et la durabilité du modèle agricole marocain. Dans cet entretien, Ahmed El Bouari revient en détail sur les efforts menés pour sécuriser les cultures stratégiques, valoriser l’eau, accélérer la transition hydrique, mais aussi pour conforter les acquis de la stratégie Génération Green à mi-parcours.

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Le Matin : Avec la baisse continue des ressources en eau et les restrictions imposées dans certaines régions, comment comptez agir pour éviter un effondrement de la production agricole, notamment pour les cultures stratégiques comme les céréales et les agrumes ?

Ahmed El Bouari :
Dans un contexte marqué par une pression démographique conjuguée à l’urbanisation et l’augmentation des besoins en eau potable associés aux effets des changements climatiques, il devient impératif d’intégrer pleinement les exigences de la sécurité hydrique et de la résilience de nos systèmes alimentaires. Cette situation se traduit par une compétition entre usages de l’eau, ce qui pèse sur l’agriculture particulièrement irriguée qui s’est vue imposer des restrictions d’eau sans précédent dans plusieurs bassins agricoles stratégiques. Les dernières précipitations qu’a connues le pays durant le mois de mars ont permis une amélioration des réserves des barrages avec un taux de remplissage qui atteint 36% au 10 avril 2025. Ceci a permis d’améliorer la situation hydrique de certains périmètres irrigués à partir des barrages notamment ceux du Loukous et Tafrata dans le bassin de la Moulouya (6% de la superficie de la grande hydraulique – GH) qui disposent actuellement des ressources suffisantes pour couvrir les besoins de cultures. D’autres périmètres par contre subissent toujours des restrictions hydriques avec des restrictions sévères au niveau des périmètres de Doukkala, d’Al Haouz et de Souss-Massa (41% de la superficie de la GH). Pour faire face à la baisse des ressources en eau allouées à l’agriculture, les pouvoirs publics ont adopté des plans de développement et d’accélération des investissements dans le secteur de l’eau, dans le cadre de la stratégie agricole Génération Green et du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation (PNAEPI) 2020-2027 qui s’articulent autour de 2 principaux leviers :

- Le développement de l’offre hydrique, à travers la poursuite de la construction des barrages et des projets d’interconnexion des bassins hydrauliques pour mobiliser le maximum des eaux actuellement perdues en mer, et le recours au dessalement de l’eau mer pour alimenter les villes côtières en eau potable et ainsi réduire la compétition sur l’eau entre les villes et l’agriculture. Dans ce cadre, il est à noter : La réalisation d’une première phase du projet de liaison entre les bassins de Sebou et de Bouregreg permettant de transférer environ 400 millions de m³/an. Une deuxième phase est prévue pour acheminer l’eau vers les zones souffrant de déficits structurels, tels que les bassins de l’Oum Er-Rbia et du Tensift. Ces projets d’interconnexion permettront à terme de mobiliser 1 million de m³ perdu en mer.

La réalisation du projet de dessalement de l’eau de mer de Chtouka qui a permis de sauvegarder le bassin de production des primeurs sur 15.000 ha et la réalisation en cours du projet de dessalement de Dakhla sur 5.000 ha avec le recours à l’énergie renouvelable. Le dessalement massif de l’eau de mer sera poursuivi pour diversifier le mix hydrique national.

- La valorisation de l’eau et l’amélioration de l’efficacité hydrique à travers :

• Le programme de modernisation des réseaux d’irrigation collectifs et la promotion des techniques d’économie d’eau sur 350.000 ha supplémentaires à l’horizon 2030, ce qui permettra d’atteindre un million d’hectares sous irrigation localisée à l’horizon 2030, soit 70% des superficies sous irrigation.

• Le programme d’extension et de réhabilitation des réseaux d’irrigation sur près 272.500 ha associés aux barrages, et aux périmètres de la petite agriculture irriguée.

Ces programmes contribuent à apporter des réponses et des solutions structurelles à la gestion de la rareté de l’eau et du stress hydrique dans l’agriculture.



Quelles sont vos prévisions pour l’actuelle campagne agricole ?

Malgré le démarrage tardif et difficile de la campagne agricole en cours, les pluies importantes enregistrées au cours du mois de mars et début avril permettront de redresser la campagne agricole. En effet, le cumul pluviométrique au 15 avril 2025 a atteint 272 mm, soit une hausse de 12% par rapport à la campagne précédente et une baisse de 21% par rapport à une année normale.

