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Mardi 24 Juin 2025
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Location de voitures : Pourquoi le nouveau cahier des charges révolte la profession

Le secteur de la location de voitures sans chauffeur est en ébullition. À quelques heures de l’échéance fixée par le ministère du Transport et de la logistique pour se conformer au nouveau cahier des charges, les professionnels expriment leur mécontentement face à des exigences jugées excessives, voire inapplicables. Alors qu’une réunion avec le ministère de tutelle est prévue mercredi prochain, l’incertitude grandit, et le spectre d’une crise plane sur la profession.

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Le secteur de la location de voitures sans chauffeur est en pleine effervescence. À l’approche de la fin de la période transitoire, fixée au 29 mars courant par le ministère du Transport, la tension monte parmi les professionnels, invités à se conformer aux nouvelles dispositions du cahier des charges. Face aux vives contestations suscitées par certaines clauses, le ministère a convoqué en urgence une réunion ce mercredi avec les représentants du secteur. Objectif : apporter des réponses concrètes aux nombreuses interrogations exprimées et trouver un compromis s’agissant des points jugés problématiques.

Dans une correspondance que «Le Matin» a pu consulter, la directrice du transport routier indique que cette réunion technique vise principalement à clarifier l’application des nouvelles règles. Mais sur le terrain la colère gronde. Les professionnels dénoncent des exigences «irréalistes» et mettent en garde contre leurs répercussions «néfastes» sur les plans économique et social.

Des réformes contestées

Mais comment en est-on arrivé là ? Pour comprendre l’origine de cette tension, il faut remonter au 14 avril 2024, lorsque le ministère du Transport et de la logistique a adopté un nouveau cahier des charges imposant des changements structurels aux agences de location de voitures sans chauffeur. Certes, certaines mesures ont été accueillies favorablement par les professionnels notamment la responsabilisation accrue du propriétaire de l’agence, qui devra désormais occuper le poste de gérant et répondre de ses actes en cas de crédit non remboursé. «Cette mesure permet de mieux encadrer la gestion des agences», souligne Hassan Charqi, vice-président de la Fédération nationale des loueurs de voitures (FNAPALV).

Néanmoins, certaines obligations ont suscité une fronde quasi générale. Parmi celles-ci, figure la transformation du statut juridique des loueurs exerçant en tant que personnes physiques, désormais contraints de créer une entreprise. Une démarche perçue comme coûteuse et complexe par les professionnels. «La transformation en personne morale implique des démarches administratives lourdes et onéreuses. Il faut engager un expert-comptable, transférer les biens et modifier l’enregistrement des véhicules. Imaginez la difficulté pour un professionnel possédant 60 ou 80 voitures !», déplore Abdellah Achanan, président de la Fédération des Associations de location d’automobiles au Maroc.

À cela s’ajoute la question sensible de la modification du nom commercial, qui inquiète particulièrement les agences bien établies. «Nous avons investi dans notre marque, nos clients nous identifient par ce nom. Changer de dénomination, c’est risquer de tout perdre», s’alarme un autre professionnel.

Des coûts financiers insoutenables

Au-delà des changements administratifs, une autre mesure suscite l’indignation : l’instauration d’un capital minimum de 500.000 dirhams pour toutes les agences, qu’elles soient nouvelles ou existantes. Pour les professionnels, cette exigence pourrait signer l’arrêt de mort des petites structures. «Réguler l’accès au secteur, oui, mais pourquoi imposer cette obligation aux agences déjà en activité ? La loi ne doit pas être appliquée par effet rétroactif. Cela risque d’asphyxier les agences qui peinent à tenir leur équilibre financier et mettra en péril des milliers d’emplois», s’indigne M. Achanan. Si la direction du transport routier a provisoirement suspendu la mise en œuvre de cette mesure dans les faits, l’absence d’une décision officielle laisse les professionnels dans l’incertitude. «On ne peut pas travailler dans un tel flou. Certaines agences ont déjà procédé à l’augmentation de leur capital, tandis que d’autres sont invitées à attendre. Le ministère doit trancher clairement», insiste Hassan Charqi.

Des conditions d’exercice plus strictes

Il convient de souligner que le nouveau cahier des charges a introduit également d’autres nouveautés. Les nouvelles agences devront désormais disposer d’au moins sept véhicules neufs au lieu de cinq pour obtenir l’agrément. En outre, les responsables d’activité devront justifier d’un diplôme spécialisé de deux ans ou d’une expérience attestée par la CNSS. Des mesures jugées positives par les professionnels, qui saluent un effort de structuration d’un secteur encore trop fragmenté. Pour autant, l’absence de coordination entre les différentes entités représentatives complique la défense des intérêts des loueurs. Avec pas moins de trois fédérations et trois syndicats aux revendications parfois contradictoires, l’unité du secteur demeure un défi majeur. Pour espérer faire entendre leur voix, les professionnels devront surmonter ces divisions et s’organiser en vue des discussions à venir.
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