Le 14 janvier 2025, le Maroc a franchi une étape historique en célébrant pour la deuxième fois le Nouvel An amazigh comme un jour férié national. Des festivités ont illuminé des villes comme Agadir, Marrakech et Rabat, où musiques, danses et expositions ont honoré la richesse de la culture amazighe. Cette célébration que l’on doit à une Décision Royale sage et clairvoyante annoncée le 3 mai 2023 et qui a été saluée par le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch comme un «acte symbolique fort en faveur de l’unité et de l’identité nationale», marque une avancée significative pour une langue et une culture longtemps marginalisées. En effet, cette célébration participe d’un chantier plus grand, celui de la mise en application de la langue amazighe comme langue officielle en 2011 et des dispositions de la loi organique n°26.16, adoptée en 2019, qui définit le processus de mise en oeuvre du caractère officiel de la langue amazighe et les modalités de son intégration dans l’enseignement, la justice et les services publics. Dans ce cadre, le gouvernement a alloué à ce chantier un budget de 200 millions de dirhams en 2022 puis de 300 millions en 2023 et 2024. En 2025, ce budget devrait friser 1 milliard de dirhams. Mais ces ressources budgétaires mobilisées sont-elles suffisantes pour atteindre les objectifs poursuivis ?
Le gouvernement ne cesse de réitérer son engagement pour la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe. La ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, a affirmé à l’ocasion du Nouvel An amazigh que «le Maroc avance résolument vers une intégration plus profonde de l’amazigh dans les sphères publiques». Parmi les progrès les plus significatifs, la ministre a mentionné le recrutement de 464 agents amazighophones dans les administrations publiques, destinés à améliorer l’accueil et la communication avec les citoyens. En outre, 69 opérateurs parlant amazigh ont été intégrés dans des centres d’appel répartis à travers le Royaume, une première dans le cadre de l’inclusion linguistique numérique.
Le gouvernement ne cesse de réitérer son engagement pour la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe. La ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, Amal El Fallah Seghrouchni, a affirmé à l’ocasion du Nouvel An amazigh que «le Maroc avance résolument vers une intégration plus profonde de l’amazigh dans les sphères publiques». Parmi les progrès les plus significatifs, la ministre a mentionné le recrutement de 464 agents amazighophones dans les administrations publiques, destinés à améliorer l’accueil et la communication avec les citoyens. En outre, 69 opérateurs parlant amazigh ont été intégrés dans des centres d’appel répartis à travers le Royaume, une première dans le cadre de l’inclusion linguistique numérique.
Ces efforts s’accompagnent également de mesures visibles dans l’espace public. «Nous avons installé plus de 3.000 panneaux signalétiques bilingues, ancrant ainsi l’amazighe dans l’identité visuelle des institutions publiques», a souligné Mme Seghrouchni. Ces mesures, témoignent selon elle de l’engagement du gouvernement à donner à cette langue une visibilité accrue dans la vie quotidienne des citoyens. Pour l’année 2025, les autorités prévoient de recruter 1.684 agents amazighophones supplémentaires, qui seront déployés dans 19 départements ministériels pour l’accueil et l’orientation des citoyens. Ce renforcement de la présence amazighe vise à combler les lacunes dans les régions où cette langue est majoritairement parlée, mais peu représentée institutionnellement.
Un autre chantier majeur concerne les collectivités territoriales, où un projet pilote impliquant 40 communes a été lancé pour intégrer l’amazigh dans les services municipaux. Par ailleurs, le gouvernement travaille sur une stratégie numérique qui inclut la traduction de contenus numériques en amazigh et l’intégration de cette langue dans les sites web officiels. Une étude est d’ailleurs en cours pour évaluer le niveau d’intégration de l’amazigh dans les portails numériques de 158 administrations publiques, toujours selon Mme Serghouchni.
Un autre chantier majeur concerne les collectivités territoriales, où un projet pilote impliquant 40 communes a été lancé pour intégrer l’amazigh dans les services municipaux. Par ailleurs, le gouvernement travaille sur une stratégie numérique qui inclut la traduction de contenus numériques en amazigh et l’intégration de cette langue dans les sites web officiels. Une étude est d’ailleurs en cours pour évaluer le niveau d’intégration de l’amazigh dans les portails numériques de 158 administrations publiques, toujours selon Mme Serghouchni.