La répartition temporelle des précipitations au titre de l’actuelle campagne a été caractérisée par des pluies précoces durant le mois d’octobre favorables à l’installation des cultures d’automne, mais suivies d’un déficit pluviométrique prolongé pendant la période allant de novembre au mois de février dernier. Ce n’est qu’à partir de mois de mars que la situation s’est améliorée grâce aux pluies importantes et les chutes de neige qui ont un impact bénéfique sur la campagne agricole. En effet, et grâce aux pluies des mois de mars et début avril, les principales filières connaîtront une augmentation significative par rapport à la campagne précédente.

Pour les céréales, l’augmentation de la récolte céréalière par rapport à la campagne précédente est due principalement à l’amélioration des rendements de l’ensemble des espèces et les superficies cultivées au niveau des régions de Fès-Meknès, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Houceïma.

Le maraîchage poursuivra sa bonne performance grâce aux efforts conjoints du Ministère et des professionnels dans le cadre de programme du soutien aux filières végétales. Ainsi, la situation hydrique améliorée en mois de mars et avril permettra de respecter les programmes d’assolement du printemps et d’été assurant par conséquent l’approvisionnement normal et régulier du marché national en légumes.

En ce qui concerne l’arboriculture fruitière, les précipitations de mois de mars et avril sont grandement bénéfiques puisqu’elles coïncident avec la période de floraison des principaux arbres tels que l’olivier, les agrumes et l’amandier. De plus, l’amélioration des réserves hydriques notamment au niveau des principaux bassins de production permettra d’assurer une bonne croissance des fruits et d’enregistrer des récoltes prometteuses.

Quant au secteur de l’élevage, la situation devrait s’améliorer par rapport à 2024 suite à l’amélioration de l’état des parcours et la poursuite de la mise en œuvre du programme de reconstitution du cheptel national. Les pluies de mars et début avril, qui coïncident avec la période des agnelages des petits ruminants, auront un impact positif sur l’offre fourragère soulageant ainsi la trésorerie des éleveurs.

À mi-parcours de la stratégie Génération Green, quel bilan faites-vous de ce programme ? Y’a-t-il des ajustements envisagés pour accélérer la modernisation du secteur agricole ?

Grâce aux stratégies adoptées, le Plan Maroc vert puis Génération Green, l’agriculture marocaine a considérablement progressé : elle s’est diversifiée, modernisée et elle est devenue plus compétitive. En effet, le bilan des réalisations, à fin 2024, relate des avancées positives à plusieurs niveaux.

Ainsi, parmi les principaux objectifs de la stratégie Génération Green, l’émergence d’une nouvelle classe moyenne agricole pour près de 350.000 à 400.000 nouveaux ménage, et ce à travers :

- La promotion de l’investissement : Entre 2021 et 2024, l’investissement cumulé mobilisé dans le secteur agricole est de 83,3 milliards de DH dont 63% d’investissement public et 37% d’investissements privés.

- L’immatriculation à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) de 1,438 million d’agriculteurs pour bénéficier de la protection sociale.

- L’amélioration des revenus des agriculteurs par la facilitation de l’accès au foncier (exemple des terres collectives) et au capital (incitations de l’État dont celles spécifiques aux jeunes et aux membres des collectivités ethniques des terres collectives et dispositif de l’agriculture solidaire).

– L’encouragement de l’entrepreneuriat des jeunes par l’accompagnement financier et technique à travers 25 Centres régionaux d’entreprenariat des jeunes créés. À date, 5.000 jeunes ont leurs business plans validés.

– L’organisation des agriculteurs autour des projets d’agrégation : 49 nouveaux projets ont été approuvés dont 28 ont reçu l’attestation d’agrégation.

– Le lancement de 65 projets de l’agriculture solidaire, ce qui a permis la plantation de 82.877 ha d’espèces résilientes, la construction et l’équipement de 42 unités de valorisation, l’aménagement hydro-agricole sur 894 km de seguias, la création de 262 points d’eau et l’aménagement de 251 km de pistes.

La stratégie Génération Green vise également la poursuite de la dynamique du développement agricole à travers :

– La signature de 19 contrats-programmes, avec un investissement de 108 milliards de DH, pour le développement des filières de production.

– L’amélioration des circuits de commercialisation et de distribution des produits agricoles dont notamment l’achèvement des travaux du marché de gros de Rabat en 2024 et le lancement de plusieurs marchés de gros et d’abattoirs modernes dont 17 ont déjà été agréés par les services de l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA).

