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L’ONDH révèle une transformation prometteuse de l’école publique marocaine

Le Programme Écoles pionnières, lancé en 2023 dans 628 écoles primaires publiques au Maroc, suscite un enthousiasme croissant chez les enseignants et les élèves. Selon une enquête de l'Observatoire national du développement humain (ONDH), cette initiative novatrice a déjà eu un impact significatif sur la qualité de l'enseignement et l'engagement des élèves. Malgré des défis persistants, notamment en termes d'infrastructures et de résistance au changement, le programme ouvre la voie à une transformation profonde du système éducatif marocain. L'ONDH souligne cependant la nécessité d'une stratégie de généralisation réfléchie pour pérenniser ces premiers succès.

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La mise en œuvre des engagements pris au niveau du cycle primaire a démarré à la rentrée 2023-2024 à travers le Programme Écoles pionnières. Ce dernier vise à jeter les bases de l’école publique du futur, basée sur une approche participative répondant aux attentes des élèves, de leurs parents et des cadres pédagogiques. Cette réalité, désormais courante dans les 628 écoles primaires publiques participant au Programme Écoles pionnières, illustre une transformation silencieuse mais profonde qui s'opère dans l'éducation marocaine.

«Nous observons une amélioration significative de la participation et de la confiance en soi des élèves», déclare Otmane Gair, président de l'Observatoire national du développement humain (ONDH), lors d'un point presse, mercredi 3 juillet 2024 à Rabat. Il présente les résultats d'une enquête menée par l'ONDH sur les premiers mois de mise en œuvre du Programme Écoles pionnières, une initiative ambitieuse lancée par le gouvernement en novembre 2022 dans le cadre de sa feuille de route 2022-2026 pour une école publique de qualité. Le Programme Écoles pionnières, qui touche actuellement 322.000 élèves et implique 12.000 enseignants et directeurs d'établissements volontaires, vise à «jeter les bases de l'école publique du futur», selon les termes du rapport de l'ONDH. L'objectif est clair : améliorer la qualité des apprentissages de base, réduire la déperdition scolaire et favoriser l'épanouissement des élèves.

Une approche pédagogique révolutionnaire

Les premiers résultats sont encourageants. «Le Programme a été largement reconnu et gratifié de par son approche innovante», souligne le rapport de l'ONDH. L'introduction de la méthode «Teaching at the Right Level» (TaRL) est particulièrement saluée. Cette approche, centrée sur l'élève, permet aux enseignants de s'adapter aux rythmes et styles d'apprentissage individuels, créant ainsi un environnement plus inclusif et favorable à l'apprentissage. «Nous constatons une nette amélioration des acquis en termes d'apprentissage des trois matières principales : l'arabe, le français et les mathématiques», affirme Otmane Gair. Les enseignants et les inspecteurs interrogés font état d'améliorations observables dans la maîtrise de ces matières par les élèves, qu'ils attribuent aux méthodes adaptées et attrayantes employées dans le cadre du Programme.
L'enthousiasme des élèves pour l'apprentissage est peut-être l'indicateur le plus significatif de la réussite du Programme. «Les élèves sont plus engagés, plus curieux. Ils osent poser des questions, prendre des initiatives», témoignent des enseignants participant à cette enquête de l’ONDH. Cette dynamique positive se reflète dans l'amélioration des résultats scolaires, particulièrement dans les compétences fondamentales comme la lecture et les mathématiques.

Un impact au-delà de la salle de classe

L'enquête de l'ONDH révèle un effet inattendu du Programme : son impact psychosocial sur les élèves. «Nous avons observé une amélioration significative des compétences interactionnelles des élèves, non seulement en classe, mais aussi dans d'autres situations sociales», explique Otmane Gair. Cette évolution est particulièrement marquée chez les élèves habituellement timides ou en difficulté, qui trouvent dans l'approche TaRL un espace propice à l'expression et à l'épanouissement.
Le Programme Écoles pionnières a également eu un impact positif sur la cohésion du système éducatif. «La proximité et la facilité de communication avec le pilotage central du Programme ont considérablement amélioré les relations entre les différents acteurs», note le rapport de l'ONDH. Les enseignants se sentent plus soutenus et valorisés, ce qui se traduit par une plus grande motivation et un engagement accru dans leur mission éducative.

Des défis à relever pour une généralisation réussie

Malgré ces succès, le Programme Écoles pionnières fait face à des défis importants. «L'infrastructure technologique inadéquate, en particulier dans les zones rurales, entrave l'intégration efficace des ressources numériques dans l'enseignement», souligne Otmane Gair. Cette fracture numérique risque de creuser les inégalités entre les élèves des zones urbaines et rurales si elle n'est pas rapidement adressée. La résistance au changement de certains enseignants, particulièrement ceux habitués aux méthodes traditionnelles, constitue un autre obstacle majeur. «Il est crucial d'investir dans la formation continue des enseignants pour les accompagner dans cette transition pédagogique», insiste le président de l'ONDH.

Le surpeuplement des classes, particulièrement en milieu urbain, et les retards dans les travaux de réaménagement de certaines Écoles pionnières sont également des sources d'inquiétude. «Ces aspects logistiques peuvent avoir un impact négatif sur la motivation des enseignants et la qualité de l'enseignement», avertit le rapport. Face à ces défis, l'ONDH recommande une approche prudente et réfléchie pour la généralisation du Programme. «Il est essentiel de capitaliser sur les bonnes pratiques émergentes et les leçons apprises avant d'étendre le Programme à l'échelle nationale», conseille Otmane Gair.

Vers une transformation durable du système éducatif marocain

Malgré ces défis, l'enthousiasme généré par le Programme Écoles pionnières laisse entrevoir un avenir prometteur pour l'éducation au Maroc. «Ce programme a le potentiel de transformer en profondeur notre système éducatif», affirme avec conviction Otmane Gair. Pour consolider ces premiers succès, l'ONDH recommande plusieurs pistes d'amélioration. Parmi elles, l'augmentation des volumes horaires consacrés à l'écriture et à la lecture, l'intégration de l'approche École pionnière dans l'enseignement préscolaire et la création d'un parcours d'apprentissage spécifique pour les élèves excellents.

L'implication accrue des parents dans le processus éducatif est également jugée cruciale. «Nous suggérons la création d'une plateforme numérique pour faciliter l'interaction entre les écoles et les parents», indique le rapport de l'ONDH. Cette approche permettrait de renforcer le continuum éducatif entre l'école et la maison, favorisant ainsi un environnement d'apprentissage plus cohérent et soutenant pour les élèves. L'ONDH insiste également sur l'importance de ne pas négliger les aspects artistiques, culturels et sportifs dans le cadre du Programme Écoles pionnières. «Ces domaines sont essentiels pour le développement global de l'enfant et ne doivent pas être relégués au second plan», souligne Otmane Gair.

Enfin, l'Observatoire appelle à une réflexion sur les critères de réussite scolaire. «Il est important de s'assurer que les élèves maîtrisent réellement les compétences fondamentales avant d'obtenir leur diplôme», précise le rapport. Le Programme Écoles pionnières se trouve à un moment charnière de son développement. Les premiers résultats sont encourageants, mais la réussite à long terme dépendra de la capacité du ministère de l'Éducation nationale à relever les défis identifiés et à intégrer les suggestions des parties prenantes. «Ce programme représente une opportunité unique de transformer en profondeur notre système éducatif», conclut Otmane Gair. «Avec une mise en œuvre réfléchie et un engagement continu de tous les acteurs, nous pouvons véritablement assurer un avenir meilleur pour l'éducation des enfants de la nation».
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