Du 1er au 3 juin, Marrakech accueille, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le «Week-end de la Gouvernance Ibrahim», un sommet crucial qui redéfinit la stratégie financière africaine. Cette rencontre annuelle constitue un forum de référence sur les enjeux de gouvernance africaine, rassemblant dirigeants d’État, responsables politiques, leaders du monde économique, personnalités intellectuelles influentes et acteurs de la société civile internationale autour de débats stratégiques pour l’avenir du continent.
Rappelons-le, le 20 janvier 2025, jour de sa seconde investiture, le président américain Donald Trump gelait l’aide américaine pour 90 jours. Cette décision, révélée par des documents partagés avec le Congrès le 27 mars, prévoit des coupes d’au moins 38% de l’aide totale. Un séisme pour l’Afrique, qui recevait 20,7% de l’aide américaine en 2023. Mais dans la cité ocre de Marrakech, du 1er au 3 juin, cette crise se transforme en opportunité.
L’urgence démographique Cette transformation s’impose d’autant plus que l’Afrique fait face à un défi démographique unique. Selon les projections de l’UNDESA (département des Affaires économiques et sociales des Nations unies) citées dans le rapport, «d’ici 2100, la part de l’Afrique dans la population mondiale fera plus que doubler pour atteindre 3,8 milliards de personnes, soit plus du tiers de la population mondiale (37,5%)». Cette explosion démographique nécessitera «20 millions d’emplois supplémentaires chaque année» entre aujourd’hui et 2100, selon les estimations du rapport.
Un rapport stratégique pour repenser le financement africain
Pour éclairer ces débats cruciaux, la Fondation Mo Ibrahim a publié «Faits & Chiffres 2025 : financer l’Afrique que Nous Voulons» à l’occasion de l’«Ibrahim Governance Weekend» (IGW). Ce document stratégique, rendu public dimanche 1 juin 2025, est destiné à alimenter les discussions du Forum Ibrahim 2025, qui réunit, depuis hier, les principaux acteurs africains et internationaux pour débattre des défis et opportunités liés au financement du développement et des défis climatiques du continent. Ce rapport préliminaire examine comment l’Afrique peut mobiliser ses propres ressources et reconfigurer ses partenariats extérieurs pour répondre aux priorités qu’elle s’est elle-même fixées. Ces réflexions s’inscrivent dans un contexte particulièrement critique, marqué par l’effondrement des structures traditionnelles d’aide et le ralentissement des mécanismes mondiaux de financement du développement et du climat.Rappelons-le, le 20 janvier 2025, jour de sa seconde investiture, le président américain Donald Trump gelait l’aide américaine pour 90 jours. Cette décision, révélée par des documents partagés avec le Congrès le 27 mars, prévoit des coupes d’au moins 38% de l’aide totale. Un séisme pour l’Afrique, qui recevait 20,7% de l’aide américaine en 2023. Mais dans la cité ocre de Marrakech, du 1er au 3 juin, cette crise se transforme en opportunité.
Le Maroc, laboratoire de la nouvelle finance africaine
Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le «Week-end de la Gouvernance Ibrahim 2025» rassemble les décideurs africains et internationaux autour d’un constat radical. Selon le rapport «Faits & Chiffres 2025» de la Fondation Mo Ibrahim, «l’Afrique doit s’éloigner d’un modèle obsolète de dépendance au financement externe et aux exportations de matières premières brutes». Le choix de Marrakech illustre parfaitement cette ambition. Le Maroc détient «plus des 2/3 des réserves mondiales de phosphate (67,6%)», selon les données du rapport, positionnant le Royaume comme un acteur clé de la sécurité alimentaire mondiale grâce à ce composant essentiel des engrais.L’effondrement généralisé de l’aide traditionnelle
Les chiffres dévoilés par la Fondation Mo Ibrahim dressent un tableau alarmant. «La part de l’Afrique dans l’aide publique au développement mondiale a chuté de 11 points de pourcentage en dix ans», passant de 37,6% en 2013 à 26,7% en 2023. Cette hémorragie s’accélère dramatiquement en 2025. L’Allemagne, deuxième donateur bilatéral de l’Afrique, réduit son aide de 3 milliards d’euros entre 2023 et 2025, soit une baisse de 10,5%. La France ampute son budget 2025 de 1,2 milliard d’euros, représentant une chute de 18,6%. Le Royaume-Uni diminue ses contributions de 6,5%, de 15,3 milliards de livres en 2023 à 14,3 milliards en 2025.Le paradoxe des ressources africaines
Pourtant, l’Afrique dispose d’un potentiel colossal. Le rapport révèle un paradoxe saisissant : «Environ 920 milliards de dollars d’entrées sous forme de recettes fiscales, fonds souverains, fonds de pension et envois de fonds contre près de 940 milliards de dollars de sorties sous forme de dettes et de sorties de capitaux illicites». Cette équation serrée cache des gisements considérables. Les Africains fortunés possèdent «2,5 billions de dollars de patrimoine», selon les données 2024 citées dans le rapport. Une somme qui dépasse largement «les 1,6 à 1,9 billion de dollars» nécessaires pour financer les besoins climatiques du continent.Les trésors minéraux inexploités
L’Afrique regorge de richesses minérales stratégiques. Selon l’US Geological Survey cité dans le rapport, le continent détient «78% des réserves mondiales de palladium (Afrique du Sud), 68% du phosphate (Maroc), 55% du cobalt (RD Congo) et 45% du chrome (Zimbabwe)». Mais ces richesses continuent d’être exportées sans transformation. Le rapport souligne que «une tonne de bauxite brute vaut 65 dollars, mais 2.335 dollars lorsqu’elle est transformée en aluminium», illustrant le potentiel de création de valeur ajoutée.L’agriculture, clé de l’autonomie alimentaire
Le potentiel agricole africain reste largement inexploité. «65% des terres arables mondiales non encore cultivées se situent en Afrique», révèle le rapport de la Fondation Mo Ibrahim. Paradoxalement, «l’Afrique dépense encore 78 milliards de dollars en importations de produits alimentaires» annuellement, presque autant que ses exportations agricoles de 81,4 milliards. Le gaspillage représente un fléau majeur : «50% des produits alimentaires sont gaspillés sur le continent» en raison du manque d’infrastructures. Plus alarmant encore, «seuls 3% de la production agricole sont réfrigérés au premier kilomètre en Afrique subsaharienne».L’urgence démographique Cette transformation s’impose d’autant plus que l’Afrique fait face à un défi démographique unique. Selon les projections de l’UNDESA (département des Affaires économiques et sociales des Nations unies) citées dans le rapport, «d’ici 2100, la part de l’Afrique dans la population mondiale fera plus que doubler pour atteindre 3,8 milliards de personnes, soit plus du tiers de la population mondiale (37,5%)». Cette explosion démographique nécessitera «20 millions d’emplois supplémentaires chaque année» entre aujourd’hui et 2100, selon les estimations du rapport.