– La valorisation de l’eau d’irrigation par l’amélioration de l’efficacité hydrique et de l’offre hydrique à travers :

• L’extension de l’irrigation en goutte-à-goutte sur une superficie supplémentaire de 270.000 ha portant la superficie en GG à 866.000 ha (soit 54% de la superficie sous irrigation).

• Le lancement dans le cadre de l’aménagement hydro-agricole d’une superficie de 39.900 ha dont 18.100 ha achevés.

• Le développement des projets de dessalement de l’eau de mer en PPP pour l’irrigation des cultures à haute valeur ajoutée dont :

– L’installation de la station de Chtouka Aït Baha, d’une capacité de 275.000 m³/jour dont 125.000 m³/jour destinés à l’irrigation et dont l’extension permettra un apport supplémentaire de 40 millions de m³ par an.

– La poursuite des travaux de la station de dessalement de l’eau de mer de Dakhla dans un cadre de PPP avec une capacité totale de 37 millions de m³/an dont 30 millions de m³/an pour l’irrigation de 5.000 ha. Le taux d’avancement des travaux est de 64%.

• Le lancement de grands projets d’interconnexion entre les bassins hydrauliques. Une première phase du projet de liaison entre les bassins de Sebou et de Bouragreg a été réalisée permettant de transférer environ 400 millions de m³/an. Une deuxième phase des projets est prévue pour acheminer l’eau vers les zones souffrant de déficits structurels tels que les bassins de l’Oum Er-Rbia et du Tensift.

Face aux défis croissants auxquels est confrontée l’agriculture au Maroc, le ministère poursuit plusieurs actions aussi bien stratégiques que conjoncturelles pour renforcer de la résilience du secteur :

- La poursuite du développement et de la diversification de l’offre en eau d’irrigation.

- Le renforcement des mesures d’adaptation aux changements climatiques, la poursuite du programme de semis direct et le lancement du programme de l’irrigation de complément pour les céréales en zones Bour.

- L’accélération de la valorisation des produits agricoles en renforçant le secteur de l’agro-industrie : un projet de nouveau plan d’action de développement de ces industries, conjointement avec le ministère de l’Industrie et du commerce, est en cours de lancement.

Face aux difficultés rencontrées par la filière sucrière, marquées par une baisse de la production locale et une hausse des importations, y’a-t-il des réformes pour relancer la culture de la betterave et de la canne à sucre et réduire la dépendance extérieure ?

Face aux sécheresses récurrentes des 6 dernières années, la filière sucrière a été marquée par la pénurie d’eau, ce qui a engendré une baisse significative de la superficie entre 2020 et 2024, soit -2% pour la betterave à sucre et -45% pour la canne à sucre. Ces baisses ont concerné les principaux bassins de production notamment de Doukkala et de Tadla.

Ainsi, et afin de redynamiser la filière sucrière, le département de l’Agriculture a envisagé les mesures suivantes :

- Amélioration de la situation hydrique de certains périmètres betteraviers notamment à travers l’autorisation des lâchers d’eau tout au long de l’année dans les périmètres du Gharb, de la Moulouya et du Loukkos, ainsi que l’octroi d’une dotation spécifique pour Tadla. Ces mesures, renforcées par les projets de dessalement de l’eau de mer et de transfert d’eau, permettront d’améliorer l’offre hydrique pour les cultures y compris les cultures sucrières.

- Mise en œuvre du contrat programme de développement de la filière sucrière 2021-2030 via :

• L’augmentation des superficies des cultures sucrières à 73.000 hectares d’ici 2030 contre 64.000 hectares (moyenne 2016-2020).

• L’accroissement de la production de sucre blanc pour atteindre une production de 620.000 tonnes à l’horizon 2030, améliorant ainsi le taux de couverture des besoins nationaux en sucre.

- Mesures incitatives et financières à travers :

• Le maintien des subventions pour l’utilisation de semences mono-germes de betterave à sucre.

• La subvention des prix des engrais notamment l’urée 46 et l’ammoniac 33,5 dont les prix ont été fixés respectivement à 330 DH/quintal et 240 DH/quintal.

• L’octroi d’un soutien financier aux agriculteurs de 14.000 DH par hectare nouvellement planté dans le cadre du plan de relance de la canne à sucre 2024-2027.

• L’octroi d’un soutien financier direct aux agriculteurs de 80 DH/tonne (t) pour la betterave à sucre et de 70 DH/t pour la canne à sucre pour la campagne agricole 2024-2025.

