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Le constat alarmant du CESE sur le développement territorial au Maroc

«De fortes disparités entre régions et un manque de coordination des acteurs territoriaux». C’est le constat préoccupant dressé par le Conseil économique, social et environnemental (CESE) concernant le développement régional au Maroc à travers les conclusions de son avis intitulé «Pour un développement harmonieux et inclusif des territoires : les inflexions majeures». Malgré les efforts entrepris, de grandes inégalités régionales persistent au Maroc, selon l’institution dirigée par Ahmed Reda Chami, qui plaide pour une gouvernance territoriale rénovée et une meilleure répartition des richesses entre les régions.

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Les membres du Conseil économique, social et environnemental ont quitté leurs locaux à Rabat pour se retrouver, le 31 octobre 2023, à Casablanca, où ils ont présenté les conclusions de l'avis intitulé «Pour un développement harmonieux et inclusif des territoires : les inflexions majeures». Dans son discours de présentation de ce nouveau rapport, le président du CESE, Mohamed Reda Chami, a souligné l'importance des réformes entreprises dans le cadre des chantiers relatifs à la régionalisation qui reflètent la volonté des pouvoirs publics de renforcer la capacité du pays à relever les nouveaux défis en matière de développement tout en répondant efficacement aux attentes citoyens.

>>Lire aussi : Les disparités économiques régionales ont augmenté au Maroc (HCP)



Après huit années de mise en œuvre de ces Chantiers Royaux et constitutionnels, qui ont entraîné des transformations majeures en termes de modernisation de l'appareil d'État, de décentralisation et de régionalisation, il est apparu que le modèle actuel de gouvernance territoriale n'a pas encore atteint les ambitions visant à faire des régions le lieu optimal pour promouvoir le développement, est-il souligné dans le rapport relatant l’avis du Conseil. Il en ressort que les efforts déployés se heurtent encore à des difficultés pour réduire les inégalités territoriales et sociales, ainsi que pour équilibrer la contribution des régions à la création de richesse nationale. Deux indicateurs clés mettent en lumière ces disparités : premièrement, trois régions seulement sur douze contribuent à plus de 60% de la richesse nationale (données du HCP en 2020), à savoir Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, et Tanger-Tétouan-Al Hoceïma. Deuxièmement, cinq régions comptent plus de 71% des chômeurs, avec Casablanca-Settat en tête (25,9%), suivie de Fès-Meknès (13,2%) et Rabat-Salé-Kénitra (12,7%), puis Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (9,8%) et l'Oriental (9,8%).

Ces paradoxes révèlent que les régions les plus contributives à la richesse nationale sont également celles qui affichent les taux de chômage les plus élevés. Les raisons de cette situation sont multiples, notamment un enchevêtrement des compétences dévolues aux collectivités territoriales, un manque de coordination entre les acteurs territoriaux, une lente mise en œuvre de la Charte de la décentralisation administrative, un déficit en ressources humaines qualifiées au niveau régional, et un faible engagement du secteur privé et de la société civile dans le processus de planification stratégique régionale, a indiqué le président du CESE en citant les conclusions du rapport.

Comment réussir un développement territorial harmonieux et inclusif

Le président du CESE a ainsi mis en lumière, sur la base des conclusions du rapport-avis, les défis auxquels le Maroc est confronté dans sa quête d'un développement territorial harmonieux et inclusif. «Pour répondre à ces enjeux, il est impératif de poursuivre les réformes, d'améliorer la gouvernance territoriale, de renforcer la collaboration entre les acteurs régionaux, de promouvoir l'innovation et le développement numérique, et de mobiliser toutes les parties prenantes pour bâtir un avenir plus équilibré et prospère pour toutes les régions du pays», a-t-il plaidé.

Le président du Conseil a également mis en avant le rôle clé de la région de Casablanca-Settat en tant que moteur économique du Maroc, représentant plus de 32% du PIB national et attirant des investissements importants du secteur public, du secteur privé et des investisseurs internationaux. De même, il a évoqué les défis liés à la décentralisation des compétences de l'État vers les régions, conformément à la loi organisationnelle 111.14.

Par ailleurs, cette rencontre a été l'occasion de présenter les recommandations du CESE pour un développement territorial inclusif et équilibré, et d'explorer les moyens de renforcer la coopération entre l'État et les régions pour relever les défis du développement territorial au Maroc. À ce titre, le CESE appelle dans son avis à asseoir une gouvernance territoriale rénovée, via la clarification des compétences de chaque échelon, une meilleure coordination des acteurs, le transfert de compétences aux régions et la déconcentration administrative. Il préconise également de promouvoir l'intercommunalité, de réhabiliter le cercle comme échelon de proximité et d'instituer des conférences régionales annuelles. Sur un autre volet, il recommande d'opérer un tournant qualitatif en matière de promotion de l'investissement territorial. Pour cela, est-il proposé, il faut améliorer la planification et la gestion de l'investissement public, évaluer systématiquement les projets en amont et en aval, et généraliser le système de gestion des investissements publics. Il appelle aussi à définir une offre globale régionale dans les plans de développement pour attirer les investisseurs. Le CESE plaide aussi pour l'amélioration des services publics aux usagers. Il préconise, entre autres, l'effectivité de la charte des services publics, la mise en place de l'observatoire national dédié et l'amélioration de l'accueil et de l'interopérabilité territoriale.
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