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Ordre des architectes : les raisons d'une mésentente avec le gouvernement

Alors que son mandat 2021-2024 s’achève, l’Ordre national des architectes se prépare à tenir son assemblée générale annuelle. Ce rendez-vous institutionnel crucial sera l’occasion de dresser le bilan et d’explorer les pistes à même de promouvoir la profession qui cherche à relever des défis réglementaires persistants.

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Les prochains jours s’annoncent décisifs pour l’avenir du corps des architectes marocains. En ce week-end, les architectes du Royaume se retrouveront en assemblée générale ordinaire pour un rendez-vous primordial. L’enjeu est de taille : clôturer un mandat riche en rebondissements tout en impulsant une nouvelle dynamique à la profession. Le tout dans un contexte marqué par des crispations avec les autorités de tutelle. «Cette assemblée marque la fin de notre mandat 2021-2024. C’est l’occasion de dresser un bilan», nous confie Chakib Benabdallah, président de l’Ordre national des architectes, sur un ton empreint de gravité. Mais si M. Benabdallah revendique des «réalisations positives au profit du corps des architectes», sa fierté n’en demeure pas moins mêlée d’une certaine amertume.



Car aux réalisations accomplies viennent se greffer d’inextricables difficultés avec le gouvernement. «Malheureusement, il y a aussi des points négatifs en relation avec les pouvoirs publics», déplore le président de l’Ordre, pointant du doigt à cet égard le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, ainsi que le Secrétariat général du gouvernement (SGG).

Architectes vs gouvernement : Divergences au sujet du code du devoir professionnel

«Le ministère de l’Habitat, qui est en principe notre département de tutelle, n’accompagne pas comme il faut les ambitions de notre Ordre. Il y a des textes de loi qu’on souhaitait voir adoptés, mais qui tardent à voir le jour. On comptait beaucoup sur le ministère pour nous aider dans ce sens, mais cela n’a pas été le cas. Je ne dis pas que rien n’a été fait, mais avec le Conseil actuel de l’Ordre, on voulait faire énormément de choses, mais on n’a pas eu le répondant qu’on voulait», regrette-t-il.

Le désaccord porte essentiellement sur un épineux dossier, celui de l’adoption du «code du devoir professionnel» des architectes. Un texte que l’Ordre a proposé il y a plus d’un an, mais qui peine à voir le jour face aux réserves du SGG et du ministère de tutelle. «Ils veulent que nous le fassions comme ils le voient eux, alors que c’est notre code déontologique !» s’insurge Chakib Benabdallah qui déplore «des retards et des blocages à ce niveau».

Autre pomme de discorde : la révision de la loi 16.89 régissant la profession qu’il trouve d’ailleurs désuète à bien des égards. Si l’Ordre milite pour des amendements, le SGG prône carrément une refonte complète du texte. Une option que rejette fermement le président qui, s’exprimant au nom des architectes, «craint qu’on nous sorte un texte inadapté». Par ailleurs, l’obligation du stage avant l’exercice effectif du métier ne fait pas consensus. «C’était une exigence dans les textes actuels, mais le ministère et le SGG refusent de la rendre applicable. Pourtant nous estimons que le stage est crucial dans une profession comme la nôtre», souligne le président.

Autant dire que les débats seront riches lors de cette assemblée générale annuelle. D’autant qu’il est question d’un scrutin pour un nouveau Conseil de l’Ordre. Bien que ce point ne soit pas inscrit à l’ordre du jour, un renouvellement des instances dirigeantes est à prévoir. L’Ordre a récemment lancé un appel à candidatures, ouvrant ainsi la voie à un nouveau mandat de cette instance.

>> Lire aussi : Séisme d’Al Haouz : les leçons d’un drame analysées par trois experts

Reconstruction d’Al Haouz : les doléances des architectes

Au-delà des divergences avec le gouvernement, les architectes reprochent également à l’Exécutif son approche face à la catastrophe naturelle d’Al Haouz. Lors de ce douloureux séisme, le corps avait «mobilisé plus de 450 de ses membres pour le recensement et la reconstruction», mais selon Chakib Benabdallah, «les actions sont parties dans tous les sens» côté ministériel, avec notamment «des autorisations livrées sur la base de plans types, sans respect du patrimoine rural». Une démarche à l’opposé des principes prônés par la profession, regrette-t-il.
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