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Maroc-Espagne : Entretien avec José Manuel Albares

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération, José Manuel Albares, a affirmé dans un entretien accordé au «Matin» que Son pays aspirait à renforcer davantage sa coopération avec le Maroc en se fixant comme objectif de «réaffirmer et relancer la feuille de route hispano-marocaine dans tous ses éléments». Le chef de la diplomatie espagnole, qui vient d’effectuer une visite de travail au Maroc, la première depuis le début de la nouvelle législature, a ajouté par ailleurs que «dans tous les domaines, il reste sans doute beaucoup à faire», mais que l’essentiel est d’avoir jeté les bases d’une approche fondée sur la clarté et la confiance réciproque. M. Albares n’a pas manqué de relever les ambitions du partenariat entre Rabat et Madrid tout en précisant que l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030 était «capable de transformer encore une fois notre relation».

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Le Matin : Le Maroc est votre première destination, dans un cadre bilatéral, depuis le début de votre nouveau mandat à la tête de la diplomatie espagnole. Un signal fort de la solidité des relations entre les deux pays. Quel est l’objectif de cette visite et quels sont les points à l’ordre du jour ?
José Manuel Albares : Je viens au Maroc dans le premier voyage bilatéral à l’étranger de ce nouveau mandat comme ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la coopération. Ce fait souligne l’importance que nous accordons à nos relations, et j’apprécie beaucoup l’invitation de mon collègue et ami, le ministre Nasser Bourita. L’esprit d’amitié et de coopération qui s’est installé entre nous pendant les deux dernières années est véritablement extraordinaire, sans précédent pendant des décennies. Notre objectif est de réaffirmer et relancer la feuille de route hispano-marocaine, dans tous ses éléments. Elle a été arrêtée au plus haut niveau, et elle contient tous les engagements des deux parties.



Nous avons une relation économique très dynamique et qui enregistre des résultats toujours plus encourageants. L’excellent travail conjoint dans le domaine de l’émigration est un partenariat modèle, avec une approche globale et gagnant-gagnant. Notre coopération dans le domaine de la sécurité et de la lutte contre le terrorisme est également extraordinaire. Nous voulons aussi prioriser la coopération culturelle et dans le domaine de l’éducation et de la formation : nous voulons nous comprendre toujours mieux, rapprocher davantage nos peuples frères. Nous allons continuer à travailler ensemble, et même avec plus d’ambition.


Premier client du Maroc et premier fournisseur, l’Espagne n’est que 5e sur la liste des Investisseurs dans le Royaume, comment expliquez-vous ce retard et quels sont à votre avis les moyens de le rattraper ?
Nos investissements au Maroc sont en train d’augmenter aussi. Il y a une forte présence au Maroc de sociétés espagnoles : plus de 500 filiales espagnoles sont établies au Maroc et presque 700 sociétés espagnoles ont une participation significative de capital dans des entreprises marocaines. Il y a des grandes entreprises, et beaucoup de PME, c’est déjà sans doute un tissu important. Dans la prochaine étape, nous voulons favoriser la présence au Maroc de plus de grands groupes espagnols, qui sont si actifs ailleurs, pour les insérer dans le formidable processus de réforme et de modernisation du Royaume. Nos compétences et notre expérience dans des secteurs comme l’eau et les transports, en particulier ferroviaire, l’agroalimentaire et l’énergie, parmi quelques exemples, est bien connu en Europe comme au Golfe, en Amérique... Maintenant, nous voulons contribuer aussi à tous les grands chantiers du Maroc.



Un autre élément à souligner est l’intérêt croissant des sociétés marocaines pour investir en Espagne. Cela va contribuer, comme la dynamique très positive des échanges commerciaux, qui sont d’ailleurs assez équilibrés entre exportations et importations, à renforcer une véritable communauté d’affaires hispano-marocaine. Les chaînes globales de valeur se raccourcissent, et je pense que nos deux pays sont exceptionnellement bien placés, y compris à cause de notre fort partenariat politique, pour en tirer profit. C’est un phénomène bénéfique pour nos deux sociétés, parce qu’il crée de l’emploi et de la richesse, et il protège nos économies des aléas de l’évolution de l’économie internationale.


Dix-huit mois après la conclusion de la Déclaration conjointe du 7 avril 2022, qu’est-ce qui a été réalisé et quelles sont les perspectives de coopération futures entre les deux pays ?
Le bilan est extrêmement positif, et nous vivons le moment le plus brillant de nos relations bilatérales depuis des décennies. Nous avons réuni des groupes de travail sectoriels dans tous les domaines de notre relation, si riche et si dense, pour structurer et assurer un suivi adéquat à tous les dossiers. Pendant les deux dernières années, nous avons avancé dans des domaines comme la normalisation du régime frontalier et douanier, le rétablissement aussi de la normalité et même l’augmentation dans le domaine des interconnexions et les fréquences des transports aériens et maritimes. Nous avons aussi adopté des feuilles de route ambitieuses dans des domaines comme l’éducation, la formation professionnelle, l’éducation supérieure, la recherche... Toujours dans l’objectif de faciliter et régulariser les échanges, de mieux en tirer profit, en bénéfice réciproque et dans une perspective gagnant-gagnant. Dans le domaine des migrations, par exemple, nous avons des projets pour augmenter encore la capacité de nos schémas de migration circulaire, et aussi pour faciliter la mobilité des étudiants, ce qui est une priorité. Dans tous les domaines, il reste sans doute beaucoup à faire. Mais l’important, c’est que nous avons jeté les bases d’une approche fondée sur la clarté et la confiance réciproque et l’établissement d’un véritable esprit de partenariat.


L’Espagne a été l’un des 4 pays dont l’aide a été acceptée par le Maroc lors du séisme d’Al Haouz. Comment ce message a-t-il été perçu par votre pays ?
Le séisme d'Al Haouz a produit une commotion profonde en Espagne, et notre société et nos institutions se sont mobilisées immédiatement pour offrir toute notre collaboration. En pleine coordination avec le gouvernement marocain, nous avons déployé les équipes de sauvetage de notre gouvernement et aussi de plusieurs autorités autonomiques et municipales. Je dois dire que le travail des autorités marocaines a facilité énormément la tâche de nos équipes, travaillant la main dans la main avec leurs homologues marocains. Je tiens à exprimer encore une fois toute notre solidarité envers les familles des victimes et pour les populations affectées. Nous rendons hommage à la résilience impressionnante dont a fait preuve le Maroc et nous sommes prêts à contribuer aussi à la reconstruction, déjà entamée, des zones touchées par le séisme.


Le Maroc s’est joint au duo ibérique (Espagne-Portugal) pour l’organisation de la Coupe du monde de football en 2030. Comment cette organisation conjointe pourra-t-elle élargir les horizons de la coopération maroco-espagnole ?
Voici un événement historique, capable de transformer encore une fois notre relation. Cette candidature conjointe avec nos amis portugais, véritablement intercontinentale, est la meilleure preuve que rien n’est impossible si l’Espagne et le Maroc travaillent ensemble. Notre coopération va se resserrer pour bien préparer et organiser cette rencontre véritablement globale que nous allons abriter ensemble.
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