Mesures transverses :

• La mise en place d’une couverture sociale obligatoire pour tous les opérateurs de la filière sucrière.

• Le renforcement des programmes de formation et du conseil agricole.

• L’encouragement à la création de coopératives agricoles.

Ces mesures intégrées permettront de redynamiser la filière sucrière, de valoriser l’eau d’irrigation, de favoriser une production locale et de réduire la dépendance vis-à-vis de l’extérieur.

Les exportations marocaines de fruits et légumes ne cessent de battre des records, et ce au détriment de leur disponibilité locale. Ce qui crée une inflation des prix. Comment le ministère concilie-t-il l’essor des exportations et la garantie d’un approvisionnement stable et abordable pour le marché intérieur ?

L’agriculture constitue un pilier fondamental de l’économie nationale, représentant près de 13% du Produit intérieur brut et mobilisant 38% de la population active. Parmi les différentes filières agricoles, celle des fruits et légumes occupe une place centrale dans les priorités de l’agriculture nationale, telles que définies dans les stratégies sectorielles, notamment le Plan Maroc vert (PMV) et la Génération Green.

En effet, la filière fruits et légumes s’étend sur une superficie de 725.000 hectares, produisant en 2024 une quantité totale estimée à 12,43 millions de tonnes. À l’échelle commerciale, les exportations de fruits et légumes ont atteint un volume de 2,2 millions de tonnes en 2024, soit environ 17,5% de la production totale de cette filière.

S’agissant de la progression des exportations agricoles observée entre 2020 et 2024, celle-ci s’explique principalement par une augmentation des prix à l’international, et non par une hausse des volumes. En effet, les quantités exportées sont restées globalement stables sur cette période, voire une légère diminution en 2024 par rapport à 2020. En revanche, la valeur des exportations a connu une croissance significative, estimée à environ 30%, en lien avec la montée des prix mondiaux des fruits et légumes. De plus, il convient de noter que l’élargissement des superficies cultivées, la modernisation des pratiques agricoles, ainsi que les incitations gouvernementales à l’investissement dans les intrants et les équipements, ont favorisé une augmentation notable de la production destinée au marché intérieur.

Ainsi, on peut dire que les exportations de fruits et légumes ne représentent qu’une part modérée, inférieure à 20%, de la production nationale. Ce niveau permet de préserver la majeure partie des volumes pour la consommation intérieure. Par conséquent, les performances à l’export ne compromettent en rien l’approvisionnement du marché local. Au contraire, elles permettent une dynamique d’investissement, générant une valeur ajoutée tout au long de la chaîne de valeur agricole.

Il est donc important de dissiper toute confusion entre exportations agricoles et tensions inflationnistes sur le marché national. Les exportations doivent être considérées non pas comme une contrainte, mais comme un levier stratégique de développement, contribuant à la création d’emplois, à la diffusion de l’innovation et au renforcement de la compétitivité des filières et à l’approvisionnement du marché national en légumes essentiellement.

En outre, bien que le commerce des produits agricoles soit libre conformément à la législation en vigueur, le département de l’Agriculture veille constamment à la coordination entre les ambitions exportatrices et la satisfaction des besoins du marché local. Cette conciliation se fait dans un cadre de dialogue renforcé avec les organisations professionnelles, dans un esprit de responsabilité partagée et avec une priorité clairement affirmée en faveur du citoyen marocain.

L’augmentation du coût de l’énergie pèse sur la compétitivité des agriculteurs. Que fait le ministère pour accélérer l’adoption des énergies renouvelables (solaire, biomasse) dans les exploitations agricoles et les unités de transformation ?

Dans le cadre de la stratégie agricole Génération Green 2020-2030 notamment son deuxième fondement sur la Pérennité du développement agricole, il est prévu d’assurer la promotion des énergies renouvelables notamment pour une couverture de 20% de la surface agricole utilisée (SAU) irriguée en pompage solaire.

À cet effet, et afin d’encourager les agriculteurs au recours à l’utilisation de l’énergie solaire pour le pompage d’eau d’irrigation, une convention de partenariat est conclue entre le ministère de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural, des eaux et forêts et le ministère de l’Économie et des finances pour encourager l’utilisation du pompage solaire, dans les projets équipés en systèmes d’irrigation goutte à goutte et utilisant le gaz butane comme source d’énergie pour le pompage. Cette convention prévoit l’octroi d’aides financières pour les systèmes de pompage, avec la mobilisation de ressources financières atteignant 153 millions de dirhams pour équiper environ 51.000 hectares de systèmes de pompage par panneaux solaires.

