De nombreux appels à la révolution africaine ont été lancé depuis dimanche depuis Marrakech. Pas celle des armes, mais celle du développement. «Le développement ne se décrète pas, il se construit par des politiques ambitieuses, par l'investissement dans le capital humain et par une gouvernance économique rigoureuse», a souligné Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans son message aux participants du Forum «Ibrahim Governance Weekend» 2025. Un message qui pose d'emblée les enjeux de ce changement africain : «Les efforts doivent donc être mutualisés aux niveaux national, régional et mondial pour combler le déficit du financement du développement et concourir, en conséquence, à l'émergence de l'Afrique que nous appelons de nos vœux».
Un continent riche aux populations pauvres
Cette vision Royale a trouvé un écho puissant lors de ce Forum particulièrement dans les propos du Dr Mo Ibrahim, fondateur et président de la Fondation Mo Ibrahim, organisatrice de cet événement qui se tient, exceptionnellement, pour la deuxième fois au Maroc. Face à l'aréopage d'éminentes personnalités venues débattre du financement du développement africain, l'homme d'affaires soudanais ne mâche pas ses mots : «Nous sommes un continent très riche. Mais nous sommes des gens très pauvres. Pourquoi cela ? Parce que nous gérons mal».
Ce diagnostic sans concession s'appuie sur des réalités chiffrées alarmantes. Les flux financiers illicites sortant d'Afrique, principalement dus à la mauvaise tarification des biens et aux transferts de profits, représentent entre 80 et 100 milliards de dollars annuellement. Une somme qui dépasse largement toute l'aide humanitaire et au développement offerte au continent. L'urgence de cette révolution financière s'intensifie face aux bouleversements géopolitiques actuels. Mo Ibrahim a dressé à cette occasion un tableau sombre de la situation mondiale : «L'effondrement de toutes les normes. Le droit international semble être du passé. Et le nationalisme monte». Dans ce contexte troublé, l'Afrique subit de plein fouet les conséquences des décisions unilatérales, notamment les coupes drastiques dans l'aide au développement.
Ce diagnostic sans concession s'appuie sur des réalités chiffrées alarmantes. Les flux financiers illicites sortant d'Afrique, principalement dus à la mauvaise tarification des biens et aux transferts de profits, représentent entre 80 et 100 milliards de dollars annuellement. Une somme qui dépasse largement toute l'aide humanitaire et au développement offerte au continent. L'urgence de cette révolution financière s'intensifie face aux bouleversements géopolitiques actuels. Mo Ibrahim a dressé à cette occasion un tableau sombre de la situation mondiale : «L'effondrement de toutes les normes. Le droit international semble être du passé. Et le nationalisme monte». Dans ce contexte troublé, l'Afrique subit de plein fouet les conséquences des décisions unilatérales, notamment les coupes drastiques dans l'aide au développement.
La jeunesse africaine, moteur du changement
Pourtant, au cœur de cette crise, une lueur d'espoir émerge. Amina J. Mohammed, vice-secrétaire générale des Nations unies, en appelle à un changement de paradigme concernant la jeunesse africaine. «Il faut dépasser la vision traditionnelle, qui cantonne les jeunes à de simples bénéficiaires, pour plutôt les reconnaître comme des leaders, des innovateurs et des partenaires clés dans la transformation de l'Afrique», a-t-elle insisté.
Cette transformation générationnelle s'inscrit dans un moment charnière. L'année 2025 marque selon la responsable onusienne «un tournant décisif dans la mise en œuvre de l'Agenda 2030 de l'ONU», nécessitant une accélération des réformes dans les cinq prochaines années pour honorer les engagements internationaux. La réussite de cette mutation doit, selon Amina J. Mohammed, «émerger de l'intérieur, grâce à l'exploitation des opportunités disponibles telles que l'opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), l'élargissement de l'accès aux marchés, une gestion optimale des ressources et la stimulation des investissements».
Cette transformation générationnelle s'inscrit dans un moment charnière. L'année 2025 marque selon la responsable onusienne «un tournant décisif dans la mise en œuvre de l'Agenda 2030 de l'ONU», nécessitant une accélération des réformes dans les cinq prochaines années pour honorer les engagements internationaux. La réussite de cette mutation doit, selon Amina J. Mohammed, «émerger de l'intérieur, grâce à l'exploitation des opportunités disponibles telles que l'opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), l'élargissement de l'accès aux marchés, une gestion optimale des ressources et la stimulation des investissements».
Des défis sanitaires révélateurs
Les enjeux sanitaires illustrent parfaitement cette problématique de dépendance. Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), a détaillé lors de cette rencontre l'ampleur des dégâts causés par les réductions d'aide : «fermeture de cliniques, licenciement de personnel de santé et privation de patients de médicaments et de traitements». Paradoxalement, cette crise pourrait s'avérer salvatrice. Le patron de l'OMS y voit «une opportunité pour tourner la page de l'aide et construire une autosuffisance durable», en identifiant des outils d'optimisation des ressources comme les taxes sur le tabac et l'alcool, les achats groupés ou les assurances santé publiques.
L'Europe face à ses responsabilités
Josep Borrell, ancien haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères a, lui, apporté une perspective européenne critique. Il a dénoncé les «coupes dans l'aide internationale qui condamnent sévèrement l'Afrique», appelant les pays européens à «changer de paradigme et à ne plus considérer l'Afrique à travers le prisme de l'immigration». Sa vision géopolitique souligne l'interdépendance des continents : «Si l'Europe et l'Afrique ne sont pas capables de créer une alliance qui nous fait travailler ensemble, l'Europe ne survivra pas». Une analyse qui repositionne l'Afrique non plus comme récipiendaire d'aide, mais comme partenaire stratégique indispensable.
Vers une gouvernance renforcée
Présent lors de cet événement, Louise Mushikiwabo, secrétaire générale de l'Organisation internationale de la francophonie, a souligné que «les crises auxquelles le monde fait face pourraient s'avérer des opportunités réelles pour l'Afrique», à condition de disposer d'un «leadership exceptionnel, performant et conscient des défis d'un monde de plus en plus complexe».
Au terme de ces trois jours d'échanges à Marrakech, un rapport complet sera publié, complétant le document «Faits & Chiffres» de la Fondation avec les conclusions de cette édition 2025. L'objectif : dessiner les contours de cette «Afrique que nous voulons», autonome, prospère et maîtresse de son destin, loin des dépendances d'hier et des incertitudes géopolitiques actuelles.
Au terme de ces trois jours d'échanges à Marrakech, un rapport complet sera publié, complétant le document «Faits & Chiffres» de la Fondation avec les conclusions de cette édition 2025. L'objectif : dessiner les contours de cette «Afrique que nous voulons», autonome, prospère et maîtresse de son destin, loin des dépendances d'hier et des incertitudes géopolitiques actuelles.
