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Les cités universitaires, parent pauvre de la réforme de l’enseignement supérieur

Un an après son lancement, la mission d'information de la Chambre des représentants sur les cités universitaires vient de rendre ses conclusions. Le rapport final, qui sera discuté pour la deuxième fois en commission, mardi 30 janvier, dresse un état des lieux alarmant de ces résidences étudiantes. Outre le problème du surpeuplement, le document pointe de graves insuffisances au niveau des infrastructures, de l'hygiène et de la sécurité. Pour la mission parlementaire, seul un plan d'envergure permettra de moderniser un parc «vieillissant et inadapté aux besoins».

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Lancée il y a tout juste un an sous la présidence du chef du groupe parlementaire du Parti du progrès et du socialisme (PPS), Rachid Hamouni, la «Mission exploratoire temporaire sur les critères et les conditions de résidence dans les cités universitaires» vient de boucler ses travaux. Elle a procédé durant 12 mois à une série de visites ayant concerné 9 cités universitaires de terrain dans différentes villes du Royaume.



Son rapport final, qui sera présenté et discuté pour la deuxième fois devant la Commission de l'enseignement, de la culture et de la communication à la Chambre des représentants, dresse un constat sévère de l'état général des résidences universitaires au Maroc. Après un premier examen le 16 janvier, une réunion de la Commission est prévue, mardi 30 janvier 2024, en présence du ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, pour la poursuite de la discussion du rapport de la Mission exploratoire temporaire sur les critères et les conditions de résidence dans les cités universitaires.

Les cités universitaires : des infrastructures vétustes qui manquent d'équipements

Premier point noir relevé par la mission : la vétusté des infrastructures, pour la plupart anciennes et mal entretenues. «La majorité des chambres des cités universitaires visitées sont étroites, humides, mal ventilées et ne permettent pas aux étudiants de vivre dans des conditions décentes», note le rapport. Mobilier défraîchi, matelas et couvertures en mauvais état, ampoules et sanitaires défectueux... les conditions à l'intérieur des logements laissent à désirer.

De plus, les équipements collectifs sont largement insuffisants au regard des effectifs des résidents. Le rapport relève ainsi un déficit flagrant en salles de travail, terrains de sport, espaces de détente et de loisirs. L'accès à internet reste également très problématique dans de nombreux établissements. «Il est urgent de refondre entièrement l'offre de services au sein des cités pour la rendre adaptée aux modes de vie des étudiants contemporains», préconise la mission parlementaire.

Promiscuité excessive des étudiants et tensions fréquentes liées à la surpopulation

Autre problème majeur signalé par les parlementaires : l'entassement excessif des résidents, du fait d'une offre structurellement insuffisante. Avec jusqu'à 4 étudiants par chambre, la promiscuité est extrême et les conditions de sommeil et de travail inadaptées. «Cela engendre de fortes tensions et une montée des incivilités préjudiciables à la sérénité des lieux», analysent les députés. Ils ajoutent que le manque chronique de lits est directement imputable à la faiblesse des programmes de construction de nouvelles cités. Le rapport plaide par conséquent pour un rattrapage massif, «seul à même de résorber la pénurie actuelle et les situations indignes qu'elle entraîne».

Des résidences universitaires peu sûres et mal entretenues

Sur le plan sanitaire, le constat de la mission parlementaire est également accablant. Saleté, odeurs nauséabondes... autant d’indices prouvant l'insuffisance de l'entretien dans les cités visitées. «L'hygiène déplorable de certains locaux constitue un problème majeur nécessitant une réaction urgente des pouvoirs publics», s'alarme le rapport. Il pointe du doigt le manque criant de personnel d'entretien et de maintenance, mais aussi la dégradation des équipements sanitaires. Une remise à niveau s'impose pour offrir aux résidents des conditions décentes, sur le plan de la propreté comme de la santé publique.

Autre point noir selon le même rapport : la recrudescence de l'insécurité au sein des cités universitaires. Le document évoque des dispositifs de surveillance et de contrôle d'accès «quasi inexistants» dans certains établissements. Les députés déplorent ainsi la multiplication des intrusions, des vols, voire des agressions au sein de ces résidences. Des pratiques tels que le bizutage et le racket y sévissent également faute d'encadrement. «L'impunité actuelle ne peut qu'encourager la poursuite de ces dérives», s'inquiète le rapport parlementaire.

Inadaptation du modèle de gestion et sous-financement chronique

Plus globalement, la mission d'information relève l'obsolescence du modèle de gestion des cités universitaires, trop centralisé et bureaucratique pour répondre aux enjeux actuels. Elle appelle du coup à plus de responsabilisation des établissements et des collectivités territoriales pour une prise en charge au plus près des réalités de terrain. Mais par-dessus tout, le rapport fustige le sous-investissement chronique de l'État dans l'infrastructure universitaire. Avec des budgets de maintenance amputés et des programmes immobiliers au point mort, l'inadaptation du parc de logements étudiants ne pouvait qu’aboutir à la «situation déplorable» actuelle.

Vers un vaste plan de rénovation et d'extension du parc de cités universitaires

Face à ce constat peu reluisant, les députés pressent le gouvernement d'engager un vaste plan de réhabilitation des cités existantes, pour les rendre salubres et sûres, tout en modernisant les services offerts. Ils réclament également un programme massif de constructions de nouvelles résidences pour résorber la pénurie actuelle. «Seul un investissement majeur permettra de refondre entièrement ce secteur et offrir aux étudiants des conditions d'hébergement décentes», martèle le rapport. Et de préconiser l'implication accrue du secteur privé via des partenariats public-privé, afin d'accélérer le développement de l'offre de logements abordables de qualité. Un an après le lancement de cette mission, les députés sonnent donc le tocsin. À travers ce réquisitoire implacable, ils entendent susciter une prise de conscience auprès des pouvoirs publics quant à l’urgence de venir en aide aux cités universitaires, parent pauvre de l’enseignement supérieur.
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