Depuis quelques jours, les réseaux sociaux marocains en effervescence. Les prix des denrées alimentaires qui se comportent de manière défiant toute logique sont au cœur des discussions les plus enflammées. Tout le monde y va de son commentaire et de ses analyses. Et il faut dire qu’il y a de quoi. À Marrakech, le prix de la sardine a chuté de manière vertigineuse. Du jamais vu pour ce poisson très prisé par les couches les plus modestes.
À l’origine de cette tempête virale, un nom revient avec insistance : Abdelilah El Ajout, surnommé Abdelilah Moul L7out (le poissonnier). Ce jeune commerçant de Marrakech a défié tout un secteur en cassant les prix du poisson, déclenchant la colère des revendeurs. Son initiative ? Proposer des sardines à 5 dirhams le kilo dans la ville ocre, alors que dans les cités côtières, ce même poisson se vend entre 20 et 30 dirhams. Un coup de maître qui a rapidement attiré des centaines d’acheteurs et, sur les réseaux sociaux, des milliers voire des millions de vues à travers le pays.
Pour beaucoup, il ne s’agit pas seulement d’un bon plan, ficelé à merveille sur le plan commercial et marketing, mais d’un pavé jeté dans la mare d’un marché contrôlé par les chenaqa, ces intermédiaires accusés de faire monter les enchères à l’abri de toute régulation afin de accroitre leur marge bénéficiaire. En tous cas, il est difficile de connaitre les véritables motivations de ce jeune marrakchi : cherche-t-il à faire le buzz ou s’agit-il d’un «Robin des bois» des temps moderne, celui qui veut défendre la veuve et l’orphelin quitte à s’attirer les foudres des riches. La toile reste divisée, toujours est-il que ses prix étaient intenables, selon beaucoup de commerçant bien au fait des mécanismes du marché. Du coup, ils l’accusent de vendre à perte, misant davantage sur la visibilité et les cadeaux reçus via TikTok que sur la rentabilité de son commerce.
En tout état de cause, en l’espace de 48 heures, le jeune marrakchi est passé d’un vendeur de sardines à un symbole de lutte contre la vie chère et les pratiques obscures de certains marchands de la filière. A-t-il raison d’agir ainsi ? surfe-t-il sur la vague de l’inflation et de la colère des classes pauvres ? jusqu’où ira-t-il ? la controverse faisait boule de neige jusqu’au mardi 25 février. Ce jour-là, son échoppe, nichée dans une ruelle animée du quartier Massira I à Marrakech, a été brusquement fermée par les autorités locales. Motif officiel : absence d’affichage des prix et conditions de stockage jugées non conformes. Il n’en fallait pas plus pour que les commentaires et les analyses les plus folles s’enclenchent. Pour beaucoup, cette fermeture ressemblait surtout à une riposte contre celui qui, en cassant les prix du poisson, avait secoué un marché verrouillé par les intermédiaires et qui a surtout mis en évidence l’incapacité du gouvernement à réglementer le marché.
À l’origine de cette tempête virale, un nom revient avec insistance : Abdelilah El Ajout, surnommé Abdelilah Moul L7out (le poissonnier). Ce jeune commerçant de Marrakech a défié tout un secteur en cassant les prix du poisson, déclenchant la colère des revendeurs. Son initiative ? Proposer des sardines à 5 dirhams le kilo dans la ville ocre, alors que dans les cités côtières, ce même poisson se vend entre 20 et 30 dirhams. Un coup de maître qui a rapidement attiré des centaines d’acheteurs et, sur les réseaux sociaux, des milliers voire des millions de vues à travers le pays.
Pour beaucoup, il ne s’agit pas seulement d’un bon plan, ficelé à merveille sur le plan commercial et marketing, mais d’un pavé jeté dans la mare d’un marché contrôlé par les chenaqa, ces intermédiaires accusés de faire monter les enchères à l’abri de toute régulation afin de accroitre leur marge bénéficiaire. En tous cas, il est difficile de connaitre les véritables motivations de ce jeune marrakchi : cherche-t-il à faire le buzz ou s’agit-il d’un «Robin des bois» des temps moderne, celui qui veut défendre la veuve et l’orphelin quitte à s’attirer les foudres des riches. La toile reste divisée, toujours est-il que ses prix étaient intenables, selon beaucoup de commerçant bien au fait des mécanismes du marché. Du coup, ils l’accusent de vendre à perte, misant davantage sur la visibilité et les cadeaux reçus via TikTok que sur la rentabilité de son commerce.
En tout état de cause, en l’espace de 48 heures, le jeune marrakchi est passé d’un vendeur de sardines à un symbole de lutte contre la vie chère et les pratiques obscures de certains marchands de la filière. A-t-il raison d’agir ainsi ? surfe-t-il sur la vague de l’inflation et de la colère des classes pauvres ? jusqu’où ira-t-il ? la controverse faisait boule de neige jusqu’au mardi 25 février. Ce jour-là, son échoppe, nichée dans une ruelle animée du quartier Massira I à Marrakech, a été brusquement fermée par les autorités locales. Motif officiel : absence d’affichage des prix et conditions de stockage jugées non conformes. Il n’en fallait pas plus pour que les commentaires et les analyses les plus folles s’enclenchent. Pour beaucoup, cette fermeture ressemblait surtout à une riposte contre celui qui, en cassant les prix du poisson, avait secoué un marché verrouillé par les intermédiaires et qui a surtout mis en évidence l’incapacité du gouvernement à réglementer le marché.
