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Mondial 2030 : un accélérateur de transformation pour l’ingénierie marocaine

À cinq ans de la Coupe du monde 2030, le Maroc se projette dans une transformation d’ampleur inédite. Plus qu’un rendez-vous sportif, ce Mondial est en train de redéfinir les priorités du pays en matière d’infrastructures, d’innovation et de gestion du territoire. Entre modernisation des transports, construction de stades intelligents et formation d’une nouvelle génération d’ingénieurs, le Maroc veut être à la hauteur de cet événement planétaire et – mieux encore – s’en servir comme tremplin pour faire un grand saut en avant.

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La Coupe du monde du football qu’organise notre pays avec l’Espagne et le Portugal en 2030 est, certes, un événement sportif d’envergure. Mais ses enjeux dépassent de loin cette seule dimension. Pour le Royaume c’est une aubaine pour procéder à une mise à niveau globale des équipements et des infrastructures. Et là, le chantier d’ingénierie prend toute son importance. C’est cette dimension qui échappe au commun des citoyens que l’école Mohammedia d’ingénieurs a voulu mettre en avant au cours de la journée qu’elle vient d’organiser à Rabat ce 25 février 2025. Une manifestation d’autant plus pertinente qu’elle a enregistré une large audience, réunissant étudiants, enseignants-chercheurs, ainsi que des représentants d’entreprises et d’établissements publics directement concernés par la transformation des infrastructures du pays. Parmi eux, l’Office national des chemins de fer (ONCF), chargé de la modernisation des infrastructures de transport ferroviaire, et la Sonarges, qui supervise la gestion des stades et des équipements sportifs du Royaume.

Le président de la Fédération Royale marocaine de football, Fouzi Lekjaa, devait initialement intervenir à cette occasion. Mais en raison d’un empêchement professionnel, il a été remplacé à la dernière minute par Mouad Hajji, coordinateur général de la FRMF et de sa Business Unit. Ce dernier a tenu justement à souligner l’importance cruciale de l’ingénierie dans la réussite de cet événement. «Il ne s’agit pas seulement d’accueillir des matchs de football, mais de repenser notre manière d’organiser, de construire et de gérer nos infrastructures. La Coupe du monde 2030 est un accélérateur de transformation : elle nous oblige à moderniser nos réseaux de transport, à concevoir des stades intelligents et à optimiser nos équipements urbains pour offrir une expérience inédite aux supporters et aux citoyens. Ce projet est une vitrine de notre savoir-faire en ingénierie et un levier pour l’avenir», a-t-il déclaré.

Des stades intelligents et durables

Parmi les grands chantiers qui accompagnent cette transformation, la rénovation des stades occupe une place centrale. Loin de se limiter à un simple lifting, le programme piloté par la Sonarges (Société nationale de réalisation et de gestion des équipements sportifs) vise à redessiner complètement ces infrastructures pour les adapter aux standards internationaux. Dix enceintes sont concernées, avec des travaux qui s’étalent sur deux phases, 2025 et 2030. Le Grand Stade de Tanger, qui accueillera une demi-finale du Mondial, verra sa capacité portée à 75.600 places, contre 65.000 actuellement. Même logique pour le Complexe sportif de Fès, qui passera de 35.000 à 55.700 places. La suppression des pistes d’athlétisme, l’extension des tribunes et l’ajout de skyboxes et d’espaces VIP doivent transformer ces enceintes en véritables arènes modernes, adaptées aux exigences du spectacle. «L’enjeu, ce n’est pas seulement d’agrandir, mais de rendre ces stades vivants, capables d’accueillir du public en dehors des matchs et de générer leur propre activité», explique pour sa part Imane Bensayeh, architecte impliquée dans le projet.
Mais la rénovation ne se limite pas à l’aspect architectural. La technologie et l’environnement sont au cœur des priorités. Des panneaux solaires, des systèmes de récupération des eaux de pluie et un arrosage intelligent par luminothérapie sont intégrés pour optimiser la gestion énergétique. «Nous avons conçu des infrastructures à faible empreinte carbone, qui optimisent la consommation énergétique et minimisent les déchets», poursuit Mme Bensayeh. Le Grand Stade Hassan II, à Casablanca, obtiendra même la certification LEED Gold, une première au Maroc et un label qui place le pays dans la dynamique des stades les plus avancés sur le plan écologique. L’expérience spectateur sera aussi repensée. Chaque stade sera doté de Wi-Fi public, de réseaux IPTV, d’un système de sonorisation haute définition et d’écrans LED géants pour enrichir l’immersion des supporters. Côté sécurité, un système de contrôle d’accès intelligent, basé sur un réseau de caméras de surveillance et un serveur d’enregistrement centralisé, garantira une gestion fluide des flux et une réactivité en cas d’incident. «Nous sommes en train de bâtir les infrastructures d’un Maroc du futur, où la modernisation dépasse le cadre du sport», conclut Mme Bensayeh.

Mobilité et infrastructures

L'ingénierie ferroviaire et la logistique des transports a également toute sa place dans ce vaste chantier de modernisation. L’ONCF, partenaire clé de l’événement, met en place un ambitieux plan d’extension et de modernisation du réseau ferroviaire qui vise à garantir une mobilité fluide et efficace entre les différentes villes hôtes. Selon Baderddine Bertoul, représentant de l’ONCF, «l’Office travaille sur le prolongement de la Ligne à grande vitesse (LGV) entre Kénitra et Marrakech, ce qui permettra de relier le nord au sud en un temps record. D’ici 2030, notre objectif est d’avoir un réseau entièrement optimisé, avec des gares modernisées et des connexions renforcées aux transports urbains. La fluidité des déplacements sera un facteur clé de la réussite du Mondial.»
En parallèle, des hubs de transport multimodaux sont prévus à Tanger, Casablanca et Marrakech, intégrant train, RER, tramway et bus électriques, dans une logique de durabilité et d’accessibilité. Dr Mahmoudi Hassan, directeur de l’EMI, voit en ces infrastructures une opportunité pour le développement des villes marocaines. «Ce n’est pas seulement un projet pour la Coupe du monde, mais une transformation durable du paysage urbain marocain. Nous repensons nos espaces en fonction des mobilités douces, de la connectivité numérique et des nouvelles exigences écologiques. C’est une vision à long terme qui doit inspirer tous nos futurs ingénieurs.»
Toujours dans la lignée des grandes transformations, Mohamed Rhachi, vice-président de l’Université Mohammed V et directeur par intérim de l’ENSIAS, insiste sur la nécessité d’une transition numérique réussie pour accompagner cet essor «Le Maroc numérique est un passage obligé pour réussir le cap 2030. L’optimisation des flux de spectateurs, la gestion des infrastructures en temps réel et la sécurisation des événements reposent sur des solutions intelligentes, intégrant l’intelligence artificielle et l’IoT (Internet of Things). Il faut développer des outils qui permettront d’anticiper les besoins et d’adapter en temps réel les services proposés aux supporters. Mais au-delà des infrastructures, la Coupe du monde 2030 représente également un catalyseur pour l’ingénierie marocaine. «Nous préparons une génération capable de relever les défis technologiques et environnementaux», affirme Dr Mahmoudi Hassan, directeur de l’EMI. Les écoles d’ingénieurs adaptent leurs formations, notamment en génie civil, IA et urbanisme durable. «Nous avons un terrain d’expérimentation unique pour innover et tester nos concepts à grande échelle», souligne pour sa part Jellalbi Issam, étudiant et président du club Génie Civil de l’EMI.
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