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Le Maroc compte près de 570.000 fonctionnaires pour une masse salariale de 180 MMDH

La masse salariale de l’État continue sa progression, portée par les effets du dialogue social et les revalorisations salariales. Le Projet de Loi de Finances 2026 s’inscrit dans une logique de maîtrise et de rationalisation, tout en maintenant les recrutements dans les secteurs prioritaires comme l’éducation, la santé et la sécurité.

Les dépenses de personnel de l’État ont atteint 180,27 milliards de dirhams (MMDH) en 2025, contre 116,86 MMDH en 2015, soit une hausse de 54 % sur la décennie. Cette évolution s’explique par les différentes hausses salariales décidées dans le cadre du dialogue social et par la régularisation des avancements de grade et d’échelon.

Deux périodes se distinguent :
  • 2015–2018, marquée par une relative stabilité (+1,2 %/an) grâce à la maîtrise des recrutements et aux départs à la retraite ;
  • 2018–2025, caractérisée par une hausse plus prononcée (+5,8 %/an) en raison de la revalorisation des salaires et du renforcement des effectifs dans les secteurs sociaux.

Répartition des dépenses par ministère

En 2024, six départements concentrent près des trois quarts des dépenses de personnel.
  • Éducation nationale, préscolaire et sports : 44,9 MMDH (32,3 %)
  • Intérieur : 27,1 MMDH (19,5 %)
  • Santé et protection sociale : 14,1 MMDH (10,2 %)
  • Enseignement supérieur et recherche scientifique : 9,1 MMDH (6,5 %)
  • Économie et finances : 4,1 MMDH (2,9 %)
  • Justice : 3,2 MMDH (2,3 %)
Ces départements à forte densité de personnel demeurent au cœur de la politique publique, traduisant la priorité donnée à la formation, à la sécurité et aux services sociaux.

Le Projet de loi de Finances 2026 prévoit la création de 36 895 postes budgétaires dans le cadre du budget général. Les principaux bénéficiaires de ces créations seront les ministères de l’Intérieur, de la Santé et de la Protection sociale, ainsi que l’Administration de la Défense nationale. En plus de ces postes budgétaires, 19.000 postes supplémentaires sont proposés au profit des Académies régionales d’éducation et de formation, destinés au recrutement de nouveaux enseignants.

Sur la décennie 2015–2025, ce sont 275.743 postes budgétaires qui ont été créés, auxquels s’ajoutent 175.000 postes d’enseignants recrutés via les Académies régionales d’éducation et de formation (AREFs) depuis 2016.

68.000 départs à la retraite d’ici 2029

Selon la Caisse marocaine des retraites, 68.418 fonctionnaires partiront à la retraite pour limite d’âge entre 2025 et 2029, soit 13,4 % de l’effectif global de la fonction publique. Le pic est attendu en 2026 et 2027, avec respectivement 14.722 et 14.654 départs. Les départs les plus massifs concerneront :
  • Éducation nationale : 26.175 départs (38,3 % du total, soit 13,9 % de ses effectifs)
  • Intérieur : 15.617 départs (22,8 %)
  • Santé : 6.064 départs (8,9 %)
  • Enseignement supérieur : 4.938 départs (7,2 %)
  • Justice : 2.196 départs (3,2 %)
  • Économie et finances : 1.975 départs (2,9 %)
Ces chiffres traduisent un enjeu majeur : le renouvellement générationnel dans les administrations les plus essentielles, notamment dans les secteurs de l’enseignement et de la santé, où le déficit en cadres expérimentés pourrait se creuser si les recrutements ne suivent pas le rythme des départs.

Salaire minimum et salaire moyen progression

Sous l’effet des accords sociaux successifs, le salaire minimum dans la fonction publique est passé de 3.000 DH en 2015 à 4.500 DH en 2025. Le salaire mensuel net moyen s’établit à 10.600 DH en 2025, contre 7.381 DH dix ans plus tôt, soit une hausse de 43,6 %.

Par catégorie :

Personnel d’exécution (échelle 6) : 5.925 DH

Personnel de maîtrise (échelles 7 à 9) : 7.238 DH

Cadres et cadres supérieurs (échelle 10 et plus) : 12.484 DH

Les fonctionnaires percevant entre 6.000 et 14.000 DH représentent plus de 70 % des effectifs, tandis que moins de 5 % touchent un salaire supérieur à 20.000 DH mensuels.

Rationalisation et performance : les priorités du PLF 2026

Le Projet de Loi de Finances 2026 met l’accent sur la rationalisation de la masse salariale et sur une meilleure allocation des ressources vers l’investissement public. Il s’agit de maîtriser l’évolution des dépenses de personnel sans compromettre la qualité du service public, tout en poursuivant la modernisation de la gestion des ressources humaines, la digitalisation administrative et le renforcement de la formation continue. Le gouvernement s’engage également à maintenir un dialogue social constructif et à consolider les réformes structurelles pour une fonction publique plus performante et équitable.
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