L'éducation et les technologies numériques en ligne de mire
L’un des axes prioritaires du gouvernement reste l’intégration de l’amazigh dans le système éducatif. Bien que plus de 600.000 élèves apprennent actuellement l’amazigh, ce chiffre est loin des objectifs initiaux de généralisation à tous les niveaux scolaires en septembre 2024. La formation des enseignants constitue un défi majeur, tout comme l’élaboration de supports pédagogiques adaptés. En effet, l’enseignement de la langue amazighe dans les écoles publiques, lancé en 2003, avait pour ambition de généraliser cette langue à l’ensemble du système éducatif, du primaire au lycée. Deux décennies plus tard, cet objectif semble encore hors d’atteinte. Cette situation, selon Ahmed Arahmouch, avocat et activiste amazigh, s’explique par un «manque criant de moyens» alloués à cette mission. «Le budget dédié à l’enseignement de l’amazigh est dérisoire. Comment espérer développer une langue quand elle ne bénéficie ni des ressources humaines ni des infrastructures nécessaires ?» déplore M. Arahmouch lors de sa participation à l’émission Avec Erramdani sur 2M. Selon cet avocat, la contradiction est encore plus frappante lorsqu’on compare ces chiffres au dernier recensement national du Haut-Commissariat au Plan (HCP) qui estime que seulement moins de 24% de Marocains parlent amazigh. «Un chiffre totalement faux», s’indigne M. Arahmouch, qui explique que ce paradoxe trouve en partie son origine dans la méthodologie des recensements eux-mêmes. Selon lui, les questions posées lors des enquêtes nationales ne tiennent pas compte des spécificités linguistiques du pays. «Quand un Marocain déclare que sa première langue est l’arabe, il fait souvent référence à la darija, et non à l’arabe classique», explique-t-il. De plus, le recensement se serait appuyé sur un échantillon limité, représentant seulement 20% de la population, ce qui fausse, selon lui, les résultats. «Des milliers de Marocains amazighophones, notamment dans les zones rurales, n’ont tout simplement pas été interrogés», dénonce-t-il, avant d’ajouter que ces données sous-estimées sont ensuite utilisées pour justifier des investissements insuffisants, ce qui consolide un cercle vicieux de marginalisation.
Pour Arahmouch, la marginalisation de l’amazigh ne se limite pas à l’éducation. Dans le secteur judiciaire, par exemple, il est pratiquement impossible pour un citoyen de s’exprimer en amazigh devant un tribunal. «Un avocat ne peut pas plaider en amazigh. Un juge ne peut pas délibérer dans cette langue. Les citoyens amazighophones se retrouvent dans une situation d’inégalité devant la justice», affirme-t-il. Quant à la solution proposée par le gouvernement, à savoir le recrutement de traducteurs, le militant regrette que, bien qu’utile à court terme, cette mesure ne puisse pas compenser l’absence de formation linguistique pour les fonctionnaires eux-mêmes. «Les administrations publiques devraient intégrer l’amazigh de manière structurelle. La traduction n’est pas une solution durable». Il critique par ailleurs certaines dépenses qu’il considère comme inutiles. «Recruter 464 traducteurs ou enseigner l’amazigh uniquement jusqu’à la cinquième année de primaire est un gaspillage des fonds publics. Ces mesures, loin de renforcer la langue, l’enferment dans un statut marginal», déplore-t-il.
Que faire donc pour préserver l’amazigh ?
Ahmed Arahmouch insiste sur l’urgence d’entreprendre des actions concrètes et coordonnées pour promouvoir la langue amazighe. Pour lui, il est impératif d’instaurer un dialogue national avec le gouvernement, tout en assurant une transparence totale sur l’utilisation des fonds consacrés à ce chantier. «Nous avons besoin d’une politique publique qui repose sur la démocratie participative, où les citoyens amazighophones sont pleinement impliqués dans les décisions qui les concernent», affirme-t-il. Il plaide également pour une réforme structurelle plus large, où l’amazigh ne se limite pas à une présence symbolique, mais devient une langue active et fonctionnelle dans tous les aspects de la vie publique. «Il est crucial que cette langue soit intégrée de manière réelle et durable, au-delà des annonces officielles», insiste-t-il. Pour M. Arahmouch, l’enjeu est plus que linguistique : «C’est une question de justice sociale et d’égalité. Si nous ne faisons rien, l’amazigh continuera de reculer, malgré son statut officiel. Nous devons agir maintenant, avant qu’il ne soit trop tard», alerte-t-il. Il appelle donc à une mobilisation collective pour préserver l’amazigh, non seulement comme un patrimoine culturel, mais aussi comme un outil de cohésion sociale et de justice.
Langue amazighe : formation de plus de 3.000 enseignants du primaire en classe bilingue
Plus de 3.000 enseignants du primaire en classe bilingue bénéficieront d’une formation en vue d'accélérer la généralisation de l'enseignement de la langue amazighe, a annoncé, lundi 13 janvier dernier à Rabat, le ministre de l'Éducation nationale, du préscolaire et des sports, Mohamed Saad Berrada. En réponse à une question orale du Parti du progrès et du socialisme (PPS) à la Chambre des représentants sur «la promotion de l’enseignement de la langue amazighe et de ses enseignants», le ministre a indiqué qu'un total de 650.936 élèves suivaient actuellement des cours d'amazigh dans 3.400 écoles primaires.
Ce chiffre représente un taux de couverture de 40% sur l'ensemble des établissements d'enseignement primaire, a précisé le responsable gouvernemental, ajoutant que le nombre d'enseignants dispensant des cours d'amazigh se chiffre à 3.400. Le nombre des enseignants de la langue amazighe, a-t-il rappelé, est passé de 200 en 2021 à 600 en 2022, puis à 1.200 l'année suivante, pour atteindre 1.850 en 2024.
Ce chiffre représente un taux de couverture de 40% sur l'ensemble des établissements d'enseignement primaire, a précisé le responsable gouvernemental, ajoutant que le nombre d'enseignants dispensant des cours d'amazigh se chiffre à 3.400. Le nombre des enseignants de la langue amazighe, a-t-il rappelé, est passé de 200 en 2021 à 600 en 2022, puis à 1.200 l'année suivante, pour atteindre 1.850 en 2024.