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Samedi 17 Mai 2025
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Les statuts des employés des Agences du sang et des médicaments font polémique

Depuis plusieurs mois, le climat social dans le secteur de la santé est sous haute tension. Les professionnels, déjà excédés par des promesses non tenues et un dialogue social en panne, dénoncent une nouvelle fois la gestion jugée autoritaire du ministère de la Santé. Loin d’apaiser le climat, le ministre Amine Tahraoui est accusé par les syndicats d’attiser la tension par des décisions prises en solitaire. La dernière en date : l’adoption, sans concertation, des statuts des employés de l’Agence marocaine du sang et de ses dérivés, ainsi que de l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé. Une décision qui a mis le feu aux poudres et poussé six syndicats à adresser mardi dernier une lettre ouverte au Chef du gouvernement, dénonçant une politique du fait accompli et menaçant d’intensifier leur mobilisation.

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Depuis son arrivée à la tête du ministère de la Santé, Amine Tahraoui peine à apaiser la colère des professionnels qui dénoncent une gestion opaque et unilatérale du secteur. Mardi encore, la fronde a pris une nouvelle ampleur après la validation des statuts des employés de l’Agence marocaine du sang et de ses dérivés ainsi que de l’Agence marocaine des médicaments et des produits de santé, sans la moindre consultation des syndicats.

L’adoption de ces textes, entérinée par les conseils d’administration des agences tenus le 3 janvier dernier sous la présidence du Chef du gouvernement, a provoqué une levée de boucliers des professionnels de la santé. Six organisations syndicales du secteur, regroupées dans ce qu’on appelle désormais la Coalition du secteur de la santé, ont rapidement réagi en adressant une lettre ouverte au Chef du gouvernement, mardi, dans laquelle ces derniers dénoncent une approche «méprisante» et appellent à une révision urgente de cette méthode de gouvernance.

L’accord du 23 juillet au point mort

Mais il semble que cette colère ne soit pas provoquée uniquement par l’adoption des statuts des Agences du sang et du médicament. Dans sa lettre, la Coordination syndicale nationale du secteur de la santé dénonce également le retard dans la mise en œuvre de l’accord du 23 juillet. Sept mois après sa signature, le texte est toujours en suspens, malgré une série de réunions avec le ministère de la Santé censées en assurer la concrétisation. Pourtant, selon les syndicats, de nombreux points avaient déjà fait l’objet d’un consensus et il ne manquait plus que l’aval des instances compétentes et du ministère des Finances.

Au vu de cette lenteur, les syndicats ne décolèrent pas. «Lors de leur première rencontre avec le ministre de la Santé et de la protection sociale, Amin Tahraoui, celui-ci avait solennellement promis d’accélérer l’application de l’accord et l’adoption des textes réglementaires. Or la réalité est tout autre : les discussions ont été gelées, les engagements ont été oubliés et les promesses ont volé en éclats. Nous sommes face à un un silence assourdissant, puis un blocage inexplicable de toutes les avancées obtenues. Aujourd’hui, nous ne récoltons que des promesses creuses», dénoncent les syndicats dans leur missive. Une gouvernance opaque

«L’absence totale de transparence» est l’autre point noir mis en lumière par les syndicats. L’élaboration des nouveaux statuts des Agences du sang et des médicaments s’est faite dans le plus grand secret. Non seulement les travailleurs n’ont pas été consultés, mais les syndicats ont vu leurs demandes d’être impliqués systématiquement ignorées. «On dirait que ces textes sont devenus un secret d’État, ce qui est totalement illogique et inacceptable !», s’insurgent-ils.

Pour les syndicats, cette gouvernance «opaque et autoritaire» ne fait qu’alimenter la colère et l’exaspération des professionnels du secteur. Ils craignent désormais un précédent dangereux : la même approche pourrait être appliquée pour l’élaboration du statut type des Groupements sanitaires territoriaux, instaurant ainsi une politique du fait accompli sans la moindre concertation avec les professionnels concernés. Une perspective qui ne ferait qu’envenimer une situation déjà explosive.

Une impasse qui pourrait mener à l’escalade

Face à cette crise qui se prolonge, la coordination syndicale hausse le ton et met en garde contre une détérioration irréversible du climat social. Elle appelle le Chef du gouvernement à intervenir de toute urgence pour faire respecter l’accord du 23 juillet et rappeler son ministre à l’ordre. Elle exige également un retour immédiat à une gestion participative, conforme aux engagements du gouvernement et aux principes du dialogue social. L’enjeu est clair : maintenir la stabilité du secteur de la santé et restaurer la confiance des professionnels. Si rien n’est fait, les syndicats préviennent qu’ils ne resteront pas les bras croisés. La menace d’un mouvement de protestation d’ampleur plane d’ailleurs déjà.
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