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Pénurie d'eau : les alertes de Nizar Baraka

Le ministre de l'Équipement et de l'eau, Nizar Baraka, a encore une fois sonné le tocsin s'agissant de la situation hydrique dans le Royaume. S’exprimant lors d’une conférence organisée par le Club des jeunes juristes à l’Université Internationale de Rabat, M. Baraka a affirmé que le Maroc subissait de plein fouet le contrecoup du changement climatique tout en rappelant les mesures entreprises pour relever les défis imposés par la raréfaction des ressources en eau. Pour le ministre istiqlalien, la stratégie du gouvernement consiste notamment à «passer d’une approche basée sur les ressources conventionnelles à une politique intégrée incluant les ressources non conventionnelles» et «privilégier la gestion de la demande en eau plutôt que l’augmentation de l’offre».

Lors de la conférence organisée ce 10 février par le Club des jeunes juristes à l’Université Internationale de Rabat, Nizar Baraka a alerté encore une fois sur la situation hydrique au Maroc.



En présence du président de l’université, de nombre d’enseignants, de chercheurs et d’étudiants, le ministre a mis en avant la raréfaction croissante des ressources en eau tout en détaillant les mesures mises en place pour contrer un déficit qui prend de l’ampleur au fil des années au point de peser sur les stratégies de développement.

Une crise amplifiée par le changement climatique

Dans un contexte de sécheresse persistante, accentuant la pression sur ses ressources en eau, Nizar Baraka a attiré l’attention sur un indice alarmant. Il a ainsi rappelé que la température moyenne avait enregistré une hausse de +1,8°C, dépassant la limite de 1,5°C fixée par l’Accord de Paris. Cette élévation des températures entraîne une augmentation significative du phénomène d’évaporation, atteignant jusqu'à 1,5 million de mètres cubes d’eau par jour.

Et pour ne rien arranger, le Maroc traverse sa septième année consécutive de sécheresse, contribuant à la baisse des nappes phréatiques et à la raréfaction des ressources en eau. Par voie de conséquence, la part individuelle en eau qui était estimée à 2.600 m³ par an dans les années 1960, devrait baisser à environ 540 m³ d’ici 2040, a alerté le ministre. Toutefois, en 2024, une légère amélioration a été constatée, avec un taux de remplissage des barrages passant de 23,3 à 27,7%, grâce aux précipitations enregistrées dans l’est du pays, a relevé M. Baraka avec un optimisme nuancé. Car il faut dire que la situation des grands barrages est plutôt inquiétante. Soulignant la chute drastique du taux de remplissage du barrage Al Massira, le deuxième plus grand barrage du Maroc, passé de 100% à seulement 1% en dix ans, le ministre a indiqué que le gouvernement devait prendre les devants. C’est ainsi qu’il a accéléré la construction de nouveaux barrages de toutes tailles afin de mieux gérer les ressources hydriques et de protéger les populations des risques de sécheresse et d’inondations.

Des infrastructures hydrauliques renforcées

Mais en attendant l’aboutissement de ces projets, le Maroc peut se targuer déjà d’une forte infrastructure hydraulique. À cet égard, M. Baraka a indiqué que le Maroc disposait de 154 grands barrages et 150 petits et moyens barrages, ainsi que 16 stations de dessalement de l’eau de mer, avec une capacité de production de 277 millions de mètres cubes, et 17 infrastructures de transfert d’eau entre bassins.

Dans le même ordre d’idées le responsable gouvernemental a mis en avant l’état d’avancement des projets de transfert des excédents d’eau entre bassins hydrauliques, notamment le transfert d’eau du bassin du Sebou vers le Bouregreg. «Des travaux sont également en cours pour relier les bassins du Loukkos, du Sebou, du Bouregreg et d'Oum Errabia, afin d’acheminer 1,2 milliard de mètres cubes d’eau par an vers le barrage Al Massira», a-t-il précisé.

Une feuille de route ambitieuse pour faire face au déficit hydrique

Ces projets, a rappelé le ministre Istiqlalien, s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie reposant sur trois axes principaux : il s’agit d’abord d’assurer l’approvisionnement en eau potable pour tous et garantir au moins 80% des besoins en eau d’irrigation. Il s’agit ensuite de gérer rationnellement les eaux souterraines afin de protéger les nappes phréatiques. Enfin, il est question de mettre en place une politique de communication transparente pour informer les citoyens sur l’état des ressources en eau. Dans le cadre de cette stratégie, quatre transformations majeures ont été engagées dans la politique de gestion de l’eau au Maroc, toujours selon M. Baraka. Ces transformations ont permis de :

• Passer d’une approche basée sur les ressources conventionnelles à une politique intégrée incluant les ressources non conventionnelles.

• Privilégier la gestion de la demande en eau plutôt que l’augmentation de l’offre.

• Adopter une gestion à long terme plutôt qu’une vision à court terme.

• Instaurer une solidarité inversée où les villes soutiennent les zones rurales, garantissant une justice territoriale.

Une approche durable et innovante

En matière d’innovation, Nizar Baraka a annoncé que les stations de dessalement feraient l’objet d’études approfondies pour optimiser leur efficacité. Dans cette optique, le Maroc envisage de généraliser l’installation de panneaux solaires flottants sur les barrages, à l’image de celui de Tanger Med, afin de produire de l’énergie propre et de réduire l’évaporation de l’eau. Pour conclure, le ministre a insisté sur l’importance d’adopter un changement de comportement vis-à-vis de l’eau, en encourageant la population à adopter les meilleures pratiques de conservation et à prendre conscience des défis liés au changement climatique.
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