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PAM : les dessous de la suspension de Salaheddine Aboulghali

Le Parti authenticité et modernité (PAM) traverse une crise interne majeure. Le bureau politique a décidé mardi de suspendre Salaheddine Aboulghali, membre de la direction tripartite du parti, suite à des plaintes le visant. Cette décision a provoqué une vive réaction de M. Aboulghali, qui dénonce un «comportement arbitraire et despotique». Retour sur le dessous d'une affaire qui met au jour une guerre larvée sur fond d'ambitions contradictoires.

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Le Parti authenticité et modernité, deuxième force politique du Maroc, est plongé dans une crise interne sans précédent. Le 10 septembre 2024, le bureau politique du parti a pris la décision de suspendre Salaheddine Aboulghali, membre de la direction tripartite, suite à des plaintes le visant. Cette décision a immédiatement déclenché une tempête au sein du parti, avec des accusations croisées et des révélations embarrassantes qui menacent de fragiliser la cohésion du PAM à un moment crucial de la vie politique marocaine.

La décision du bureau politique : entre règlement et controverse

Le communiqué officiel du PAM, publié à l'issue de la réunion du bureau politique, expose sobrement les raisons de cette suspension. Selon le document, le bureau politique s'est penché sur «un rapport organisationnel détaillé contenant des plaintes privées sans rapport avec les fonds publics, accusant M. Salaheddine Aboulghali, membre du bureau politique et de la direction collective du parti, de violations des statuts du parti et de porter atteinte à ses valeurs». Le communiqué précise que ces violations «contreviennent à la charte d'éthique approuvée par le parti».

Face à ces accusations, le bureau politique a décidé, à l'unanimité de ses membres, de «geler l'adhésion – d'Aboulghali – au bureau politique et à la direction collégiale du parti et de renvoyer le dossier à la commission d'éthique». Cette décision, présentée comme une mesure de précaution et de respect des procédures internes, a cependant été perçue par M. Aboulghali comme un coup de force orchestré contre lui.

Un membre du bureau politique ayant requis l’anonymat a fourni des précisions supplémentaires sur les raisons de cette décision. Selon cette source, le parti a reçu des plaintes à caractère pénal de la part de plusieurs personnes. «À ce jour, 4 plaintes ont été déposées, dont une déposée par un organe de presse», indique notre source. Face à cette situation, le parti «n'étant pas un tribunal, applique les règles internes prévues à cet effet». Le responsable insiste sous couvert de l’anonymat sur le fait que «ce n'est en rien une décision arbitraire, mais une décision du bureau politique votée à l'unanimité en la présence de Monsieur Aboulghali». «Le bureau politique n’a fait que respecter la réglementation du parti, suivant l’article 106 du règlement intérieur du parti et l’article 30 de la charte éthique qui avait bien spécifié que les cas de suspension prévues par ladite charte n'étaient pas limitatifs. De plus, c’est à la commission éthique de statuer», explique ce membre du bureau politique. Il souligne aussi l'importance de l'image du parti dans cette décision : «Les plaintes déposées, qui ont un caractère pénal, nuisent à l'image du parti et à sa crédibilité, nul au sein du PAM ne fait exception et tout le monde est soumis à la même procédure».

La défense d'Aboulghali : accusations de despotisme et de manipulation

La réaction de Salaheddine Aboulghali ne s'est pas fait attendre. Dans un long communiqué, il dénonce ce qu'il qualifie de «comportement arbitraire et despotique» de Fatima Zahra El Mansouri, coordinatrice nationale de la direction collégiale du secrétariat général du parti. M. Aboulghali affirme avoir été convoqué une heure avant la réunion du bureau politique et confronté à des accusations concernant un «différend commercial» avec un autre membre du parti. «J'ai été choqué et abasourdi par le comportement arbitraire et despotique de Mme Fatima Zahra El Mansouri», écrit-il, ajoutant que «cette dernière se comporte comme si le PAM était une propriété privée qu'elle gère selon ses caprices, loin des nobles valeurs auxquelles nous croyons». M. Aboulghali estime par ailleurs que le bureau politique n’a pas à intervenir dans des affaires commerciales privées. Il souligne que le conflit en question est «un problème personnel entre deux personnes» qui ont «la maturité et la capacité de résoudre le problème», faute de quoi, «c’est la justice qui doit trancher et non le parti».

Les dessous d'une crise : enjeux politiques et luttes de pouvoir

Au-delà des accusations mutuelles, cette crise révèle des tensions larvées au sein de la direction collégiale du PAM liées aux ambitions des uns et des autres. M. Aboulghali suggère que le véritable point de discorde remonte à la fin du cinquième congrès national du parti en février 2024. Il affirme avoir régulièrement appelé à la mise en œuvre des résolutions du congrès, notamment en ce qui concerne la révision organisationnelle et politique du parti.

M. Aboulghali affirme que plus récemment la préoccupation principale de Mme El Mansouri est devenue «les réunions annoncées et non annoncées, avec des noms spécifiques qu'elle a elle-même déterminés, pour se préparer au remaniement ministériel attendu». Il l'accuse de manque de transparence s’agissant des «contacts, des communications, des conversations et des critères de sélection et de la liste des noms» qu'elle entend présenter au Chef du gouvernement.

Cette crise intervient à un moment crucial pour le PAM et pour la scène politique marocaine dans son ensemble. Le parti, deuxième force politique du pays, joue un rôle important dans la coalition gouvernementale. Les tensions internes révélées par cette affaire pourraient avoir des répercussions sur la stabilité du gouvernement et sur la préparation des prochaines échéances électorales.
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