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Le paysage audiovisuel marocain à la croisée des chemins

Le rapport annuel 2022 de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) souligne la nécessité d’une mise à niveau globale du paysage audiovisuel national afin de pouvoir répondre aux défis de la société de l’information et aux mutations imposées par la révolution numérique. Selon la présidente de la HACA, Latifa Akharbach, l’offre médiatique nationale doit s’adapter à la transformation numérique pour garantir le droit à l’information du citoyen marocain devenu internaute, ce qui suppose une réponse globale et durable, au-delà des actions conjoncturelles.

Latifa Akharbach, présidente de la HACA.
Latifa Akharbach, présidente de la HACA.
La Haute Autorité de la communication audiovisuelle (HACA) vient de rendre public le rapport annuel au titre de l’année 2022. Le document, qui dresse un bilan de l’évolution du paysage audiovisuel national, souligne que 2022 a été marquée par la sortie de la crise sanitaire de la Covid-19, qui a impacté significativement la résilience du secteur de la communication audiovisuelle. Le document analyse aussi les activités menées par le régulateur dans ce contexte particulier où les médias ont dû s’adapter à de nouveaux défis économiques et sociétaux.

>>Lire aussi : Essor de la désinformation : voici les causes et les dangers selon la présidente de la HACA

Par ailleurs, dans ses conclusions, le rapport annuel de la HACA insiste sur l’impact de la révolution technologique sur les habitudes des usagers, devenus des internautes. Pour répondre à leurs nouvelles attentes, une capacité de production de contenus nationaux doit être développée.

Libéralisation de l’audiovisuel: l’impératif d’une refonte en profondeur

Le document relève en outre l’importante mutation que vit l’espace médiatique marocain. Avec la généralisation de l’accès à internet et aux réseaux sociaux, les habitudes des Marocains en matière de consommation de l’information ont profondément changé. Le paysage audiovisuel national composé des chaînes de radio et de télévision publiques et privées doit s’adapter à cette évolution sous peine de ne plus répondre aux attentes des citoyens, devenus des internautes et grands consommateurs des médias en ligne, alerte la HACA dans son rapport.

De même, le rapport 2022 de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle met l’accent sur la concurrence accrue dans le secteur des médias numériques. Selon ce document, «la compétition dans le domaine de l’audiovisuel se déroule désormais dans un espace transfrontier où se télescopent des intérêts économiques avec des enjeux géostratégiques, des enjeux de souveraineté culturelle et des enjeux de cohésion sociale et d’intégrité de l’information dans chaque société».

Avec l’avènement des plateformes numériques internationales, la consommation des contenus audiovisuels s’est fortement développée au Maroc. Les chaînes de télévision et stations de radio nationales sont ainsi en concurrence directe avec des acteurs globaux disposant de moyens colossaux. Elles doivent relever le défi de fidéliser des publics qui ont désormais accès à une offre pléthorique de contenus conçus pour le marché mondial, est-il indiqué.

La production de contenus nationaux, un enjeu crucial

Pour rester dans la course, les médias marocains n’ont d’autre choix que de miser sur les contenus nationaux, estime la HACA. «Répondre aux nouvelles attentes des publics devenus internautes implique, entre autres, la mise en place d’une réelle capacité de production de contenus nationaux», indique le rapport. Seulement, «les chiffres figurant dans le présent rapport annuel montrent que les investissements, à ce niveau, demeurent loin des standards requis pour une industrie médiatique viable et compétitive à l’ère du numérique», déplore l’institution présidée par Latifa Akharbach.

Une stratégie globale pour le secteur de l'audiovisuel

Face à ces constats, la HACA appelle à l’élaboration d’une véritable stratégie pour le secteur audiovisuel national. Cette stratégie devra intégrer plusieurs aspects : le financement de la production de contenus locaux, le modèle économique des médias, la formation des ressources humaines, etc. L’objectif est de construire une industrie culturelle et médiatique compétitive pour faire face à la domination des géants du web. «L’édification d’une véritable industrie culturelle et médiatique nationale est la seule réponse possible face à l’hégémonie et à la puissance de marché des plateformes globales qui investissent de plus en plus le créneau politiquement correct des productions locales et des œuvres primant la diversité humaine et culturelle», souligne le rapport.

La régulation face à de nouveaux défis

Outre la refonte du modèle économique, cette mutation du secteur audiovisuel marocain appelle également à repenser le cadre réglementaire, estime la HACA. L’institution de régulation note «qu’il y a besoin de formuler un nouveau paradigme pour la régulation de l’espace audiovisuel marocain». Il s’agit de garantir les droits des citoyens dans «un espace public médiatique performant et crédible. Un espace de liberté d’expression, de débat public, d’accès à l’information et à la connaissance. Un espace à même de renforcer la cohésion nationale et d’être un vecteur durable du soft power du pays», précise le rapport.

La lutte contre la désinformation

Le document ne pouvait pas aborder la question de la désinformation, un mal qui gangrène le secteur et compromet sa crédibilité. Dans un contexte de prolifération des infox sur les réseaux sociaux, les médias se doivent de produire une information fiable et responsable, souligne Latifa Akharbach. «Les opérateurs audiovisuels publics et privés devront continuer à contribuer de manière significative à la consécration du droit du citoyen marocain, devenu internaute et grand utilisateur des médias sociaux, à une information utile, crédible», affirme-t-elle.

Au final, le rapport 2022 de la HACA dresse le constat d’un secteur audiovisuel à la croisée des chemins. Bouleversé par la révolution numérique, il doit opérer sa mue pour continuer à remplir ses missions d’information et de cohésion sociale. Cette adaptation passe par une refonte en profondeur, qui ne saurait être que globale et durable. Un impératif réaffirmé par le S.M. le Roi Mohammed VI dans son message à la Famille de l’Information, appelant à «une refonte des modes de fonctionnement» du paysage médiatique national. Vingt ans après le lancement de la libéralisation de l’audiovisuel, le chantier est plus que jamais d’actualité.
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