Face à la décision des autorités, Moul L7out ne s’est pas laissé démonter. «Je ne suis pas en guerre avec l’État, ils font leur travail», déclarait-il avec calme dans plusieurs vidéos largement partagées, assurant que tout son circuit d’approvisionnement était transparent, malgré quelques larmes qu’il a versées, tellement il était en proie à l’émotion. Il déclara alors qu’il achetait son poisson aux enchères officielles dans les ports marocains, muni de factures en règle. Malgré la fermeture de son commerce, il restait serein, convaincu que l’histoire ne s’arrêterait pas là. Et il avait raison. À peine 24 heures plus tard, mercredi 26 février, coup de théâtre : Abdelilah est reçu par le wali de Marrakech, Farid Chourak. Lors de cette rencontre, non seulement il obtient l’autorisation de rouvrir son échoppe, mais il se voit aussi accorder un accès au marché de gros, un privilège qui lui avait été refusé jusque-là.
Quand il revient à son étal, la scène est digne d’un retour de héros. Devant son commerce, une foule en agitation l’attend, des centaines de clients, certains venus de loin, impatients de retrouver ses prix imbattables, mais aussi de saluer son triomphe. Depuis plusieurs jours, il est devenu le visage d’une contestation citoyenne contre la vie chère, un symbole de résistance face aux chenaqa, ces intermédiaires accusés de faire flamber les prix du poisson aux dépends des classes modestes. Le message est clair : Abdelilah reprend son activité et il ne compte pas changer de cap. «Je vais continuer à vendre à des prix accessibles, avec une marge qui ne dépasse pas un dirham», promet-il.
Quand il revient à son étal, la scène est digne d’un retour de héros. Devant son commerce, une foule en agitation l’attend, des centaines de clients, certains venus de loin, impatients de retrouver ses prix imbattables, mais aussi de saluer son triomphe. Depuis plusieurs jours, il est devenu le visage d’une contestation citoyenne contre la vie chère, un symbole de résistance face aux chenaqa, ces intermédiaires accusés de faire flamber les prix du poisson aux dépends des classes modestes. Le message est clair : Abdelilah reprend son activité et il ne compte pas changer de cap. «Je vais continuer à vendre à des prix accessibles, avec une marge qui ne dépasse pas un dirham», promet-il.
Le jeune crée le débat
L’affaire Moul L7out n’est pas restée cantonnée dans les réseaux sociaux et dans les allées du marché populaire de la cité ocre. Elle a trouvé un écho bien plus institutionnel, jusque dans l’hémicycle du Parlement. La députée Nadia Taha, du groupe du progrès et du socialisme, a adressé une question écrite au ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime sur la régulation des prix du poisson et la nécessité d’une réforme du marché halieutique. Dans son interpellation, elle pointe du doigt les incohérences d’un secteur pourtant stratégique pour le Maroc. Avec un littoral long de plus de 3.500 km et une industrie halieutique florissante, le pays exporte une grande partie de ses ressources maritimes, mais peine à assurer un accès abordable aux Marocains. Une situation jugée absurde par de nombreux citoyens, et que Moul Lhout a su mettre en lumière avec beaucoup de maestria. La polémique a même forcé le gouvernement à réagir. Lors du point de presse hebdomadaire à l’issue du Conseil du gouvernement, jeudi 27 février 2025, Mustapha Baitas, porte-parole de l’Exécutif, a déclaré qu’il suivait de près l’initiative du poissonnier et que «l’État travaillait dans la même direction en mobilisant tous les moyens disponibles, notamment à travers la commission chargée du suivi des prix». Il a insisté sur le fait que ces commissions étaient actives tout au long de l’année et visaient à garantir un équilibre entre l’offre et la demande.
Par ailleurs, même le Conseil de la concurrence s’est saisi du dossier. Son président, Ahmed Rahhou, a annoncé à nos confrères du site d’information Al Omk que le Conseil avait ouvert une enquête sur les conditions de vente des sardines aux industriels, afin de vérifier si ces transactions respectaient les principes d’une concurrence loyale. Mais ce n’est pas tout. L’ancien chef du gouvernement, Saâdeddine El Othmani, a également pris position sur l’affaire en saluant le courage de Abdelilah El Ajout. Dans une publication sur sa page Facebook, il a affirmé que Moul L7out avait réalisé «ce que beaucoup d’autres n’ont pas pu accomplir», en mettant à nu les pratiques spéculatives sur le marché du poisson. Il a également appelé à des réformes structurelles pour lutter contre la flambée des prix et rendre les produits de première nécessité accessibles à tous.
Une pratique qui fait tache d’huile
Au-delà des réactions sur le plan institutionnel, le phénomène Moul L7out fait tache d’huile. Inspirés par son coup d’éclat, d’autres commerçants ont décidé de défier, eux aussi, les intermédiaires et la flambée des prix. À Fès, un vendeur a annoncé qu’il allait proposer les œufs à 1 dirham l’unité, tandis que «Serghini», un boucher, a décidé de casser les prix du poulet à 14 dirhams le kilo, bien en dessous des 20 à 25 dirhams habituels. Derrière ces baisses de prix, ces commerçants dénoncent un système de distribution opaque, où les intermédiaires contrôlent l’accès aux marchandises et fixent des tarifs bien au-delà de leur coût réel. Leur message alors ? Les prix peuvent être plus justes si on coupe court à la spéculation. Sur les réseaux sociaux, les appels se multiplient pour que d’autres commerçants suivent le mouvement. La résistance citoyenne au Chennaqa prend forme et s’organise. Personne ne sait comment les choses vont évoluer dans les prochains jours. Une chose est sûre : Moul Lhout a donné un coup de pied dans la fourmilière.