Hatim Benjelloun, gérant associé du cabinet de conseil «Public Affairs & Services», en virtuose du verbe, se livre sans parure, disséquant le monde politique et institutionnel marocain et décrivant les arcanes de la prise de décision dans les différentes échelles de l’administration et du Parlement. Portant à l’occasion l’habit du sociologue, il décrit l’écosystème entrepreneurial et industriel du Royaume, les différentes postures du décideur en entreprise, ainsi que les erreurs fréquentes et les raccourcis peu pertinents qu’il peut choisir. Les différentes personnalités des décideurs publics ne sont pas en reste. Plusieurs types nous rappellent tel ou tel haut fonctionnaire, haut commis de l’État, voire ministre.
Avec Hatim Benjelloun, on touche du doigt l’utilité et l’impact du «conseil en affaires publiques». L’exemple des fameux jetons de peinture qui ont atteint à un moment donné 200 dirhams pour un pot de peinture à près de 320 dirhams est édifiant. L’angle d’attaque choisi au départ par les professionnels de la peinture, qui consistait à mettre l’accent sur les pratiques anticoncurrentielles, n’a pas donné de résultat. En revanche, lorsque PASS met l’accent sur le préjudice subi par le consommateur, ça fait mouche. Idem pour l’incendie de la SAMIR et la décision qui allait être prise de la délocaliser. La démarche consistant à dire en toute transparence ce qui s’est passé, à rassurer quant aux risques pour la ville de Mohammedia et d’inviter une quarantaine de parlementaires sur place, tout ceci a permis d’opérer le revirement en ajournant la décision de faire déménager l’unité de raffinage. Un bel exemple de gestion de crise.
Observateur attentif des deux rives : État et privé, l’auteur constate avec effarement combien le monde des affaires peut ignorer le processus institutionnel et ne «se réveiller» que lorsque la décision impactant son business entre en vigueur. Or, rappelle-t-il, les grandes orientations de la loi de Finances, par exemple, sont visibles dès le mois d’avril. Il démystifie le fameux carnet d’adresses, pas toujours efficace lorsqu’un travail d’analyse en profondeur n’est pas effectué. La négligence des parties prenantes, qui peuvent être des alliées, est aussi une caractéristique du mode de pensée du monde des affaires. L'auteur explique comment le sentiment d’urgence qui n’en est pas une et la précipitation causent des déceptions.
L’ouvrage est aussi un plaidoyer pour l’éthique de ce métier et sa réglementation. Il donne les clés de lecture de la décision publique, ses rouages, ses mécanismes et comment des biais à des niveaux subalternes peuvent paralyser les décisions les plus pertinentes. Agréable à lire, plein d’anecdotes et de leçons de vie, ce livre est recommandé aussi bien aux capitaines d’industrie, qui y découvriront de nouveaux ressorts pour leurs activités, que pour le lecteur lambda qui y trouvera ce que Hatim Benjelloun a ajouté comme deuxième partie au titre de son ouvrage, «Esquisses de vie».
* «Affaires publique au Maroc, Esquisses de vie», éditions PASS, 2023, 170 pages, format moyen, 129 dirhams.
Avec Hatim Benjelloun, on touche du doigt l’utilité et l’impact du «conseil en affaires publiques». L’exemple des fameux jetons de peinture qui ont atteint à un moment donné 200 dirhams pour un pot de peinture à près de 320 dirhams est édifiant. L’angle d’attaque choisi au départ par les professionnels de la peinture, qui consistait à mettre l’accent sur les pratiques anticoncurrentielles, n’a pas donné de résultat. En revanche, lorsque PASS met l’accent sur le préjudice subi par le consommateur, ça fait mouche. Idem pour l’incendie de la SAMIR et la décision qui allait être prise de la délocaliser. La démarche consistant à dire en toute transparence ce qui s’est passé, à rassurer quant aux risques pour la ville de Mohammedia et d’inviter une quarantaine de parlementaires sur place, tout ceci a permis d’opérer le revirement en ajournant la décision de faire déménager l’unité de raffinage. Un bel exemple de gestion de crise.
Observateur attentif des deux rives : État et privé, l’auteur constate avec effarement combien le monde des affaires peut ignorer le processus institutionnel et ne «se réveiller» que lorsque la décision impactant son business entre en vigueur. Or, rappelle-t-il, les grandes orientations de la loi de Finances, par exemple, sont visibles dès le mois d’avril. Il démystifie le fameux carnet d’adresses, pas toujours efficace lorsqu’un travail d’analyse en profondeur n’est pas effectué. La négligence des parties prenantes, qui peuvent être des alliées, est aussi une caractéristique du mode de pensée du monde des affaires. L'auteur explique comment le sentiment d’urgence qui n’en est pas une et la précipitation causent des déceptions.
L’ouvrage est aussi un plaidoyer pour l’éthique de ce métier et sa réglementation. Il donne les clés de lecture de la décision publique, ses rouages, ses mécanismes et comment des biais à des niveaux subalternes peuvent paralyser les décisions les plus pertinentes. Agréable à lire, plein d’anecdotes et de leçons de vie, ce livre est recommandé aussi bien aux capitaines d’industrie, qui y découvriront de nouveaux ressorts pour leurs activités, que pour le lecteur lambda qui y trouvera ce que Hatim Benjelloun a ajouté comme deuxième partie au titre de son ouvrage, «Esquisses de vie».
* «Affaires publique au Maroc, Esquisses de vie», éditions PASS, 2023, 170 pages, format moyen, 129 dirhams.