La mise en œuvre de cette convention permettra de réduire la consommation d’énergies thermiques à base de gaz butane importées et subventionnées, de limiter la pollution et les émissions de dioxyde de carbone, ainsi que de développer le secteur des énergies renouvelables dans notre pays et de renforcer la compétitivité et la durabilité des exploitations agricoles ciblées, particulièrement les petites exploitations.

Dans le même sens, et en application des Hautes Orientations Royales qui consistent en l’approvisionnement des stations de dessalement de l’eau de mer, le ministère a initié le premier projet d’irrigation par le dessalement de l’eau de mer avec le recours à l’énergie renouvelable et qui est en cours de réalisation au nord de Dakhla pour irriguer 5.000 hectares de terres agricoles. Cette station de dessalement sera alimentée par un parc éolien d’une puissance de 60 mégawatts. L’intégration des énergies renouvelables dans le processus de dessalement permet de réduire les coûts de production de l’eau et d’améliorer la compétitivité de l’agriculture.

Le nexus «Eau-Énergie-Alimentation» est une option qui sera privilégiée pour faire face au stress hydrique. En effet, avec la tendance à baisse des ressources en eau naturelles sous les effets des changements climatiques, le recours aux solutions à forte intensité d’énergie (réseaux sous pression, interconnexion des bassins hydrauliques avec des relevages importants d’eau et surtout le dessalement de l’eau de mer) cette option devient incontournable. Les solutions à long terme doivent tenir compte de l’intégration des stratégies de l’eau, de l’énergie et de l’agriculture pour concevoir des systèmes d’approvisionnement en eau plus résilients et durables.

Cette option s’inscrit dans les Hautes Orientations Royales du Discours adressé à la Nation à l’occasion du dix-neuvième anniversaire de l’Accession du Souverain au Trône, le lundi 29 juillet 2024, où Il a réaffirmé les priorités stratégiques notamment en ce qui concerne :

• L’accélération de la réalisation des stations de dessalement pour mobiliser plus de 1,7 milliard de mètres cubes d’eau par an et couvrir plus de la moitié des besoins en eau potable d’ici 2030 et irriguer d’importantes superficies.

• Le développement des projets d’énergies propres pour alimenter les stations de dessalement et assurer une gestion durable des ressources énergétiques.

• L’accélération de l’interconnexion électrique entre les provinces du Sud, le Centre et le Nord, pour acheminer l’énergie renouvelable.

Une part significative des exploitations agricoles opère encore en dehors des circuits formels, échappant aux dispositifs d’aide et de régulation. Quelles mesures sont mises en place pour encourager leur intégration tout en garantissant leur viabilité économique et sociale ?

Dans un contexte où l’agriculture est appelée à jouer un rôle central dans la souveraineté alimentaire, la cohésion sociale et le développement des territoires, l’intégration des exploitations agricoles opérant en dehors des circuits formels devient un enjeu prioritaire. Ces unités, souvent familiales, échappent aux dispositifs d’aide, de régulation et de structuration, limitant ainsi leur accès aux opportunités de développement. La stratégie «Génération Green 2020-2030» a précisément placé l’inclusion de ces exploitations au cœur de ses priorités, en visant une agriculture plus équitable, structurée et durable.

Parmi les mesures phares, le Registre national agricole (RNA) constitue un levier essentiel pour l’identification, la localisation et la caractérisation des exploitations à l’échelle nationale. Cet outil de gouvernance permet de renforcer la connaissance fine du tissu agricole, condition préalable à l’élaboration de politiques publiques ciblées et efficaces. En facilitant l’accès aux aides financières, à l’accompagnement technique, à la formation et à la couverture sociale, le RNA offre un cadre structuré pour une intégration progressive des agriculteurs dans le tissu formel, tout en assurant une meilleure transparence et un pilotage optimisé des interventions.

En parallèle, l’élargissement de la couverture sociale à travers la généralisation de l’Assurance Maladie obligatoire (AMO) représente une avancée sociale majeure. Elle traduit la volonté des pouvoirs publics de garantir aux agriculteurs des droits fondamentaux. Cette mesure contribue non seulement à améliorer les conditions de vie des exploitants et de leurs familles, mais aussi à consolider leur confiance envers les institutions.
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