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Moussem culturel d’Assilah : pleins feux sur le rapport entre gouvernance et intégration africaine

Depuis le 14 octobre, Assilah vit au rythme des débats de haute volée à l’occasion de son 45e Moussem culturel international. De la question des frontières africaines au rôle des élites arabes émigrées, en passant par la gouvernance, l’intelligence artificielle ou encore l’inclusion culturelle, l’événement explore les enjeux du présent pour mieux se projeter dans l’avenir.

Le coup d’envoi du Moussem d’Assilah a été donné, lundi 14 octobre 2024, avec un premier colloque consacré à l’épineuse question des frontières en Afrique. Abordant le thème «Les dilemmes déchirants des frontières en Afrique», les intervenants ont exploré les défis sécuritaires, économiques et sociaux qui pèsent sur les processus d’intégration régionale. Ce premier colloque – cinq grands colloques sont inscrits au programme – dont les travaux ont pris fin mardi, s’est terminé par un focus particulier sur la question de la gouvernance en Afrique.

Gouvernance et partenariats régionaux : les clés d’une intégration réussie

En effet, dans le cadre de ce premier colloque, un accent particulier a été mis sur la question de la «Gouvernance politique et partenariat régional : exigences et priorités», soulignant l’importance d’une bonne gouvernance et d’une coopération renforcée pour surmonter les obstacles liés aux frontières. C’est dans ce cadre que les intervenants ont passé au crible les défis multiples auxquels sont confrontés les États africains dans leur quête d’intégration et de développement. Boutaïna Bensalem, professeur universitaire en histoire moderne, droit public et sciences, a mis en lumière les pressions sécuritaires qui pèsent sur des organisations régionales comme la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest). «Ces blocs doivent se doter de mécanismes pour faire face aux défis qui se présentent au fil du temps, qu’il s’agisse du terrorisme, des crises climatiques, de la rareté des ressources ou encore des violences intra-étatiques», a-t-elle souligné. Pour Mme Bensalem, la clé réside dans le renforcement de la coopération entre États, à l’image d’un «jardinier qui prépare ses graines avec ingéniosité». «Seul un système basé sur l’État de droit peut permettre de se développer et de faire face à la violence», a-t-elle conclu.



De son côté, Lassina Diarra, enseignant chercheur, a insisté sur l’importance des valeurs dans le processus d’intégration africaine. «Au carrefour entre la fin d’un système et l’émergence du panafricanisme et des idéaux intégrationnistes, il faut questionner les valeurs de démocratie, de droit et de justice qui ont servi à combattre le communisme», a-t-il argumenté. Selon lui, l’Afrique a besoin d’un leadership incarné par des États visionnaires et stables, capables d’entraîner le continent vers le développement en s’appuyant sur des ressources endogènes.

Les élites arabes en immigration : entre intégration et défis

Le deuxième colloque, qui débutera ce jeudi 17 octobre, promet d’apporter un éclairage nouveau sur le rôle et les défis des élites arabes en immigration. Présidé par Ahmed Zniber, professeur de l’enseignement supérieur au Centre régional des métiers de l’éducation et de la formation de Rabat, ce rendez-vous prévoit de se pencher sur les différentes facettes de la présence arabe dans les pays d’accueil, notamment en Europe occidentale, en Amérique du Nord et du Sud. Au menu des discussions, des questions cruciales comme l’intégration des communautés arabes au fil des générations, leur contribution à la construction d’une image positive de l’Homme arabe, mais aussi les répercussions de leur présence sur des phénomènes tels que l’islamophobie ou la lutte contre le terrorisme. Les participants s’interrogeront également sur la capacité des communautés arabes à défendre efficacement les causes arabes grâce à leur participation active à la vie publique des sociétés occidentales. Enfin, le colloque se penchera sur l’avenir de la présence arabe dans les pays d’accueil, tiraillée entre les politiques de régulation des États et les dynamiques de la mondialisation. Les intervenants exploreront les liens entre les premières vagues d’immigration, qui ont facilité l’intégration de communautés entières, et les flux plus récents provoqués par les crises politiques et sécuritaires dans certains pays arabes.

Le Moussem d’Assilah, catalyseur de réflexions et d’initiatives

Au fil des jours, le Moussem culturel international d’Assilah lancée en 1978 s’affirme comme un espace privilégié de dialogue et de réflexion sur les grands enjeux du continent africain et du monde arabe. En abordant des questions aussi complexes que les frontières ou l’immigration, il offre une tribune unique aux experts et aux décideurs pour confronter leurs idées et imaginer des solutions novatrices.

Parmi les temps forts à venir, deux colloques organisés en partenariat avec le Policy Center for the New South promettent des échanges de haut vol. Le premier sera consacré à l’intelligence artificielle et aux modalités de gouvernance à adopter en Afrique à l’ère du numérique, tandis que le second explorera les enjeux de l’inclusion culturelle et de la réduction des inégalités dans le domaine de l’emploi. Des thématiques cruciales pour façonner l’Afrique de demain.
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